Selon une étude publiée début août 2023 dans la revue médicale The Lancet, la résistance aux antibiotiques due à la pollution de l’air par les particules fines PM2.5 a entrainé 500 000 décès prématurés dans le monde en 2018.
Un lien direct entre pollution de l’air et résistance aux antibiotiques
Les auteurs de l’étude écrivent : « notre analyse présente des preuves solides que l’augmentation du niveau de la pollution de l’air est associée à un risque accru de résistance aux antibiotiques ». Leurs recherches concluent qu’une hausse de 10 % des niveaux de pollution aux particules fines accroît de de 1,1 % de la résistance aux antibiotiques. Selon eux, leur analyse titrée Association between particulate matter (PM)2·5 air pollution and clinical antibiotic resistance: a global analysis (Une analyse mondiale de l’association entre la pollution de l’air aux particules fines PM2.5 et la résistance aux antibiotiques) est « la première à monter la manière dont la pollution de l’air affecte la résistance aux antibiotiques ».
Le quotidien britannique The Guardian cite l’auteur principal de l’étude, le professeur Hong Chen de l’université de Zhejian en Chine : « la pollution de l’air et la résistance aux antibiotiques sont, figurent, chacune à sa manière, parmi les plus grands risques sanitaires mondiaux. Jusqu’à présent, nous de disposions pas d’une image très claire des possibles liens entre les deux. Nos travaux suggèrent de nouveaux bénéfices à l’amélioration de la qualité de l’air. Cela atténuera non seulement les effets néfastes de la pollution sur la santé, mais cela pourrait aussi jouer un rôle crucial dans la lutte contre l’augmentation de la résistance aux antibiotiques. » Ainsi, atteindre les seuils d’exposition aux PM2.5 recommandés par l’OMS en 2050 permettrait de réduire d’un quart (23,4 %) le nombre de décès prématurés attribuables à la résistance aux antibiotiques.
Surutilisation de médicaments et dissémination de bactéries résistantes
La résistance aux antibiotiques trouve son origine dans l’utilisation massive de médicaments pour le traitement des infections bactériennes chez l’être humain et chez les animaux d’élevage. Les antibiotiques sont d’ailleurs parfois employés dans ces derniers à titre préventif. Santé Publique France résume la problématique : « la résistance aux antibiotiques rend inefficace un ou plusieurs antibiotique(s) contre une infection bactérienne. Ce phénomène peut conduire à la difficulté, voir l’impossibilité de traiter certaines infections. » Il y a donc des répercussions sanitaires importantes puisqu’au niveau mondial, les spécialistes lui attribuent la mort prématurée de 1,27 millions de personnes en 2019. La surutilisation des antibiotiques conduit à rendre les bactéries plus résistantes aux dits traitements antibiotiques, ce qui est favorisé par le fait qu’on en retrouve des traces partout dans l’environnement, notamment dans l’eau, l’alimentation et l’air.
Les chercheurs derrière l’étude publiée dans The Lancet expliquent que la pollution aux particules fines contribue à la diffusion dans l’air de bactéries et de gènes résistants aux antibiotiques, qui seraient ensuite inhalés par les êtres humains ou les animaux. Une hypothèse est que les bactéries pourraient se fixer sur les particules PM2.5 dont le diamètre est de 2.5 microns. Celles-ci sont issues de la combustion du diesel, de l’essence ou du bois. L’exposition à la pollution aux particules fines est responsable de plus de 4 millions de morts par an dans le monde. L’OMS préconise de diminuer la concentration des PM2.5 à 5 μg/m3 en moyenne annuelle d’ici 2050.
Où en est la France sur la résistance aux antibiotiques et l’exposition aux PM2.5 ?
Depuis une dizaine d’années, l’utilisation des antibiotiques pour traiter les infectons bactériennes chez l’être humain diminue en France, notamment dans le souci de réduire les risques liés à la biorésistance. Cette dernière serait responsable de plus de 5500 décès dans le pays, selon des données établies pour l’année 2015.
En ce qui concerne la pollution de l’air, le pays peut aussi mieux faire. En France, en 2021, la concentration en PM2.5 en milieu urbain était de 9,6 μg/m3, mais cette moyenne ne reflète pas les disparités entre les communes ni la variation de la concentration selon le moment de l’année ou la météo. Le seuil réglementaire français annuelle est de 25 μg/m3.
Julien Leprovost
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Pour aller plus loin
La page de Santé Publique France consacrée à la résistance aux antibiotiques
L’article de The Lancet Association between particulate matter (PM)2·5 air pollution and clinical antibiotic resistance: a global analysis
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Francis
Les antibiotiques activateurs de croissance et préventifs sont interdits en France depuis 2006.