Reykjavik (AFP) – L’éruption volcanique en Islande diminuait d’intensité mardi soir le long de la faille de quatre kilomètres qui s’est ouverte lundi au sud-ouest de Reykjavik après des semaines d’activité sismique.
Cette nouvelle éruption, la quatrième en deux ans, a eu lieu à trois kilomètres d’une petite ville de 4.000 habitants, Grindavik, évacuée depuis le 11 novembre après la déclaration de l’état d’urgence dans la région suite à une importante accumulation de magma.
La centrale géothermique de Svarstengi, qui fournit électricité et eau à environ 30.000 habitants de la région, se trouve à deux kilomètres à l’ouest de l’éruption. Les autorités ont construit un mur de protection autour de l’installation depuis novembre.
L’éruption a commencé lundi à 22H17 (GMT) à la suite d’un tremblement de terre vers 21H00, selon l’institut météorologique islandais (IMO).
« L’éruption continue de s’affaiblir. De nouvelles images aériennes de la zone montrent qu’il y a maintenant trois évents (sorties de lave, ndlr) en éruption au sud-est de Stóra-Skógfell, contre cinq auparavant », indique l’IMO dans un bulletin actualisé à 18H30 GMT, qui anticipe cependant de nouvelles sorties de lave le long de la fissure.
Suite à l’éruption de Sundhnúksgíga, « la terre à Svartsengi s’est affaissée de plus de 5 cm. Auparavant, le terrain s’était élevé d’environ 35 cm depuis la formation du canal magmatique le 10 novembre », ajoute l’institut.
Les images de l’éruption diffusées en direct montrent des jets de lave orange vif s’échappant d’une faille, entourés de nuages de fumée rouge se détachant sur le ciel. En décembre, le soleil se lève vers 11H00 et se couche vers 15H00 près de cette zone, au sud du cercle Arctique.
« Nos pensées vont (…) à la population locale (de Grindavík, NDLR), nous espérons le meilleur, mais il est clair qu’il s’agit d’une éruption considérable », a écrit la cheffe du gouvernement islandais, Katrín Jakobsdóttir, sur Facebook.
« Beau et terrifiant »
La fissure mesure environ quatre kilomètres de long, bien plus longue que lors de la dernière éruption de l’été.
« Pour le moment, il n’y a aucune perturbation aux arrivées ou aux départs à l’aéroport de Keflavik », a précisé durant la nuit sur son site internet l’opérateur des aéroports islandais ISAVIA, le trafic étant relativement faible à cette heure tardive.
Le chef de la protection civile et de la gestion des urgences en Islande Vídir Reynisson a prévenu que cette nouvelle éruption « n’est pas une éruption touristique et vous devez l’observer de très loin », à la télévision publique locale RUV.
Des touristes se sont rassemblés mardi soir sur une colline en bordure de la route, fermée, menant à la ville de Grindavík.
« Ce n’est pas l’oeuvre des hommes, c’est vraiment la mère-nature », estime Leo Kill, un touriste coréen de 31 ans. « C’est pourquoi on se sent si petit, on ne peut rien faire face à cette nature ».
« C’est terrifiant et beau à la fois ! Je suis venu ici pour voir un peu le feu de loin et prendre quelques photos », abonde Jimmy Nguyen, consultant en vacances.
Nouveau cycle volcanique?
Toutes les routes autour de Grindavík sont fermées et doivent le rester au cours des prochains jours, a annoncé la police sur Facebook, précisant que la population ne court aucun danger en l’état actuel.
En 2021, 2022 et en juillet dernier, les éruptions volcaniques, dans un secteur inhabité des environs, étaient devenues des attractions touristiques majeures, attirant près de 680.000 visiteurs, selon l’Office du tourisme islandais.
En octobre, des signes d’un gonflement du sol avaient été détectés près du « Lagon bleu », célèbres bains chauds aux eaux turquoises très prisés des touristes. Le site avait partiellement rouvert dimanche.
Jusqu’en mars 2021, la péninsule de Reykjanes, au sud de la capitale Reykjavik, avait été épargnée par les éruptions pendant huit siècles.
Depuis, il y en a eu deux autres, en août 2022 et juillet 2023, signe, pour les volcanologues, d’une reprise de l’activité volcanique dans la région.
Trente-trois systèmes volcaniques sont considérés comme actifs dans ce pays de feu et de glace, région la plus volcanique d’Europe
Routes endommagées
Le 11 novembre, les habitants de Grindavik avaient été évacués par précaution après des centaines de séismes provoqués par le déplacement du magma sous la croûte terrestre, un signe potentiellement avant-coureur d’une éruption volcanique.
Bâtiments et routes de la ville ont été largement endommagés par cette activité sismique.
En 2010, le volcan Eyjafjallajökull, dans le sud de l’île, avait été à l’origine de la plus forte perturbation du trafic aérien en temps de paix. Un titre depuis effacé des tablettes par la pandémie de Covid-19.
© AFP
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