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La moquette tente un retour dans les intérieurs français

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Echantillons de moquette dans le showroom de l'usine Balsan (groupe Belgotex) d'Arthon près de Chateauroux le 26 octobre 2023 © AFP GUILLAUME SOUVANT

Paris (AFP) – Elle retient la chaleur, absorbe les sons et réchauffe l’ambiance même avec une teinte neutre: malgré tout cela, la moquette a vécu un long déclin commercial en France que le secteur estime avoir stoppé, parlant même de « rebond ».

Inattendu, tant l’image de la moquette auprès des particuliers s’est démodée, victime des critiques et de la concurrence des parquets stratifiés ou sols PVC clipsables, les ventes surfent aujourd’hui sur l’attrait pour des réalisations design permises par de nouveaux procédés.

Mais un élément de taille échappe cependant encore à la métamorphose: le pétrole reste la matière principale entrant dans la fabrication des moquettes, pour les fibres et les envers. Même les moquettes laine en contiennent.

« On a beaucoup évolué et ce n’est pas fini, on va maintenant sur des fils recyclés », assure Marc Welcomme, directeur général de l’Union française des tapis et moquettes (UFTM). « Reproduire un dessin est devenu techniquement très facile », dit-il par exemple.

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Les coloris (les fabricants utilisent des fils teints dans la masse qui résistent mieux au nettoyage), la texturation (comme si on sculptait la moquette), la découpe (optimisée pour économiser les rebuts) ont aussi changé.

Depuis un an, choisir la moquette pour son intérieur n’est plus un tabou et les magazines d’architecture et de décoration parlent de « revival ».

« On s’est très longtemps demandé jusqu’où irait le déclin. Maintenant on est plutôt sur une phase de rebond, pas en quantité mais en valeur. Quand les gens reviennent, ils veulent du beau, de la qualité », relate Bruno Sevin, directeur des ventes France chez Balsan (groupe belge Belgotex) qui a deux usines près de Chateauroux (Indre).

Il situe l’apogée des ventes au milieu des années 1980. Durant la période glorieuse qui précède, la moquette est massivement déployée, orange, bleue,…, parfois jusque sur les murs de coquets intérieurs pavillonnaires, avant que le contrecoup n’arrive.

Les parts de marché vont diminuer « à partir des années 1990 », date pour sa part M. Welcomme. De 2007 à 2022, les volumes de ventes se sont contractés d’un quart, selon ses chiffres et le secteur a touché le fond l’année du Covid, avec 27,7 millions de m2 vendus, avant de remonter à 40 millions de m2 en 2022.

Accusée d’être polluante, vecteur d’allergies ou un nid à acariens, ce que la profession dénonce comme un malentendu, la moquette n’a en fait jamais perdu les faveurs de la clientèle des bureaux, des hôtels où ses propriétés d’insonorisation font des miracles.

Idem sur les salons professionnels où la moquette est quasiment une denrée jetable, régulièrement dénoncée par des associations comme Zero Waste.

Signature décorative

Le secteur a largement périclité avec la chute des ventes. Le nombre d’établissements français a fondu (il en reste 27 contre 38 encore en 2013), tout comme l’effectif salarié (-24% en dix ans à un millier de salariés) et la part française dans la production européenne (6%) dominée par des fabricants belges et néerlandais, selon le cabinet d’études sectorielles Xerfi.

Dans le showroom parisien ouvert par Balsan en 2017, le vent tourne cependant, selon M. Sevin qui assure que les architectes d’intérieur et agenceurs qui poussent la porte, sont bluffés: « On arrive à les surprendre! Il y a un effet waouh ! »

Entre autres progrès techniques, « on arrive à faire des motifs, pas par impression, mais avec du fil teint dans la masse qui pixelise la moquette », dit-il. L’avantage c’est qu’elle ne se décolore plus quand on la frotte pour la nettoyer. « Cela intéresse beaucoup les hôtels ».

La moquette s’impose désormais comme une signature décorative à part entière, apportant de la sensualité. « Les gens ne sont pas juste visuels », justifie sur le site du grand fabricant danois Ege, le designer londonien Tom Dixon. Il est de ceux qui voient la moquette comme un objet qui contrôle l’espace par ses dimensions et la sollicitation d’autres sens que la vue: le toucher, le marcher, l’acoustique.

Historiquement, la moquette est d’ailleurs une passion d’abord anglaise depuis le 18e siècle. Tissée, elle est alors un luxe et en France, elle débarque dans les immeubles bourgeois, leurs escaliers, des ministères, l’Assemblée nationale.

C’est aux Etats-Unis que la moquette fera sa révolution de masse à la moitié du 20e siècle: de nouvelles machines de touffetage, bardées de rangées de centaines d’aiguilles propulsent les cadences à un niveau jamais vu et produisent des rouleaux dimensionnés aux largeurs d’une pièce mur à mur.

Pose rapide, prix abordable, fibre synthétique, les promoteurs immobiliers adorent et le secteur deviendra quasiment une annexe de la pétrochimie, conquérant le sol des bureaux puis du résidentiel neuf à la faveur du boom de la construction et de l’accès à la propriété après la Seconde guerre mondiale. Le maître-mot est alors la quantité.

Pour les marques qui ont survécu, le marketing n’a plus rien à voir. Les brochures parlent désormais « écoconception », « design », « poussières captées » ou « explosion des couleurs ».

© AFP

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