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En Irak, du soleil mais pas de solaire

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Un panneau solaire sur le toit d'une maison du village Hazar Merd, près de Souleimaniyeh, le 19 septembre 2023 dans le Kurdistan autonome d'Irak © AFP Ahmad AL-RUBAYE

Hazar Merd (Irak) (AFP) – Dans un hameau perché sur les hauteurs du Kurdistan d’Irak, quasiment tous les toits sont couverts de panneaux solaires. Mais le village Hazar Merd reste une exception, dans un pays où les autorités doivent encore concrétiser leur engagement à développer les énergies renouvelables.

Pour un Irak otage de sa manne pétrolière, frappé de plein fouet par les effets du changement climatique, le dossier est primordial. Au quotidien, les 43 millions d’Irakiens vivent au rythme des délestages qui empirent l’été quand les températures frôlent, voire dépassent, les 50 degrés.

Mais la rareté du solaire dans l’un des pays les plus ensoleillés de la planète illustre la difficulté de sortir les économies de la facilité du pétrole et du gaz, comme vont pourtant l’exiger des dizaines de pays à la prochaine COP28, en novembre et décembre à Dubaï.

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Niché dans les montagnes du Kurdistan autonome, près de Souleimaniyeh, un village a fait le pari de l’énergie solaire: à Hazar Merd, 17 foyers sur 25 ont installé des panneaux photovoltaïques.

« Le solaire couvre tous nos besoins: le frigidaire, la télévision, le refroidisseur (d’air), la machine à laver, l’aspirateur », résume Daniar Abdallah, 33 ans.

« Ca nous a beaucoup soulagés », poursuit ce père de deux fillettes qui a déboursé 2.800 dollars (environ 2.650 euros) en 2018 pour se convertir au solaire.

Le calme ambiant n’est plus troublé par le vrombissement des gros générateurs de quartier utilisés partout en Irak pour pallier les coupures de courant et extrêmement polluants car fonctionnant à l’énergie fossile.

« Avant, on avait un générateur qui tombait tout le temps en panne », poursuit M. Abdallah, soldat dans les forces kurdes locales. D’autant que les délestages durent parfois « 12 ou 13 heures par jour ».

Suivant son exemple, « plusieurs amis dans d’autres villages se sont empressés d’installer des panneaux solaires », ajoute-t-il.

Mais le phénomène est encore marginal. A Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan d’Irak, sur les 600.000 foyers abonnés à l’électricité publique, seuls 500 sont équipés de panneaux solaires, reconnaît le porte-parole du département, Sirouan Mahmoud.

Le solaire connaît une « progression rapide » depuis que le Parlement régional a voté des incitations en 2021, assure-t-il cependant. Ainsi, tout foyer fournissant aux autorités l’énergie solaire qu’il ne consomme pas bénéficie d’une réduction de sa facture d’électricité publique.

M. Mahmoud rappelle que le Kurdistan ambitionne de construire trois centrales électriques solaires d’une capacité totale de 75 mégawatts (MW).

Dans un pays aux infrastructures ravagées par des décennies de conflits, où la gestion des affaires publiques est minée par une corruption endémique, les centrales irakiennes ne produisent que 24.000 MW. Pour dire adieu aux délestages, il faudrait dépasser le seuil des 32.000 MW.

Or les énergies renouvelables restent sous-exploitées dans le mix énergétique. L’Irak bénéficie de plus de 3.000 heures de soleil sur les 8.700 heures de l’année. Mais « plus de 98% de l’électricité » est produite par « des combustibles fossiles », rappelait la Banque mondiale dans un rapport récent.

Les autorités assurent vouloir développer les énergies propres pour répondre d’ici à 2030 à un tiers des besoins du pays. Si plusieurs grands projets ont été annoncés en fanfare, ils doivent encore se concrétiser.

TotalEnergies veut livrer dans les deux ans « la première tranche » d’une usine solaire de 1.000 MW. Et Bagdad a signé en 2021 un accord avec l’émirati Masdar pour construire cinq centrales solaires d’une capacité de 1.000 MW.

Pour encourager le solaire, la Banque centrale a annoncé en 2022 l’allocation de 750 millions de dollars (soit 711 millions d’euros) distribués sous forme de prêts quasiment à taux zéro, dont peuvent bénéficier particuliers et entreprises privées.

Une initiative qui piétine « en raison du manque de coopération des banques », regrette Mohamed al-Douleimi, expert en énergies renouvelables.

Directeur exécutif de Solar Energy Universe, Ali al-Ameri déplore l’absence d’une « culture » du solaire. Cette année toutefois, la tendance est à la hausse: son entreprise a installé des panneaux photovoltaïques sur une douzaine de sites.

« Les prix commencent à 4.500 dollars et peuvent monter jusqu’à 6.000 dollars » (entre 4.200 et 5.600 euros), dit-il.

Parmi ses clients, « des universitaires et des médecins » mais aussi des agences humanitaires, poursuit-il, soulignant « le nombre important d’agriculteurs ayant recours à l’énergie solaire ».

Depuis 2020, il a effectué 70 installations, principalement « des maisons », que ce soit à Bagdad, dans la province d’Al-Anbar (ouest), ou dans le sud.

Pourtant, le potentiel est immense. « Le pire site solaire d’Irak dispose de ressources supérieures aux deux tiers comparé au meilleur site d’Allemagne », souligne Ali al-Saffar, expert à la Fondation Rockefeller. Grâce à l’énergie solaire « le pays aurait l’opportunité de résoudre une bonne fois pour toutes ses pénuries chroniques d’électricité ».

© AFP

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