Au moins 23 millions de personnes dans le monde vivent dans une zone contaminée par la pollution provoquée par l’extraction minière de métaux. Des scientifiques britanniques ont cartographié l’emplacement de 182 344 mines de métaux, 22 609 en activité et 159 735 abandonnées. Ils ont ensuite calculé la pollution qu’elles ont laissée. Selon leurs travaux Impacts of metal mining on river systems: a global assessment (Une évaluation globale des impacts des mines de métaux sur les cours d’eau) publiés dans la revue Science, 164 000 km² de plaines inondables et 479 200 km de cours d’eau sont touchés par la pollution minière. Ils écrivent : « le nombre de personnes, qui vivent sur des plaines d’inondation affectées par des concentrations potentiellement dangereuses de rejets toxiques issus d’activités minières passées ou présentes, est estimé à 23 millions. »
Pratiquée depuis plus de 7000 ans, l’extraction minière de métaux est une des activités les plus polluantes qui soit. En plus de détruire les paysages et les écosystèmes, elle requiert de nombreux produits chimiques toxiques. La dépollution des sites miniers s’avère non seulement très difficile mais aussi très onéreuse. Elle n’est pas non plus systématique puisque elle dépend de la législation des pays. L’extraction minière laisse donc dans son sillage des sols, des eaux et des sédiments contaminés soit par les métaux soit par les produits chimiques employées pour les extraire.
La BBC replace cette étude dans le contexte actuel de huasse de la demande pour les métaux, comme le cuivre et le lithium, afin d’assurer la transition vers une économie décarbonée fondée sur l’électrification et les technologies du numérique. Le professeur Mark Macklin de l’université de Lincoln, qui a conduit l’étude, déclare : « pour moi, ce qui est inquiétant est l’héritage laissé par l’activité minière. La pollution des mines abandonnées concerne encore des millions de personnes ». Il explique : « nous avons recensé les surfaces probablement affectées par la pollution des mines. Les personnes qui vivent dessus sont sur des sols qu’on peut considérer comme contaminés. Savoir si ces personnes seront touchées ou non par ces pollutions est difficile à dire à partir de notre recherche. Cependant, ces personnes peuvent être exposées à la contamination de différentes manières. Il y a beaucoup d’agriculture et d’irrigation dans ces régions. » Or, la pollution par les métaux peut passer à travers toute la chaine alimentaire, en circulant des sols aux plantes puis aux animaux d’élevage et aux humains qui les mangent. Les scientifiques alertent aussi sur les risques accrus d’inondations à cause du réchauffement climatique, ce qui pourrait accroitre le risque pour les populations déjà exposées aux polluants issus des mines de métaux ou favoriser leur dissémination.
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