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Le Belize, Etat modèle pour les échanges « dette-nature »

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Un parc national au Belize, le 6 juin 2018 © AFP/Archives Pedro PARDO

New York (AFP) – Dette annulée contre nature protégée: pour remettre d’aplomb son économie, complètement minée par le Covid-19, le Belize, petit Etat touristique d’Amérique centrale, a eu recours à un procédé novateur.

« Nous avions perdu près de 14% de notre PIB » et avec un taux de chômage massif, il n’y avait plus assez d’argent « pour faire tourner » le pays, énumère son Premier ministre John Briceno à l’AFP. Sans parler du remboursement de sa dette.

La proposition de l’ONG The Nature Conservancy de prêter à ce pays de 400.000 habitants des fonds pour rembourser ses créanciers est venue comme une bouée de secours.

La condition? Qu’une partie des économies réalisées soit consacrée à la protection du milieu marin.

Ce mécanisme, les échanges « dette-nature » comme on les appelle, est vu comme un outil financier novateur pour protéger les écosystèmes du changement climatique et de la surexploitation — même si ses critiques soulignent qu’ils sont loin d’être une solution miracle.

Gagnant-gagnant

En novembre 2021, l’ONG américaine a racheté la dette commerciale du Belize, estimée à 553 millions de dollars, en négociant un rabais de 45%.

Cette créance a été convertie en un prêt de 364 millions de dollars, permettant de débloquer 180 millions de dollars pour la conservation du milieu marin sur une période de 20 ans.

Le littoral du Belize abrite la plus grande barrière de corail de l’hémisphère nord — un habitat précieux pour des espèces menacées comme les lamantins, les tortues et les crocodiles.

Mais le réchauffement des océans provoqué par le changement climatique, la pêche excessive et le développement côtier menacent de détruire ce délicat écosystème.

« Pour nous c’était gagnant-gagnant », affirme le Premier ministre bélizien.

 Barbade, Gabon, Equateur

The Nature Conservancy a depuis conclu des accords similaires avec la Barbade et le Gabon. L’Equateur a lui obtenu la réduction d’environ un milliard de dollars de sa dette extérieure commerciale, s’engageant en contrepartie à allouer 450 millions de dollars à la conservation des îles Galapagos.

Une initiative, d’abord imaginée dans les années 80, mais qui se répand désormais de façon significative, souligne Slav Gatchev, responsable de la dette dite durable pour l’ONG.

« Un tiers des créances des pays à faible ou moyen revenu sont sinistrées », ce qui implique très souvent que les investissements de ces pays dans la préservation de l’environnement passent à la trappe indique-t-il à l’AFP.

Les échanges « dette-nature » sont d’après lui une opportunité de refinancer jusqu’à 1.000 milliards de dollars de dette, ce qui permettrait en retour de générer 250 milliards de dollars pour des projets climatiques.

[À lire aussi Le nouveau rapport de l’IPBES (le Giec de la biodiversité) remet en cause la vision purement économique de la nature]

Pour le chercheur Andre Standing, de la coalition pour des accords de pêche équitable, l’exemple du Belize n’a été possible que parce que le pays était au bord du défaut de paiement. Le geste des créanciers n’avait donc selon lui pas grand-chose d’altruiste.

De tels accords ne contribuent en rien à résoudre la crise de la dette qui frappe les pays en développement, estime-t-il encore.

« C’est vrai, mais là n’en est pas l’intention », rétorque Esteban Brenes du Fonds mondial pour la nature, le WWF, qui cherche également à négocier de nouveaux échanges de dettes.

« Nous allons prendre une partie de la dette et utiliser une partie des recettes pour une meilleure cause, mais nous n’allons en aucun cas résoudre le problème inhérent », affirme-t-il.

Une autre inquiétude concerne le fait que ces pays acceptent des engagements ambitieux sans nécessairement y donner suite, même si nombre d’entre eux sont juridiquement contraignants.

Le Premier ministre du Belize balaye cette théorie d’un revers de main, assurant que l’accord très médiatisé a largement renforcé la conscience environnementale de son pays, déjà bien plus sensible au dragage de la mangrove.

La restructuration de la dette est « un très bon début », insiste-t-il, exhortant, pour le reste, les pays développés à mettre la main au portefeuille.

Ces pays « ont détruit leur écosystème pour développer gratte-ciel, grosses voitures et maisons de luxe », assure le dirigeant. « Maintenant que nous voulons la même chose, vous nous dites que nous ne pouvons nous permettre de détruire ce que vous avez détruit », estime-t-il.

« Dans ce cas là, payez-nous. »

© AFP

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