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Les forêts tropicales menacées par des températures incompatibles avec la photosynthèse

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Une nouvelle étude suggère que la nécrose des feuilles pourrait devenir un nouveau facteur du "point de bascule" que constitue la transformation des forêts tropicales en paysages de savane, à cause du changement climatique et de la déforestation © AFP Raul ARBOLEDA

Paris (AFP) – Les forêts tropicales ne sont pas menacées seulement par la déforestation ou la sécheresse: le réchauffement climatique risque aussi de leur faire subir des températures trop élevées pour permettre la photosynthèse, selon une étude publiée jeudi.

A ce jour, seul un pourcentage infime (0,01%) des feuilles de la canopée supérieure a déjà franchi le seuil de 47°C bloquant ce mécanisme qui transforme la lumière du soleil et le CO2 en énergie vitale pour les plantes, affirme l’étude publiée dans Nature.

Mais ce pourcentage pourrait rapidement augmenter car les feuilles se réchauffent plus vite que l’air.

« Si l’on réchauffe l’air de deux à trois degrés, la température de la surface de ces feuilles augmente de huit », a expliqué lors d’un point presse Christopher Doughty, de l’Université de l’Arizona du Nord.

Avec une hausse de la température moyenne de 4°C par rapport au climat actuel –soit la trajectoire généralement qualifiée de scénario du pire–, « nous prévoyons une nécrose totale de ces feuilles », a-t-il déclaré.

Cette nécrose pourrait devenir un facteur supplémentaire de la transformation annoncée d’une partie des forêts tropicales en paysage de savane, sous l’effet du changement climatique et de la déforestation.

Si les températures de l’air augmentaient en continu de 0,03 °C par an, cette mortalité massive des feuilles pourrait survenir dans un peu plus d’un siècle, selon les chercheurs. Ceux-ci se sont basés sur des données satellitaires de la NASA mesurant les températures du couvert végétal couplées à des observations au sol, notamment grâce à des capteurs attachés aux feuilles.

 45% des forêts

Il reste toutefois des incertitudes sur l’effet de cette surchauffe des feuilles les plus élevées sur l’ensemble de la forêt, avertissent-ils.

« Croyez-le ou non, nous ne savons pas grand-chose sur les causes de la mort des arbres », a déclaré le co-auteur Gregory Goldsmith, de l’Université Chapman (Californie).

Nul besoin d’être un scientifique pour savoir qu’un arbre meurt s’il perd ses racines, a-t-il relevé. Mais les effets de la température ou de l’hygrométrie sur sa santé sont moins évidents et une nécrose des feuilles ne se traduit pas nécessairement pas la mort de l’arbre tout entier.

Des signes inquiétants sont toutefois déjà présents. En Amazonie, plus chaude que d’autres forêts, le taux de mortalité des arbres a augmenté dans les dernières décennies. Et la fragmentation accrue des forêts, due à la déforestation, les rendent encore plus chaudes.

Or les écosystèmes tropicaux abritent 45 % des forêts du globe, qui jouent un rôle prépondérant dans l’absorption des émissions de carbone de l’humanité et abritent au moins la moitié de la biodiversité végétale mondiale, avec sans doute plus de 40.000 espèces d’arbres.

La découverte d’une petite proportion de canopée en surchauffe est « un signe avant-coureur » qui doit pousser à agir, a insisté le co-auteur, Joshua Fisher, de l’Université Chapman.

© AFP

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