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Efficacité et secteur privé, la recette gagnante pour le climat selon la Banque mondiale

Ajay Banga président banque mondiale

Le président de la Banque mondiale Ajay Banga dans son bureau au siège de l'institution à Washington, le 3 janvier 2024 ©AFP Jim WATSON

Washington (AFP) – La transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique, qui nécessitent des milliers de milliards de dollars, ne seront possibles qu’avec le soutien financier du secteur privé, insiste le président de la Banque mondiale (BM), Ajay Banga, dans un entretien accordé mercredi à l’AFP.

Mais pour convaincre les entreprises de la soutenir dans ce domaine, l’institution basée à Washington doit continuer ses réformes et aller plus vite dans la réalisation de ses projets, poursuit-il, reconnaissant la nécessité pour la Banque d’être « plus rapide et concentrée sur le résultat ».

« Les gouvernements et banques multilatérales n’ont pas assez d’argent » pour financer seuls la lutte contre le réchauffement climatique, rappelle l’ancien dirigeant d’entreprises américano-indien: « nous avons besoin que le secteur privé s’implique ».

Un rapport du G20 publié en juin dernier souligne la nécessité de multiplier par trois le capital de la Banque mondiale, « une excellente idée » juge son président mais « qui ne suffira pas pour nous amener aux milliers de milliards » nécessaires « simplement pour la transition énergétique ».

Arrivé en juin dernier à la tête de la BM, Ajay Banga, pousse depuis sa prise de fonction pour une banque « plus efficace et mieux financée » qui serait capable de répondre à sa mission réactualisée: « éliminer la pauvreté sur une planète vivable ».

Afin d’y parvenir, la « Banque doit changer et évoluer, c’est un point clairement souligné avant même mon arrivée » rappelle-t-il, une évolution essentielle pour « créer la crédibilité nécessaire et donner envie aux financiers de venir apporter de l’argent » aux projets portés par la BM.

« Adaptation »

L’institution doit notamment raccourcir le temps nécessaire à la réalisation de ses projets, un des principaux objectifs avancés par Ajay Banga, qui espère réduire de 30% les 27 mois actuellement nécessaires entre les discussions préliminaires et les premières dépenses.

Plus largement, les réformes en cours doivent permettre de rendre plus efficace l’ensemble du fonctionnement quotidien de l’institution, tout en lui permettant de continuer à « réaliser son bon travail: rappelez-vous que nous avons apporté 120 milliards de dollars de financement l’année dernière, nous ne pouvons pas couper cela ».

Ajay Banga se décrit dès lors comme « un plombier », qui veut s’assurer que la Banque « tourne comme une machine bien huilée » de sorte que « mon successeur, qui fera face à d’autres problèmes, puisse se concentrer dessus, pas sur la plomberie ».

Mais il convient également de montrer aux pays les plus pauvres que la lutte contre le réchauffement climatique ne prend pas le pas sur la réduction de la pauvreté, mission première de la Banque, admet M. Banga.

« Les pays du Sud reconnaissent qu’on ne peut lutter contre la pauvreté sans lutter contre le changement climatique mais la différence est ce que l’on entend par +changement climatique+ », souligne-t-il.

« Pour les pays développés, cela signifie limiter le changement climatique, et cela passe par les émissions de gaz à effet de serre, alors que le monde en développement pense adaptation, car ils voient l’impact du réchauffement en terme d’irrigation, précipitations, dégradation des sols, perte de biodiversité », explique Ajay Banga.

« Compromis »

Afin d’y répondre, la Banque a donc annoncé que 45% de ses financements iront a des projets de « limitation ou adaptation » au changement climatique, « une moitié à la limitation, l’autre moitié à l’adaptation ».

« C’est important pour les Etats bénéficiaires car ils voient que la moitié des 45% va vers des sujets qui les concernent et que les 55% restants sont toujours disponibles. Pour les pays donateurs, savoir que la moitié des 45% va à des projets de limitation est quelque chose qui importe », fait-il valoir.

« Nous devons arriver à ces compromis, pour montrer aux donateurs et bénéficiaires que la Banque cherche à aller dans la bonne direction ».

Il faut cependant également rassurer « les pays du Sud, qui attendent toujours l’argent promis lors de la COP de Paris », soit 100 milliards de dollars, pour financer leur transition climatique mais qui ne sont jamais arrivés.

Plus récemment, l’aide massive à destination de l’Ukraine a suscité des critiques en Afrique, y voyant le signe que l’institution privilégiait les sujets jugés importants par les pays occidentaux.

Un « malentendu », assure Ajay Banga, qui rappelle que « la Banque mondiale met nettement plus d’argent en Afrique sub-saharienne qu’en Ukraine », l’immense majorité des fonds concernés provenant directement de pays donateurs, via la BM.

Mais il y a désormais « une volonté » des pays du Nord de « rendre les financements nécessaires disponibles pour les pays les plus pauvres, le message est parvenu chez les pays développés », assure M. Banga.

© AFP

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