Avec le réchauffement climatique, les insectes font de la résistance en automne

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Un frelon asiatique à Chisseaux près de Tours le 14 octobre 2020 © AFP ALAIN JOCARD

Montlouis-sur-Loire (France) (AFP) – Des frelons asiatiques qui bourdonnent encore alors que les feuilles commencent à jaunir, des moustiques tigres qui continuent à piquer début octobre ou encore des punaises vertes qui envahissent les logis … Plusieurs espèces d’insectes, perturbés par le changement climatique, continuent de pulluler en plein automne.

Comme d’autres espèces, le cycle de vie des insectes est rythmé par l’évolution des conditions naturelles. Des températures plus élevées, une humidité déficiente ou excédentaire, une luminosité plus tardive ou précoce, et les voilà qui perdent le nord.

Ainsi, alors que leur période d’activité s’étend traditionnellement de mai à septembre, beaucoup d’entre eux sont désormais présents jusqu’à fin novembre.

C’est le cas des frelons asiatiques. « Très clairement l’impact climatique a une influence sur la persistances des colonies. Cet automne, vu qu’il fait plus chaud, le frelon asiatique continue à se développer comme si c’était la saison (estivale). Donc ça fait plus d’individus et de population sur le terrain », constate David Giron, directeur de recherche au CNRS et directeur de l’Institut de Recherche sur la Biologie de l’Insecte (IRBI).

Adaptation

Autre exemple: le moustique tigre. Au départ peu adapté au climat métropolitain, ce diptère au corps noir strié de blanc a peu à peu envahi la majeure partie de la France à la faveur du réchauffement. Et maintenant, c’est tout son cycle de vie qui s’adapte à un mercure qui s’affole y compris hors de l’été.

Théoriquement, ces moustiques « passent l’hiver sous forme d’œufs et donc, lorsque les conditions deviennent automnales, les moustiques vont produire des œufs de diapause, c’est à dire des œufs prêts à passer l’hiver », explique M. Giron.

Mais « tant que les conditions sont favorables, les moustiques continuent à se reproduire normalement, sans se préparer à l’hiver. Donc ils font de nouveau de nouvelles générations. Et c’est pour ça qu’on voit aujourd’hui des populations qui persistent plus longtemps », ajoute le scientifique. Avec à la clé, des piqures particulièrement désagréables pour les humains, mais surtout le risque de voir proliférer des cas de dengue ou chikungunya dont cette espèce invasive est vectrice.

Au 17 octobre, la quasi-totalité de la métropole était au niveau rouge, celui où le moustique tigre est implanté et actif, selon le site Vigilance moustiques.

Le cas des punaises vertes — inoffensives pour l’homme contrairement à sa cousine la punaise de lit — est lui bien différent. Cet insecte de la famille des Pentatomidae envahit nombre de jardins et surtout de maisons depuis quelques semaines.

Ce comportement s’observe plutôt en hiver, quand les punaises se réfugient dans les habitats pour trouver de la chaleur. Donc rien à voir avec le début d’automne particulièrement doux, explique M. Giron. « Mais il est probable que les conditions météo particulières que l’on a eu cet été ont favorisé cette espèce-là. Et c’est pour ça que, à l’automne, enfin l’automne, l’été qui se prolonge, on observe de très, très grandes populations de punaises », ajoute-il.

Disparitions programmées ?

Selon Météo-France, le mois de septembre a été le plus chaud jamais mesuré en France, « entre 3,5 et 3,6°C » au-dessus des normales (période 1991-2020). Cette chaleur exceptionnelle pour la saison s’est poursuivie sur les 10 premiers jours d’octobre, avec la barre des 30 degrés franchie régulièrement.

Si le réchauffement de la planète se poursuit, faut-il s’attendre à plus d’insectes toute l’année ?

« Imaginons, l’hiver disparaît, on a vraiment des températures clémentes toute l’année. Ça peut avoir deux effets.. des espèces qu’on ne voit que l’été, on les aurait tout au long de l’année. Ça pourrait être le cas de certaines espèces de moustiques par exemple », indique M. Giron.

Mais à côté de cela, « il y a des espèces d’insectes qui ont besoin d’une hibernation ». Exemple, chez certains papillons « il y a une diapause obligatoire et donc, s’il n’y a pas de conditions hivernales, il n’y a pas les conditions réunies pour qu’il y ait cette phase nécessaire d’hibernation pour ensuite faire une génération au printemps. Donc là, pour ces insectes ça pourrait être catastrophique ».

© AFP

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