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Les distances actuelles de sécurité ne protègent pas les riverains des pesticides


Village viticole de Heiligenstein, Bas-Rhin, France (48°25’ N - 7°27’ E). © Yann Arthus-Bertrand

L’association Générations Futures vient de publier une étude qui montre que les distances entre un site d’épandage et les habitations prévues par la réglementation sur les pesticides ne sont pas suffisantes pour protéger les riverains. Il ressort des mesures sur la présence de pesticides dans l’air effectuées dans 3 régions de France que même à 70 mètres de distance d’un champ traité par des pesticides les riverains y sont exposés. Or, aujourd’hui, la réglementation en vigueur depuis fin 2019 prévoit, selon le type de culture et les produits phytosanitaires utilisés, des distances comprises entre 5 et 20 mètres.

Un dispositif pour tester les pesticides présents en bordure des champs et à des distances de plusieurs dizaines de mètres

Dans le Nord (monoculture de céréales ou de pommes de terre), en Gironde et dans le Rhône (viticulture), l’association a déployé pendant 7 semaines 5 capteurs d’air sur une parcelle située à proximité de champs où des pesticides sont répandus. Pour cette 3e campagne de mesure de la pollution de l’air par les pesticides, l’association a donc installé à chaque fois un capteur sur chaque bord et un au centre de la parcelle testée ainsi qu’un capteur contrôle en milieu urbain, dans la ville la plus proche du site où les relevés sont réalisés.  Ces instruments de mesures sont séparés de quelques dizaines de mètres.

Des pesticides dans l’air jusqu’à 70 mètres des zones traitées

Ils enregistrent la présence, mais pas les concentrations, de pesticides utilisés en France. « Les distances n’ont pas réduit les quantités de pesticides captés dans les capteurs », affirme François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. Il précise que plus d’une trentaine de produits ont été retrouvés dans les capteurs, qui varient selon les régions et les cultures avoisinantes. On y trouve notamment du glyphosate et du folpel. « Au-delà des distances actuelles prévues par la réglementation sur l’épandage des pesticides les riverains qui vivent à proximité des cultures sont exposés à des cocktails de pesticides », précise François Veillerette. Il parle là des personnes dont la maison se trouve dans les champs, ainsi que d’une partie des habitants des petites villes et villages des campagnes françaises.

L’association préconise donc de réduire les quantités de pesticides employées ainsi que d’avoir des zones de non-traitement sur une distance de 150 mètres des habitations. Ce qui, selon une étude de chercheurs d’AgroParisTech, correspond à 30 % de la surface agricole de la France métropolitaine.

De plus, insiste François Veillerette, il faut désormais que les plans ÉcoPhyto dont l’ambition est de réduire l’utilisation des pesticides et des engrais de synthèse en place depuis des années ne reposent plus seulement sur la bonne volonté car les objectifs de réduction des produits phytosanitaires n’ont pas été atteints. Le 3e volet de ce plan doit être dévoilé dans les semaines à venir. Dans le cadre de la prévention, François Veillerette rappelle le rôle des chartes de bon voisinage entre les exploitants et les riverains. Selon le porte-parole de l’association Générations Futures, il faut « adapter les pratiques agricoles dans les zones de non-traitement. Nous sommes en faveur de l’agriculture mais pas n’importe laquelle ».

Julien Leprovost

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Pour aller plus loin

Riverains exposés aux pesticides dans l’air : Même 70 mètres ne suffisent pas ! sur le site de Générations Futures

L’étude Pesticides : c’est dans l’air ! Episode 3 : Focus sur trois zones agricoles de Générations Futures

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2 commentaires

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    • Henri DIDELLE

    Il n’est pas nécessaire d’avoir fait Polytechnique pour comprendre cela. C’est la même chose avec les cultures OGM qui peuvent contaminer les cultures voisines. Il faut absolument prendre des mesures beaucoup plus rigoureuses pour réduire drastiquement les effets collatéraux (augmenter les distances de protection, interdire l’épandage les jours avec du vent, diminuer les doses admissibles…).
    Il est tout à fait anormal que le voisinage soit exposé à des produits toxiques pendant que certains font n’importe quoi pour augmenter le rendement. Je ne comprends pas pourquoi on laisse perdurer ces pratiques  »criminelles » par certains cotés.

    • LETE

    Les pesticides sont en aérosol quand ils sont répandus et transporté par les vents sur des centaines de km et se propage partout, on en Retrouve même dans la ville de paris et contaminés les populations partout sur le territoire, alors qu’on arrête de nous raconter des histoires et de nous prendre pour des demeurés…