Recyclage biologique du plastique: après les bouteilles, le textile polyester

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Le logo de la start-up Carbios, qui a mis au point un procédé de recyclage exclusif pour le plastique PET, à base d'enzyme, photographié à Clermont-Ferrand le 29 septembre 2021 © AFP/Archives Thierry ZOCCOLAN

Clermont-Ferrand (AFP) – Après les bouteilles, la seule entreprise au monde de recyclage biologique du plastique PET, a dévoilé lundi 1er octobre une machine de préparation des fibres polyester en vue de développer le recyclage industriel des déchets textile.

« Il y a un marché en train de se créer pour développer enfin le recyclage industriel des déchets textile », a déclaré à l’AFP le directeur-général de cette société, Carbios, Emmanuel Ladent. « On ne peut plus laisser s’accumuler les décharges à ciel ouvert où s’entassent des vêtements usagés venus des pays industrialisés, comme le désert d’Atacama en Amérique du Sud », a-t-il ajouté lors de la présentation à Clermont-Ferrand.

« On rentre des tee-shirts, des vestes de ski ou autres vêtements de sport usés, la machine déchiquette, retire boutons ou fermetures [à glissière] des déchets textile et produit des morceaux de 1 à 2 centimètres carré, prêts à être recyclés avec notre procédé enzymatique pour refabriquer de nouvelles fibres textile », a expliqué le dirigeant de cette société française.

La start-up a investi environ un million d’euros pour concevoir, développer et breveter cette machine unique de démonstration, qui va servir à valider le processus de recyclage de textile, « avant de passer à l’échelle industrielle début 2025, probablement dans l’est de la France », selon M. Ladent.

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Le démonstrateur est capable de traiter 300 kg de vêtements à l’heure.

Lundi, le ministre français de l’Industrie Roland Lescure a donné son coup d’envoi sur le site d’une ancienne usine Michelin à Clermont-Ferrand, dans l’enceinte d’un nouveau « Centre des matériaux durables ».

Carbios va recycler « le textile dont on sait aujourd’hui qu’il est insuffisamment recyclé. On a la +fast fashion+,  +l’ultra fast fashion+ qui de mon point de vue est bien trop +fast+ et pas assez +fashion+, donc il faut qu’on aille vers du textile fabriqué en France, recyclé en France », a déclaré le ministre.

« Le textile polyester représente deux tiers de la production de plastique PET dans le monde », a rappelé M. Ladent pour montrer l’immense débouché potentiel de l’innovation.

Carbios a reçu le soutien de marques de « sportwear » comme Salomon, On Running ou Puma, désireuses de créer une boucle circulaire pour pouvoir réutiliser des fibres recyclées.

D’ici 2030, l’Union européenne entend fixer « une teneur minimum de fibres recyclées dans la composition des textiles », selon le site de la Commission.

Dans un premier temps, le groupe thaïlandais Indorama, leader mondial du PET, dont le site industriel européen est situé à Longlaville en Meurthe-et-Moselle, a investi 110 millions d’euros pour développer à l’échelle industrielle le procédé de Carbios en recyclant des bouteilles ou des flacons cosmétiques.

Alors que l’Europe ne sait recycler que 1% de ses textiles, d’autres industriels travaillent en France dans ce domaine, notamment la plateforme Cetia à Hendaye (sud-ouest), soutenue notamment par la marque Decathlon, qui développe aussi des solutions pionnières en matière de préparation au recyclage, notamment pour les chaussures.

La technologie de recyclage enzymatique de Carbios, qui a fait l’objet d’une parution dans la revue Scientifique Nature en avril 2020, est tellement novatrice qu’elle n’est pas encore répertoriée dans le nouvel annuaire de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), qui recense les 550 technologies en développement dans le monde pour décarboner les processus et matériaux industriels (plastique, béton, acier, etc.) ETP Clean Energy Technology Guide – Data Tools – IEA

© AFP

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