La grippe aviaire touche pour la première fois un ours polaire

paysage arctique glace

Paysage du Svalbard © Yann Arthus-Bertrand

Le virus H5N1 de la grippe aviaire a tué un ours polaire en Alaska en décembre dernier.  Les causes du décès de cet animal sauvage ont été confirmées par le département de la conservation de l’environnement. C’est le premier individu de son espèce à mourir de la grippe aviaire. L’animal aurait mangé des oiseaux contaminés par le virus H5N1.

« Au cours des deux dernières années, la liste des mammifères tués est devenue énorme. Le virus a tué un si large éventail de mammifères prédateurs et charognards, ce n’est plus seulement une maladie touchant la volaille », alerte Diana Bell, professeure émérite de biologie de la conservation à l’Université d’East Anglia, dans un entretien au Guardian. « C’est horrible », déclare-t-elle face à l’arrivée du variant particulièrement contagieux en Arctique après avoir également atteint l’Antarctique en octobre dernier. Des centaines d’éléphants de mer y ont été retrouvés morts ainsi que des otaries à fourrure, des goélands et des labbes bruns.

La mondialisation de la grippe aviaire

L’épidémie se propage de manière inédite dans l’hémisphère Sud et touche des espèces sauvages depuis quelques années. La diffusion de ce virus ne se cantonne désormais plus seulement aux espèces domestiques. Elle est favorisée par l’élevage intensif et la mondialisation, est responsable de la mort de plusieurs animaux sauvages dont des millions d’oiseaux et des milliers de mammifères dans plus de 80 pays depuis 2021 selon le New York Times.

« La contamination est aujourd’hui extrême », alerte Jean-Pierre Vaillancourt, professeur à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. En plus de s’étendre aux terres reculées, le virus sévit sur l’ensemble du globe : Etats-Unis, Afrique du Sud, Hong Kong, Amérique Latine, Europe. Des mesures de prévention sont prises face à ce que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) désigne comme une « situation sans précédent ». 30 millions de volailles ont été abattues en France et 73 millions aux Etats-Unis rappelle Radio France.

Craintes pour les manchots et les pingouins

manchots sur bloc de glace en terre Adelie
Penguins on the pack ice – Adélie Land – Antarctica (South Pole) ©Yann Arthus-Bertrand

Cette propagation fait craindre le pire pour ces écosystèmes polaires qui sont d’autant plus vulnérables qu’ils sont aussi particulièrement fragilisés par le changement climatique. L’augmentation des températures diminue les ressources en nourriture et détruit l’habitat des espèces présentes. Ces dernières, jusqu’ici jamais exposées à la grippe aviaire, y sont donc particulièrement sensibles.

Les scientifiques parlent de « l’une des plus grandes catastrophes écologiques des temps modernes » si l’épidémie en vient à toucher les populations de pingouins. Les manchots d’Adélie dans l’Antarctique ont déjà vu 90 % de sa population disparaître à cause de la fonte des glaces, rapporte le média Novethic. 24 espèces endémiques des pôles, dont les ours, sont classées vulnérables ou menacées dans la liste rouge de l’IUCN (International Union for Conservation of Nature).

 

Louise Chevallier

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