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L’accompagnement des entreprises par MyPlanet : l’exemple de Faguo

faguo

Coeur de Voh, Nouvelle-Calédonie, France (20°56' S – 164°39' E) © Yann Arthus-Bertrand

« Nous sommes une marque de mode qui veut faire notre métier de la meilleure manière possible, c’est pourquoi nous avons besoin d’expertises et de référentiels sur l’impact environnemental », déclare Romain Teissedre, responsable Communication et RSE de Faguo. Dès sa création en 2009, la marque française Faguo s’est engagée dans une démarché éco-responsable. L’ambition de cette entreprise à mission est de produire et de vendre des vêtements pour homme respectueux de l’environnement. En 2015, afin de mieux mesurer et de réduire son impact, la marque s’est rapprochée de la Fondation GoodPlanet afin de réaliser son bilan carbone. Romain Teissedre : « nous sommes venus voir la Fondation GoodPlanet pour bénéficier de son expertise sur le bilan carbone ».

« Faguo communique auprès de ses clients sur son bilan carbone. Aujourd’hui quand vous achetez une paire de baskets chez eux vous savez directement l’impact carbone », explique Julie Mathews, responsable de l’accompagnement des entreprises au sein de MyPlanet filiale de la Fondation GoodPlanet spécialisée dans le conseil aux entreprises et aux collectivités.

Le bilan carbone consiste à mesurer les émissions de gaz à effet de serre d’une activité afin d’ensuite trouver des pistes et des leviers de réduction.  « Nous apprécions leur compréhension du sujet et des enjeux de notre industrie pour nous proposer des recommandations personnalisées en fin de Bilan Carbone », explique Nicolas Rohr, co-fondateur de l’entreprise. Faguo a réalisé deux bilans carbones avec la Fondation GoodPlanet, le premier en 2015 et le second en 2020. Les 4 années qui suivent le bilan carbone servent à « mettre en place des actions pour réduire l’empreinte carbone », affirme Romain Teissedre. Il ajoute que les bilans carbones contribuent d’abord à définir des critères et des outils de mesure de la progression sous forme d’indicateurs, comme le nombre de tonnes de CO2 émises par million d’euros de chiffre d’affaires, par un salarié ou par une boutique de la marque.

« Depuis quelques mois, je travaille avec eux pour établir une trajectoire bas carbone à moyen et long terme. Jusqu’à présent la démarche était de réduire à partir du bilan carbone, désormais, c’est de s’inscrire comme PME en pleine croissance dans une stratégie et trajectoire bas carbone. Ce qui est loin d’être évident », précise Julie Mathews, de MyPlanet. « Il y a toujours un dilemme impact VS croissance », confirme Romain Teissedre, « c’est pourquoi on essaye de construire une trajectoire qui prend en compte la croissance de l’entreprise. Pour nous, il faut surtout que la fair-fashion prenne la place de la fast-fashion. »

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« Pour réduire drastiquement l’empreinte carbone d’une entreprise, il faut mettre en place des dizaines d’actions qui permettent de réduire son bilan carbone de 1 % par ci, de 1 % par là et, au final, parvenir à le réduire de 50 % à l’horizon 2035/2040 », affirme le responsable RSE de Faguo. Avec la Fondation GoodPlanet, ils ont développé un outil spécifique pour « rendre simple une chose complexe. On a ainsi créé un calculateur qui met en relation nos leviers d’actions et l’impact carbone évité en fonction d’hypothèses et dans le temps. »

Julie Mathew détaille l’approche, dite SBTI pour Science Based Target Initiative (initiative pour des objectifs basés sur la science). Cette démarche est « plutôt portée par les grandes entreprises du CAC40 », raconte la spécialiste de MyPlanet. « Avec cette méthodologie, une grande entreprise doit réduire ses émissions de CO2, mais une PME qui l’adopte peut choisir de diminuer ses émissions en intensité. Ainsi, ils peuvent poursuivre leur croissance tout en veillant à ce que, chaque année, leur empreinte carbone par million d’euros de chiffre d’affaires soit de plus en plus basse. ». Cette approche combinée à l’outil de suivi a permis d’identifier une trentaine d’actions à mettre en place afin de suivre le cap de la trajectoire bas carbone pour l’horizon 2035. Parmi les ambitions : relocaliser une partie de la production en France, intégrer plus de matériaux recyclés ou encore de permettre aux vêtements de durer, ce qui est en effet un des objectifs de Faguo.

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C’est que le secteur du textile et de la mode est de plus en plus pointé du doigt comme étant une des industries les plus polluantes. En plus, elle pousse sans cesser à la consommation et au renouvèlement au travers de la mode, qui est une forme d’obsolescence programmée. Il se vend en France près de 2,5 milliards de pièces par an. Faguo, qui commercialise des produits qu’elle fait fabriquer notamment en Asie, n’en vend que 500 000, soit une goutte d’eau. Elle ne propose que 2 collections par an pour éviter d’inciter au renouvèlement. La marque dit d’ailleurs que 40 % de ses ventes concernent des basiques, ce qui dans le jargon veut dire des produits utiles qui ne se démodent pas comme des sous-vêtements, chaussettes ou t-shirt blanc. Le sujet de l’évolution, voire de la réinvention d’un business-model se révèle délicat. La marque s’y efforce par le biais de la réparation, de la reprise et de la vente de seconde main en boutique. La vente d’occasion représente 1 % du chiffre d’affaires de Faguo, mais s’avère rentable à 100 %. Une possible piste pour l’avenir, mais à condition de disposer du vivier de ressources nécessaires, c’est-à-dire que les clients prennent l’habitude de revendre en magasin des produits de la marque. « On ne va pas s’en cacher : la modification du business model est un des meilleurs leviers pour faire transitionner une entreprise. Augmenter le chiffre d’affaires des ventes de seconde main permettraient de poursuivre la croissance du chiffre d’affaires tout en réduisant drastiquement les émissions », conclut Julie Mathews.

Luna Camilleri et Julien Leprovost

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