L’Etat envisage de renforcer encore les coupures d’eau à Mayotte, a indiqué mercredi le préfet Thierry Suquet, qui anticipe « encore six à huit semaines » difficiles durant lesquelles « tout le monde » devra « faire des efforts ».
Les autorités ont fait le point sur la grave crise qui frappe le petit archipel français de l’océan Indien lors d’un « comité de suivi de la ressource en eau » présidé par le ministre délégué chargé des Outre-mer, Philippe Vigier, en déplacement sur le territoire mahorais mercredi et jeudi.
Le département le plus pauvre de France est soumis à sa plus importante sécheresse depuis 1997, alors que son approvisionnement dépend largement des eaux pluviales.
Les déficits pluviométriques y sont aggravés par un manque d’infrastructures et d’investissements dans un territoire qui, sous pression de l’immigration clandestine venue notamment des Comores voisines, connaît une croissance démographique de 4% par an.
Pour y faire face, l’État a intensifié les coupures d’eau ces derniers mois. Depuis le 4 septembre, la population mahoraise (310.000 habitants au 1er janvier 2023, selon l’Insee) est privée d’eau deux jours sur trois.
« Avec les tours d’eau actuels, on n’aura plus d’eau dans les retenues collinaires (ouvrages de stockage, NDLR) fin octobre », a prévenu le préfet mercredi lors de la réunion du comité de suivi.
Des travaux d’urgence ont été engagés (forages, recherche de fuites, interconnexion des réseaux…), sans espoir de répondre aux difficultés à très court terme.
Selon le préfet, « la question va se poser dans les jours à venir de l’évolution des tours d’eau, sinon on va se retrouver à la fin du mois d’octobre avec entre 15.000 et 20.000 mètres cubes » disponibles par jour, alors que les besoins quotidiens sont estimés à 43.000 m3, « et il n’y aura quasiment plus d’eau dans le sud à cette période si on ne fait rien ».
« On a encore six à huit semaines durant lesquelles on va demander à tout le monde de faire des efforts », avant le retour de la saison des pluies, a ajouté Thierry Suquet.
Le ministre délégué aux Outre-mer a été interpellé par le député LR de Mayotte Mansour Kamardine, qui lui a demandé si la distribution de bouteilles d’eau gratuites, à ce jour limitée à 50.000 personnes parmi les plus vulnérables, allait être étendue, notamment aux scolaires.
« Si on peut augmenter le nombre de personnes concernées, nous le ferons », a répondu Philippe Vigier, alors que les packs de six bouteilles d’eau sont vendus entre 6 et 10 euros à Mayotte, contre 1,20 euro sur certains produits en métropole.
Le ministre délégué s’est aussi rendu au Centre hospitalier de Mayotte (CHM), soumis à de grandes difficultés en raison du manque d’effectif chronique, des violences et de la crise de l’eau.
« J’ai senti une immense détresse chez les soignants », a confié à la presse Philippe Vigier.
Dans la matinée, quelque 400 personnes, selon une journaliste de l’AFP, avaient manifesté dans le centre de Mamoudzou pour faire entendre leur indignation face à la crise de l’eau.
© AFP
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