Saint-Omer (France) (AFP) – Le niveau de plusieurs cours d’eau est remonté mardi après-midi dans le Pas-de-Calais, repassé en vigilance rouge aux crues pour la Liane, entraînant de nouvelles évacuations après plus de dix jours d’inondations exceptionnelles.
Sur place mardi à la mi-journée, le président Emmanuel Macron a annoncé le déblocage d’un « fonds de soutien » de 50 millions d’euros destiné à « accompagner les communes les plus touchées ». Depuis un gymnase de Saint-Omer, le président a aussi présenté un « fonds exceptionnel de soutien » aux agriculteurs.
Le chef de l’Etat a souligné que les prochaines heures et la nuit resteraient difficiles et que la décrue prendrait plusieurs jours.
A 17H30, Météo-France a passé le Pas-de-Calais en vigilance rouge aux crues, en raison du niveau de la Liane, puis la Haute-Savoie quelques heures plus tard, département dans lequel est attendu un « épisode sérieux » de précipitations.
Sur la Liane, « un épisode potentiellement supérieur aux crues de la semaine dernière est possible » avec les « pluies très intenses » de l’après-midi, a averti Météo-France. Sur le bassin de la Hem, la nouvelle crue pourrait également égaler celle de la semaine dernière.
En début d’après-midi, aux abords de Saint-Omer, il pleuvait à torrents et des portions de routes étaient à nouveau submergées, a constaté un journaliste de l’AFP. Dans le Boulonnais, des rues de la commune de Saint-Etienne-au-Mont ont à nouveau été inondées et des coulées de boue ont détruit le mur d’une maison.
« La nuit va être chaude »
« L’eau remonte, la nuit va être chaude », s’est inquiété la présidente départementale de la Croix Rouge, Fabienne Berquier, précisant que des évacuations de maisons étaient en cours dans cette commune vers 19H00.
Selon la préfecture, les plus fortes averses vont toutefois s’évacuer dans la soirée « vers les bassins du Nord proches des Flandres » et une accalmie devrait ensuite intervenir, avec seulement des « averses éparses pendant » la nuit.
Elle note des évacuations dans l’après-midi dans plusieurs communes près de Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer et une situation qui reste « complexe » dans le Calaisis.
Le chef de l’Etat a indiqué lors de sa visite que l’état de catastrophe naturelle serait reconnu pour 244 communes (214 dans le Pas-de-Calais, une trentaine dans le Nord), première étape vers l’indemnisation des sinistrés, déjà affectés par la tempête Ciaran le 2 novembre, des crues record le 7 novembre et des précipitations intenses jeudi et vendredi.
Les assurances se sont engagées à faire preuve d’une « très grande réactivité », a-t-il dit.
Selon le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, 5.000 habitations ont été touchées par ces inondations « exceptionnelles » et « 1.400 personnes évacuées » depuis le 6 novembre. Le bilan reste de « quatre blessés légers ».
Le président s’est aussi rendu à Blendecques, commune particulièrement affectée par les inondations, avec 862 maisons touchées, mais où certains habitants ont pu regagner leur logement, selon Jean-Christophe Castelain, adjoint au maire. « Beaucoup d’habitants sont à bout », affirme-t-il.
90 routes coupées
Accompagné de plusieurs ministres, le chef de l’Etat a annoncé avoir confié au maire de Saint-Omer une mission pour améliorer les systèmes d’évacuation des cours d’eau vers la mer, en s’inspirant par exemple des Pays-Bas.
Les établissements scolaires de 279 communes du département sont restés fermés lundi et mardi. Collèges ou lycées pourront rouvrir mercredi, la plupart des écoles primaires et maternelles étant de toute façon fermées le mercredi (semaine de quatre jours). Quelques établissements pourraient cependant rester inaccessibles, a prévenu la préfecture.
Mardi soir, 90 routes sont coupées dans le département.
Outre les quatre blessés légers, une sexagénaire a été retrouvée morte samedi à Bailleul (Nord) dans sa voiture accidentée dans un fossé inondé, sans lien certain avec les intempéries, selon le parquet de Dunkerque.
Les associations d’aide aux exilés sur le littoral dénoncent depuis plusieurs jours une situation « catastrophique » à Calais, demandant l’augmentation du nombre de places d’hébergement d’urgence et notamment l’ouverture d’un hangar, mis à disposition des migrants en cas d’activation du plan grand froid.
S’ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
© AFP
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