Paris (AFP) – Élisabeth Borne a présenté lundi la version finale de la troisième « stratégie nationale biodiversité » (SNB), dont l’effondrement est « une menace existentielle » pour les sociétés, a-t-elle souligné, en prônant une « radicalité des résultats sans la brutalité des mesures ».
Cette troisième SNB, attendue depuis deux ans, doit prendre la suite des deux premières, dont les objectifs n’ont pas été atteints.
« L’effondrement de la biodiversité est si fort, si rapide, si généralisé qu’une sixième extinction menace. (…) En un mot, l’effondrement de la biodiversité est une menace existentielle pour nos sociétés. Nous devons l’endiguer rapidement et inverser la tendance fortement », a déclaré la cheffe du gouvernement en présentant les 40 mesures destinées à sauvegarder la nature et « stopper l’effondrement du vivant » d’ici 2030.
Mais elle a souhaité que les objectifs suivent « un même principe: la radicalité des résultats sans la brutalité des mesures », laissant ses ministres Christophe Béchu (Transition écologique) et Sarah El Haïry (Biodiversité) en préciser les contours.
[À lire aussi Le nouveau rapport de l’IPBES sur l’ampleur de l’exploitation des espèces sauvages par l’humanité et la nécessité de les préserver]
Cette stratégie est censée être la déclinaison française de l’accord de Kunming-Montréal, adopté en décembre 2022 par la communauté internationale à la COP15 Biodiversité: protection effective de 30% des terres et des mers, restauration de 30% des écosystèmes dégradés, réduction de moitié des pesticides, etc.
« Îlots de fraicheur »
« C’est un plan, très opérationnel et concret, de 200 actions avec des indicateurs de suivi et d’évaluation, ce ne sont pas juste des grandes paroles », a assuré la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, Sarah El Haïry, dans un entretien avec l’AFP.
Axes principaux, selon elle: « Stopper et inverser l’effondrement du vivant, par exemple avec des aires protégées; restaurer la nature, avec un milliard d’arbres plantés, 50.000 km de haies en plus ou encore des îlots de fraîcheur dans les écoles; mobiliser tous les acteurs, dont le monde de l’entreprise car aujourd’hui la biodiversité est l’angle mort du monde économique ».
Un projet de SNB avait été présenté en juillet, le jour de la prise de fonction de Mme El Haïry, avant d’être soumis à quatre instances (Conseil national de la biodiversité, Conseil national de la mer et des littoraux, Conseil national de la protection de la nature, Conseil national de l’eau) qui ont rendu leurs avis depuis.
La version finale dévoilée lundi est articulée autour de 40 mesures. Ont notamment été ajoutés des éléments sur « la restauration des prairies qui stockent énormément de carbone », les « écosystèmes libérés par la fonte des glaciers » ou encore « la pollution sonore sous-marine », a précisé le cabinet de la secrétaire d’État.
« Subventions néfastes »
En octobre, le Comité national de la biodiversité, qui réunit 150 membres, scientifiques, collectivités ou ONG, avait fustigé le projet de juillet, évoquant une ambition « partielle et perfectible ».
Réagissant à ce projet, Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France, avait également regretté l’absence de révision de la politique agricole commune (PAC) qui « représente toujours 63% des subventions dommageables à la biodiversité en France soit 6,5 milliards d’euros par an ».
« L’objectif est de supprimer progressivement ces subventions néfastes », a affirmé Sarah El Haïry à l’AFP, annonçant qu’une « mission » allait être lancée « avec les ministères de l’Économie et de l’Agriculture » afin de « réorienter » ces subventions « pour accompagner la transition écologique ».
La Première ministre a confirmé qu’un milliard d’euros allaient être consacrés à la protection de la nature et de l’eau en 2024, en hausse de 250 millions d’euros. « Il s’agit d’une première étape, pour des besoins complémentaires estimés à 450 millions d’euros en 2027 », a précisé le cabinet de Mme El Haïry.
Le gouvernement a confirmé vouloir placer, d’ici 2030, 10% du territoire national en « protection forte » (contre 4,2% en 2023).
Promis pour cet automne, le nom de l’emplacement du futur « parc national des zones humides » sera finalement connu « au printemps », a indiqué Mme El Haïry, qui a aussi évoqué la création de Tracnat, un service qui serait le pendant de Tracfin pour lutter contre le commerce illégal de ressources naturelles.
© AFP
À lire aussi
Biodiversité : le gouvernement dévoile sa stratégie, attendue de longue date
3 commentaires
Ecrire un commentaire
Balendard
Oui l’urgence du changement est bien là et le temps qui ‘passe nous le rappelle tous les jours
Voir à ce sujet les 2 fichiers
http://www.infoenergie.eu/riv+ener/5le%20temps%20qui%20passe.pdf
et
http://www.infoenergie.eu/riv+ener/6urgence-changement.pdf
Philippe Griffiths
Ça c’est le discours officiel… En pratique, Macron va à Nantes en avion pour planter 1 arbre, les députés s’abstiennent et permettent le glyphosate pour 10ans , etc, etc. Ne nous prendrait on pas pour des c… ?
dany
« Elle » veut des
« veut des résultats radicaux sans « brutalité » »
En effet, y a pas urgence…. En en reparlera dans 30 ans.
Une Elisabeth qui ne sais pas placer les Bornes où il faut ni quand il faut.