Paris (AFP) – Les inondations exceptionnelles dans le Pas-de-Calais sont dues à plusieurs causes, dont la première est le record de pluies en octobre-novembre, qui ont gorgé les sols.
Pluies d’octobre-novembre
Les pluies des 30 derniers jours ne sont pas marquantes, par rapport aux normales, indique Météo-France. C’est vraiment la période de mi-octobre à mi-novembre qui fut exceptionnelle, d’ailleurs partout en France: le record national précédent sur 30 jours (187 mm) avait été largement battu (avec 237 mm).
Spécifiquement dans le Pas-de-Calais, 305 mm sont tombés entre le 18 octobre et le 16 novembre.
Au total, du 15 octobre au 2 janvier, les cumuls de pluie dans le Pas-de-Calais avoisinent 800 mm localement, soit plus de 2,5 fois la normale à cette période, selon l’organisme météo.
« On a affaire à une succession de perturbations qui délivrent des quantités de pluie modérées, mais très régulières, sur les mêmes zones », analyse Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France.
Sols gorgés d’eau
Les sols sont donc saturés en eau depuis plus de deux mois. L’eau n’est plus absorbée, causant les inondations.
« C’est le principe de l’éponge », remarque Matthieu Sorel. « Au bout d’un moment, l’éponge n’absorbe plus, et donc ça ruisselle. C’est exactement ce qu’il se passe sur ce département-là. »
Topographie et vent
Pour le climatologue, la topographie est également « propice à ce genre d’inondations », à savoir « des terrains relativement bas par rapport au niveau de la mer avec de très faibles pentes qui limitent l’écoulement des eaux. »
Bien que constituant des « éléments très minoritaires », le vent peut également « contrarier l’écoulement des eaux ». « Si en plus vous conjuguez cela à des phénomènes de fortes marées et de vagues, effectivement, on va avoir encore un retardement de l’écoulement des eaux fluviales dans la mer ».
Canaux mal entretenus
Le Pas-de-Calais, notamment dans la région de Saint-Omer touchée par les crues, est connu pour ses zones de marais et ses canaux.
Depuis une loi de 2014, l’entretien du réseau des wateringues (appelées aussi watergang), cet ensemble d’ouvrages permettant de rejeter les eaux pluviales vers la mer et qui ont façonné au cours des siècles le paysage plat des Flandres et de l’Artois, relève des collectivités locales et non plus de l’Etat.
Les pompes historiques des wateringues, ces canaux et fossés de drainage, ont été débordées. Selon le ministre Christophe Béchu, ces crues ont révélé un manque d’investissement et d’entretien.
Urbanisation
Les agriculteurs dénoncent de leur côté des cours d’eau et des bassins de rétention envasés et pas assez curés.
« L’eau se gère de haut en bas. Il faut travailler l’aval, la question du dernier kilomètre avant la mer », explique plus largement Christian Durlin, chargé de l’environnement au syndicat agricole FNSEA.
Or le fleuve côtier Aa ayant débordé se jette dans la mer du Nord entre Dunkerque et Calais, dans une zone très urbanisée. « Il n’y a pas de solution unique: Est-ce qu’il faut curer, désartificialiser, recreuser, augmenter le volume de pompage… sans doute un mélange de tout cela, tenant compte du terrain », estime-t-il.
Le changement climatique ?
« Si l’on regarde les projections du Giec, on aura tendance, plus tard, dans un climat qui se réchauffe, à avoir plus de précipitations sur la période hivernale sur l’Europe du Nord, et donc, sur une partie nord de la France », souligne Matthieu Sorel.
Lorsque l’atmosphère se réchauffe, elle contient en effet plus de vapeur d’eau, ce qui peut faire plus pleuvoir.
Mais il faudrait mener une véritable étude scientifique d’attribution pour savoir à quel point le dérèglement du climat a eu un rôle dans les pluies depuis octobre.
© AFP
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