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Au Vietnam, les défenseurs de l’environnement ciblés par le pouvoir

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Photo fournie par Hoang Vinh Nam, le 24 octobre 2023, de sa femme, la militante écologiste Hoang Thi Minh Hong lors d'une manifestation à Ho Chi Minh, au Vietnam, en 2017 © Hoang Vinh Nam/AFP Handout

Hanoï (AFP) – Craignant la répression du pouvoir vietnamien, la militante écologiste Hoang Thi Minh Hong a préféré fermer son ONG et faire profil bas. Mais cela n’a pas suffi. Le mois dernier, elle a été emprisonnée, comme quatre autres militants avant elle, tous condamnés pour fraude fiscale.

Au Vietnam, les défenseurs de l’environnement dénoncent une campagne visant à les réduire au silence.

Le pays communiste d’Asie du Sud-Est s’est engagé à réduire sa dépendance aux énergies fossiles et a reçu 15,5 milliards de dollars d’aide internationale dans le cadre d’un partenariat pour une transition énergétique équitable (JETP).

Un accord qui montre « l’avenir ambitieux du Vietnam en matière d’énergie propre », a salué le président américain Joe Biden.

L’activisme environnemental pourrait cependant constituer une menace singulière pour le pouvoir parce qu’il cible de puissants intérêts économiques qui, au Vietnam, « sont toujours étroitement liés au pouvoir », déclare à l’AFP Jonathan London, expert du Vietnam contemporain.

« Hong ne mérite pas un seul jour de prison, car elle est innocente », affirme son mari Hoang Vinh Nam, 54 ans, à l’AFP.

 « La faire taire »

« Je pense que nous assistons à un effort concerté pour déclarer que toutes les questions d’intérêt public doivent être uniquement traitées par le parti et par l’Etat », estime M. London.

La répression a débuté en 2021 avec l’arrestation d’un membre d’une ONG qui travaillait sur les questions liées au charbon.

Dang Dinh Bach « touchait aux intérêts des entreprises et des autorités, qui voulaient le faire taire », raconte à l’AFP son épouse Tran Phuong Thao. Son mari a été condamné à cinq ans de prison sur des preuves fabriquées, selon elle.

Ce fut ensuite en 2022 l’arrestation puis l’emprisonnement de Nguy Thi Khanh, la fondatrice de l’une des ONG environnementales les plus importantes du pays, Green ID, elle aussi engagée contre le charbon.

Le groupe Projet 88, qui défend la liberté d’expression au Vietnam, a constaté de « graves irrégularités » dans la manière dont les procédures pénales et les peines ont été appliquées à Dang Dinh Bach et Nguy Thi Khanh – ainsi qu’à deux autres militants écologistes emprisonnés.

La condamnation de Bach constitue l’une des peines les plus lourdes jamais prononcées pour évasion fiscale, sans commune mesure avec le montant en jeu, a déclaré le groupe.

Pham Thu Hang, porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères, a fermement rejeté les allégations de répression « politiquement motivée » à l’encontre des écologistes, affirmant qu’ils avaient tous enfreint la loi.

Bach fait partie d’un groupe de trois activistes encore emprisonnés. Il a été intimidé et battu, et « refuse de rembourser les 55.000 dollars qu’on lui réclame », déclare Thao, selon qui les autorités ont menacé de confisquer l’appartement où elle vit avec leur fils de deux ans.

« Elle travaille pour l’environnement, pour la faune et la flore. Et maintenant, elle a été sévèrement punie pour cela. »

Lois fiscales complexes

Washington s’est dit « profondément préoccupé » par la condamnation de Hong et a demandé au Vietnam de « s’assurer que ses actions sont conformes à ses engagements internationaux ».

« Nous avons eu de nombreuses conversations à chaque étape du processus sur le respect des droits humains et sur nos préoccupations concernant les militants écologistes », déclare à l’AFP un représentant du gouvernement américain.

Les arrestations sont « un obstacle majeur à la capacité du Vietnam à atteindre non seulement les objectifs du JETP (…) mais plus largement son objectif d’atteindre zéro émission net », observe un responsable gouvernemental d’un pays donateur, sous couvert d’anonymat.

Par peur de se tromper dans les lois fiscales complexes du Vietnam, de nombreux comptables d’ONG du secteur ont préféré quitter leur emploi, déclare une employée qui refuse d’être nommée.

Selon Nam, Hong avait écrit aux impôts plus d’un an avant son arrestation et on lui avait répondu qu’elle ne devait pas d’argent. Mais aujourd’hui, ce sont 300.000 dollars que le fisc lui réclame, soit « plus que le total des revenus qu’elle a perçus au cours des dix dernières années ».

© AFP

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