Kelowna (Canada) (AFP) – La météo des dernières heures a apporté lundi de l’espoir aux pompiers de l’Ouest canadien qui luttent contre les incendies extrêmes qui menacent plusieurs villes et ont forcé des milliers d’habitants à évacuer.
« C’est une période effrayante et bouleversante », a reconnu le Premier ministre Justin Trudeau parlant de « scènes d’horreur ».
« D’un océan à l’autre, les Canadiens regardent horrifiés les scènes de dévastation apocalyptique et d’incendies qui se déroulent », a-t-il ajouté quelques heures avant une réunion de crise consacrée à la question des feux.
Tous les regards sont tournés vers la province la plus à l’ouest, la Colombie-Britannique, en état d’urgence et qui concentre plus de 380 incendies de forêt, dont 14 mégafeux et 157 non maîtrisés, selon les autorités locales.
Mais le chef des pompiers de West Kelowna, Jason Brolund, s’est dit lundi « optimiste » par rapport aux avancées faites par son équipe et les prévisions météo des prochains jours.
« Nous avons connu une bonne journée hier et une belle soirée », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, ajoutant que « aucune infrastructure n’a brûlé dans les 24 dernières heures ».
Les températures sont en effet plus fraîches lundi et de la pluie est prévue à partir de mardi.
Toutefois, « les feux de la région demeurent non maîtrisés » et « la fumée sera persistante », ont prévenu les autorités locales.
« Les derniers jours ont été les plus difficiles de toute l’histoire de la Colombie-Britannique en termes de lutte contre les incendies », a pour sa part déclaré le ministre des Forêts de la province, Bruce Ralston, ajoutant que la saison des feux était « encore loin d’être finie ».
« Panique »
« On ne veut pas aller dehors car il y a trop de fumée. C’est du brouillard, cela sent le barbecue, on dirait une tempête de sable », a relaté à l’AFP Thaïs Poujade, une lycéenne de 15 ans originaire de Lyon, en échange scolaire à Kelowna.
Cette ville de 150.000 habitants, située à 400 kilomètres de Vancouver, où des milliers de personnes ont dû évacuer, est noyée depuis plusieurs jours dans une fumée épaisse, odorante et visible à plus d’une centaine de kilomètres de la ville.
« C’est déchirant de voir la ville brûler. Ils font de leur mieux pour l’arrêter, mais ce n’est pas suffisant. La plupart de mes amis ont déjà évacué » raconte Bogi Bagosi, lycéenne de 16 ans.
Environ 27.000 personnes dans la province ont dû évacuer tandis que 35.000 autres sont en état d’alerte, et pourraient devoir fuir à tout moment.
Dans le Grand Nord du Canada, les équipes de lutte contre les incendies sont elles aussi toujours à pied d’oeuvre pour contenir un incendie massif qui menace la capitale des Territoires du Nord-Ouest.
Les deux tiers de la population du territoire restent déplacés, notamment les habitants de Yellowknife, désormais une ville fantôme, à l’exception du personnel d’urgence resté sur place.
« Il est très peu probable que le feu atteigne Yellowknife au cours des trois prochains jours, car le feu a été stoppé sur l’un des fronts grâce à un soutien aérien et à la pluie », a déclaré lundi Mike Westwick, responsable local des incendies de forêt.
14 millions d’hectares brûlés
Le Canada est confronté ces dernières années à des événements météorologiques extrêmes dont l’intensité et la fréquence sont accrues par le dérèglement climatique.
Le pays connaît ainsi cette année une saison des feux de forêt qui bat tous les records: 14 millions d’hectares – environ la superficie de la Grèce – ont brûlé, soit le double du dernier record datant de 1989.
La saison a commencé en Alberta qui a, dès le mois de mai, dû déclencher l’état d’urgence en raison d’une situation sans précédent. La Nouvelle-Écosse et le Québec ont à leur tour été pris dans des mégafeux avant que ce soit au tour de l’ouest et du nord du pays de s’embraser.
C’est principalement la forêt boréale qui part en fumée, loin des zones habitées. Mais avec de lourdes conséquences pour l’environnement.
© AFP
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