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Après un siècle d’absence, les huîtres de retour dans le port de Belfast

huitres belfast

Le responsable de la conservation marine de Ulster Wildlife, David Smyth, tient une cage à huîtres dans le port de Belfast, le 28 novembre 2023 © AFP/Archives PAUL FAITH

Belfast (AFP) – Disparues depuis longtemps du port de Belfast, où le Titanic a été construit, les huîtres y font leur retour avec l’installation de récifs ostréicoles dans cette anse d’Irlande du Nord, dans l’espoir d’améliorer la vie marine et la qualité de l’eau.

Jusqu’au début du XXe siècle, la zone abritait de vastes récifs d’huîtres, mais leur population a été progressivement décimée par la surpêche, les maladies et la pollution, explique l’organisation de protection de la nature Ulster Wildlife.

« Nous faisons renaître un habitat disparu », indique son responsable de la conservation marine, David Smyth, interrogé par l’AFP sur un quai du port, situé à proximité d’une autoroute bruyante et d’imposants bâtiments commerciaux du centre-ville de Belfast.

Les humains récoltent ces mollusques depuis l’âge de pierre dans les mers européennes, où de vastes bancs d’huîtres sont naturellement présents. Mais selon Ulster Wildlife, leurs populations ont été amputées de 95% depuis le XIXe siècle, faisant de ces récifs l’un des habitats parmi les plus menacés d’Europe.

Le mois dernier, quelque 700 mollusques – amenés d’Écosse par camion, mesurés puis testés pour éviter l’introduction de maladies – ont été plongés dans l’anse de Belfast, dans une douzaine de cages équipées d’étagères.

Leur introduction devrait permettre de créer une sorte de « récit corallien », indique David Smyth, qui contrôle la santé de ces huîtres avec une équipe de chercheurs affiliés à ce projet de parc d’élevage.

Après avoir sorti les cages de l’eau, les scientifiques s’attèlent à retirer minutieusement chaque coquille, et les placent sur la jetée pour les mesurer et les peser.

La première étape de la formation d’un récif est la réunion de deux huîtres en paires, explique M. Smyth.

« Imaginez 100.000 d’entre elles collées les unes aux autres, c’est ça que nous voulons obtenir. Grâce à elles, des millions de larves vont s’installer autour du rivage et sur les fonds marins », se réjouit-il.

La réintroduction de ces mollusques et la restauration de leur habitat devrait permettre de favoriser la biodiversité marine, et d’améliorer la qualité de l’eau, estime Ulster Wildlife.

« Une fois que ces animaux commencent à former leurs lits, les petits poissons et crustacés comme les moules, les balanes, les vers, les escargots et les algues viendront y vivre et s’y nourrir », détaille David Smyth.

Chaque huître a aussi le pouvoir de filtrer quelque 200 litres d’eau de mer chaque jour, permettant le passage de davantage de lumière et la croissance de plus de plantes aquatiques.

Le passage des cargos et des ferries, qui génère de la pollution dans les voies navigables de l’anse, peut toutefois poser des difficultés dans la recréation de cet habitat.

Pendant une grande partie du XIX et XXe siècle, la construction navale a été l’une des industries phares de Belfast, et les portiques jaunes du chantier qui a bâti le Titanic restent un emblème de ce paysage d’Irlande du Nord.

Le stockage de charbon et l’activité des tanneurs ont également dégradé l’environnement du port pendant de longues décennies.

« Il est très difficile pour les larves d’huîtres de s’implanter et de grandir si elles sont exposées aux polluants présents dans les voies de navigation industrielle », reconnaît David Smyth.

Mais les mollusques du projet ont réalisé des « performances impressionnantes » jusqu’à présent, et seulement deux d’entre eux ont péri sur les 700 installés à Belfast.

D’autres projets de réintroduction doivent être lancés dans les années à venir, ajoute-t-il.

Plusieurs pays d’Europe mènent des efforts similaires, encouragés par le succès d’un programme lancé à New York il y a une dizaine d’années.

« New York est l’exemple parfait pour montrer que ces animaux peuvent prospérer dans une zone industrielle », détaille M. Smyth, qui espère qu’à Belfast, comme aux Etats-Unis, l’amélioration de la biodiversité marine pourrait faire revenir des dauphins. « On ne sait jamais! »

© AFP

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