Inondations: décrue amorcée dans le Pas-de-Calais, mais la prudence reste de mise

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Vue aérienne du village inondé de Hames-Boucres, dans le Pas-de-Calais, le 15 novembre 2023 © AFP Charles Caby

Neuville-sous-Montreuil (France) (AFP) – La décrue semble amorcée jeudi dans le Pas-de-Calais, où plusieurs rivières se sont stabilisées « à un niveau relativement bas », mais l’annonce de nouvelles pluies en fin de journée appelle encore à la prudence.

La Première ministre Elisabeth Borne s’est rendu jeudi matin au chevet des sinistrés de Neuville-sous-Montreuil, commune située à proximité de la Canche, un cours d’eau toujours en vigilance orange crue.

« On est là dans l’urgence, mais évidemment qu’on sera là pour la remise en état », a-t-elle promis, avant d’être interpellée par un boulanger, Ulysse Toulet, dont le commerce de la ville voisine de Montreuil-sur-Mer a été ravagé.

« Je suis sans revenu, j’avais déjà des difficultés à faire face à la crise de l’énergie et aujourd’hui mon outil de travail est sous 1,20 mètre d’eau, mon domicile est sous 1,20 mètre d’eau, ma boutique, mon bureau, je n’ai plus rien, j’ai tout perdu, je suis surendetté, je suis dans une situation personnelle ultra précaire et je n’ai rien », a lancé le boulanger.

« On va trouver une solution à la fois pour passer l’urgence et pour remettre votre commerce en état », lui a assuré la ministre.

Dans cette commune de 650 habitants, Jacqueline Fievez vient chaque jour constater les dégâts dans sa maison. « Dans la cuisine, il y avait à peu près 1,20 mètre et dans le jardin plus de deux mètres, j’ai dû évacuer le troisième jour », dit-elle, fataliste, pataugeant encore dans 80 centimètres d’eau.

« L’après va être très compliqué. Les gens sont fatigués, sont épuisés, psychologiquement, physiquement, moralement », lance Gwenaëlle Loire, maire de Saint-Léonard, à une cinquantaine de kilomètres de-là.

« Nous sommes reconnus catastrophe naturelle, mais maintenant il va falloir que l’Etat nous donne des moyens, parce que je pense que des maisons vont être déclarées insalubres par les experts, donc les gens ne pourront plus vivre dans leur maison », souligne-t-elle, s’inquiétant du départ définitif de certains habitants.

Si les dégâts s’annoncent majeurs, le bilan humain reste de quatre blessés depuis le 6 novembre, selon la préfecture.

Une accalmie mercredi a permis une décrue sur plusieurs bassins du département selon Vigicrues: seuls deux cours d’eau, la Canche et la Lys plaine, restent en vigilance orange, engendrant encore des « débordements dommageables ». Le Nord, la Charente-Maritime et la Vendée sont également en vigilance orange aux crues.

Mais une dépression, baptisée Frederico, circule jeudi « sur le nord du pays sur un axe Bretagne/Alsace ». Celle-ci s’accompagne « d’un renforcement du vent, mais aussi d’un renforcement des précipitations, en particulier sur le nord-est du pays », qui appelle à la prudence, selon le dernier bulletin de Météo-France.

Après les collèges et lycées qui ont rouvert progressivement mercredi, la plupart des 1.290 écoles fermées depuis lundi vont rouvrir jeudi, a annoncé la préfecture. Néanmoins, 21 écoles ne seront pas en mesure d’accueillir des élèves et les transports scolaires restent très perturbés.

L’alimentation en eau potable connaît toujours des restrictions pour 7.200 personnes dans le secteur de Samer, une situation qui devrait perdurer jusqu’au milieu de la semaine prochaine, précise la même source, ajoutant que plus de 500 foyers sont privés d’électricité et plus de 4.000 abonnés privés de téléphones portables.

Pour la présidente départementale de la Croix-Rouge, Fabienne Berquier, « l’enjeu principal consiste maintenant à trouver des solutions durables de relogement aux sinistrés qui ne pourront pas rentrer chez eux », dans des maisons où il y a « de l’humidité jusqu’à 1,60 m, plus de chauffage ni d’électricité ».

Depuis le 6 novembre, environ 1.400 personnes ont été évacuées à cause de ces crues, exceptionnelles par leur durée et leur intensité.

S’ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.

© AFP

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