Tokyo (AFP) – Portant gants, pinces en métal et sacs poubelles, ils ont arpenté un quartier de Tokyo à la recherche de mégots, papiers gras et autres emballages: des participants originaires de 21 pays ont participé mercredi au premier Mondial de « Spogomi », une chasse aux déchets sportive.
Composée de trois personnes, chaque équipe nationale a parcouru une zone de collecte d’environ 5 kilomètres carrés dans le quartier de Shibuya.
Dans le Spogomi –une contraction des mots japonais sports et déchets–, il est interdit de courir, de piller les poubelles existantes ou de suivre d’autres équipes: chaque trio était ainsi escorté d’un arbitre chargé de veiller au respect des règles.
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Lors des sessions du matin et de l’après-midi, les participants disposaient de 45 minutes de collecte dans les rues, puis de 20 minutes supplémentaires pour trier leurs déchets en différentes catégories.
Car les points sont attribués en fonction des volumes collectés, mais aussi selon le type de détritus: des petits déchets comme les mégots rapportent ainsi plus que d’autres.
Derrière cette drôle de compétition, un Japonais de 46 ans, Kenichi Mamitsuka, l’inventeur japonais du Spogomi, qui explique en avoir eu l’idée lors d’un footing matinal: il s’est rendu compte qu’il pourrait en faire une activité ludique en se fixant des objectifs, et a organisé la première compétition du genre il y a 15 ans au Japon.
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Cette première Coupe du monde est « un rêve devenu réalité », dit-il à l’AFP, affirmant même que ce nouveau sport peut prendre une dimension encore plus grande.
« Si des associations nationales de Spogomi se montent, cela pourrait devenir un sport de démonstration » aux Jeux olympiques, s’exclame-t-il devant une partie des quelque 550 kilos de déchets collectés mercredi par les participants du Mondial.
« Notre objectif est d’organiser des événements Spogomi dans 50 pays d’ici à 2030 », précise-t-il, insistant sur le caractère essentiel pour la planète d’un changement de la manière dont les gens perçoivent les déchets.
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Mercredi, les compétiteurs, qui avaient tous remporté une compétition nationale pour obtenir le droit de représenter leur pays au Mondial, ont dû s’adapter aux spécificités locales.
« Nous c’est notre métier, on a le flair » pour ça, sourit Usman Khan, 32 ans, un des chasseurs de l’équipe tricolore composée uniquement de membres travaillant… dans le secteur de la collecte de déchets.
« Mais après, au Japon, c’est pas la même chose qu’en France », car selon les pays les gens ne jettent pas forcément leurs déchets dans les mêmes endroits, pointe toutefois ce membre de l’équipe qui s’est surnommée « Les Anonymes ».
Même constat pour le Sud-Africain Philippe Louis de Froberville, qui souligne que les rues relativement propres de Tokyo rendent « les déchets plus difficiles à trouver » que lors de la compétition dans son pays.
Agé de 33 ans, ce passionné de surf et d’océan qui habite Durban, dans l’est de l’Afrique du Sud, plaide pour une initiation à la pratique dès l’école: « Si vous commencez quand vous êtes jeune, vous voudrez le faire quand vous serez plus âgé et vous voudrez prendre soin de votre environnement ».
L’Australienne Petrya Williams, elle, se réjouit d’avoir trouvé de « superbes endroits » pour récupérer ces trésors un peu particuliers. « Je pense que nous avons tout ce qu’il faut pour le prochain tour, nous savons où chercher », se félicite-t-elle en attendant avec ses coéquipiers de peser leur butin.
C’est finalement l’équipe britannique qui a décroché l’or à Tokyo, en collectant 83 kilos de déchets, devant le Japon et l’Italie. La France a fini au pied du podium.
© AFP
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