Paris (AFP) – La consommation d’algues et de plantes aquatiques, courante dans certains pays d’Asie, l’a été jusqu’au Moyen-Age pour de nombreuses populations européennes, révèle une étude mardi qui suggère que cette source de protéines pourrait retrouver une place dans leur régime alimentaire.
Elle décorent seulement les plateaux de fruits de mer ou flottent dans les soupes de restaurants japonais, et pourtant les algues rouges ou vertes, comme les feuilles de lotus ou de chou marin, ont bien eu par le passé leur place dans le régime alimentaire des Européens.
Les fouilles archéologiques et les textes historiques leur conféraient jusqu’ici un rôle non-comestible, comme combustible ou fertilisant par exemple.
L’étude d’une équipe internationale, menée par des archéologues des universités britanniques de York et de Glasgow, révèle leur usage alimentaire pour les populations des littoraux européens, des pays Baltes à l’Ecosse et jusqu’en Espagne.
Les chercheurs en ont trouvé la preuve avec une méthode innovante: l’analyse de la plaque dentaire extraite des restes de dentition de 74 individus sur 28 sites archéologiques, à l’aide d’une technique de spectrométrie de masse, qui permet d’identifier des composés organiques.
La plaque dentaire a servi de « réservoir » pour ces marqueurs biologiques attribuables à plusieurs sortes de plantes.
Des algues rouges apparemment consommées aussi bien sur un site des îles Orcades, dans le nord de l’Ecosse il y a 5.000 ans, qu’à La Corona, dans le sud-est de l’Espagne, il y a environ 8.000 ans. Mais aussi des plantes aquatiques d’eau douce, comme les feuilles de Potamogeton, communes dans les étangs du Portugal, d’Ecosse ou de Lituanie. Avec une consommation détectée jusqu’au Moyen-âge, il y a seulement huit siècles.
Bénéfice nutritionnel des algues et plantes aquatiques
« Il est probable qu’elles aient été consommées sur une échelle de temps bien plus grande », dit à l’AFP Karen Hardy, professeure d’archéologie préhistorique à l’Université de Glasgow, et principale autrice de l’étude parue dans Nature Scientific Reports.
Cette chercheuse remet en cause un récit voulant que le développement de l’agriculture, avec la révolution du néolithique il y a environ 10.000 ans, a marginalisé la consommation d’algues et plantes aquatiques. Et que ces algues soient devenues juste un recours en cas de famine ou une alimentation pour le bétail.
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Mais comme on ne trouve que ce qu’on cherche, les études sur les habitudes alimentaires des anciens Européens se sont concentrées sur les productions liées à l’agriculture. Un biais renforcé par une technique traditionnelle d’analyse, dite analyse isotopique, peu adaptée pour détecter les traces de consommation d’algues.
Malgré cela, « le bénéfice nutritionnel des algues était suffisamment bien compris par ces populations anciennes pour qu’elles maintiennent un lien alimentaire avec la mer », explique le Dr Stephen Buckley, de l’Université de York, co-auteur de l’étude.
Cette ressource, riche en protéines, était encore utilisée comme aliment dans les îles écossaises au XVIIIè siècle. Et persiste comme élément culturel dans un pain d’algue gallois, le « laverbread ».
Pourtant, et comme en témoigne sa consommation en Asie, l’algue est « très saine, très nutritive, disponible et renouvelable », remarque la Pr Hardy.
Qui juge qu’avec son étude « nous soulignons simplement le fait qu’elles étaient consommées par le passé en Europe, et qu’elles pourraient pote
© AFP
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