Paris (AFP) – La part du gaz naturel dans la demande mondiale d’énergie va se maintenir autour de 22% à 24% d’ici 2050 quel que soit le scénario et l’effort mondial pour enrayer le réchauffement climatique, estime le géant pétrogazier TotalEnergies, dans un rapport publié mardi.
Pour sa 5e édition, ce rapport publié à deux semaines de la COP28 examine les perspectives d’évolution du système énergétique mondial avec une optique que la multinationale française qualifie de « plus réaliste » que celle de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE). Cette dernière parie sur un pic de la demande de gaz, pétrole et charbon dans la décennie.
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« On voit bien que si on veut faire évoluer le système électrique vers moins d’émissions [de gaz à effet de serre], et c’est le but, il faut bien évidemment qu’il soit fortement renouvelable. Mais il lui faut un complément pour gérer l’intermittence et assurer la fiabilité du système », a défendu Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, lors d’une présentation presse.
« On peut faire le pari de mettre des batteries, mais ça coûte cher et il faut les développer. Du coup, le gaz est un meilleur complément, tout en étant fossile, on n’a jamais dit qu’il était vertueux », a-t-il ajouté.
Le document prospectif publié par TotalEnergies correspond à sa stratégie d’entreprise: le groupe mise de plus en plus sur le gaz naturel (notamment liquéfié) au détriment du pétrole. Avec ses investissements dans la production d’électricité d’origine éolienne et solaire, cela permet au groupe de ne pas augmenter son empreinte carbone prévisionnelle d’ici 2030, tout en continuant à vendre plus d’énergie.
Helle Kristoffersen, la directrice stratégie du groupe, a cité le cas de nombreux pays asiatiques dont la feuille de route de décarbonation repose « sur le fait d’utiliser moins de charbon et plus de gaz », ou celui de l’Allemagne en passe de renoncer au charbon après avoir dit au revoir au nucléaire cette année.
« Quand on regarde en agrégé, on n’a pas d’autres solutions que d’avoir des centrales à gaz », qui émettent deux fois moins de gaz à effet de serre comparé aux centrales à charbon, dit-elle.
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Dans le détail, TotalEnergies établit trois scénarios pour les 30 prochaines années.
Tous font l’hypothèse d’une croissance démographique portant la population mondiale de 7,8 à 9,5 milliards d’humains.
Dans le scénario le plus délétère et « insoutenable » pour le climat, le monde lève le pied sur le pétrole et le charbon, mais un peu seulement, et pas du tout sur le gaz: la part des énergies fossiles dans l’énergie mondiale passe de 80% (chiffre stable depuis 2000) à 70%. Ce scénario va de pair avec « une augmentation de la température en 2100 supérieure à 3°C », selon TotalEnergies.
« Notre défi collectif est de s’éloigner du scénario actuel sans compromettre la croissance des pays émergents; cela signifie changer de logiciel sans tomber dans la décroissance », a estimé Mme Kritoffersen.
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Le groupe imagine deux options alternatives dans lesquelles le charbon apparaît comme l’énergie à éliminer.
Première possibilité, les pays riches renoncent au charbon, la Chine en réduit sa consommation, parallèlement à une électrification des transports. La part des fossiles tombe à 55% du bouquet énergétique mondial et la hausse de la température mondiale atteint entre 2,1°C et 2,2°C en 2100.
Deuxième possibilité, la plus vertueuse, le charbon devient une énergie du passé, représentant 6% de la demande mondiale d’énergie en 2050 (contre 27% en 2021) à côté du pétrole lui aussi en perte de vitesse (12% contre 29%) et du solaire et de l’éolien (27% contre moins de 3%).
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La part des fossiles tombe alors à 40% et le réchauffement du climat est limité entre 1,7°C et 1,8°C. Même dans ce scénario, le gaz reste indispensable selon TotalEnergies (22% de la demande mondiale d’énergie en 2050 contre 24% en 2021).
Il faudrait dans tous les cas que tous les pays disposent de financements, y compris l’Afrique et l’Asie du sud-Est.
C’est « peut-être hors de portée sans aide » pour les pays qui ne sont ni riches ni la Chine, selon Mme Kristoffersen, et un défi pour de nombreux pays pouvant s’appuyer sur des ressources fossiles locales comme l’Inde dont l’électricité dépend à 72% du charbon.
© AFP
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Jean-Pierre Bardinet
Patrick Pouyanné est futé. Il a bien compris que l’éolien et le solaire sont inadaptés à une production d’électricité fiable, abondante et bon marché. L’éolien est intermittent et aléatoire, le solaire est intermittent : il faut donc des moyens adaptés, très réactifs, pour équilibrer le réseau électrique en temps réel. Et le seul moyen adapté, c’est le gaz. Plus il y aura d’EnR, plus la demande en gaz augmentera.