Sainte-Anne (France) (AFP) – Debout en bordure de son terrain de 2 hectares à Sainte-Anne (est), Cynthia Dalleau a le regard perdu en contemplant les dégâts. Le cyclone Belal qui a secoué l’île de la Réunion lundi ne lui a pas laissé grand-chose.
« Dans mon champ de bananes de 5.000 m2, tout est à terre », souffle la jeune agricultrice. « Il avait été planté en avril 2023 et devait entrer en production cette année, ça s’annonce très mal ».
Si le cyclone n’a pas eu les effets « cataclysmiques » un moment redoutés par la préfecture du département français de l’océan Indien, il a en revanche lourdement impacté le secteur agricole de l’île.
Les pluies torrentielles et les rafales de vent surpuissantes ont tout dévasté sur leur passage.
« Il est trop tôt pour avoir une estimation globale des pertes », indique Frédéric Vienne, le président de la Chambre d’agriculture locale. Mais « on sait déjà qu’elles seront supérieures à celles de Bejisa », le cyclone qui avait frappé La Réunion début janvier 2014.
A l’époque, les pertes avaient été évaluées à plus de 40 millions d’euros, rappelle-t-il.
Cynthia Dalleau, elle, avance dans son champ et montre son « carreau » (sa « parcelle » en créole réunionnais, ndlr) d’ananas.
Gorgés d’eau, les fruits commencent à pourrir sous le soleil revenu darder ses rayons sitôt Belal parti.
La bâche qui protégeait 1.500 m2 de plants a été arrachée. Une serre produisant des melons est « fichue ». « Elle a été complètement dévastée par les vents et les pluies », soupire l’agricultrice.
« On a tout perdu »
« Choux, brocolis, pommes de terre, poireaux, carottes, on a tout perdu. On ne sait pas par où recommencer », déplore Bruno Gruchet, 30 ans.
Maraîcher au Tampon, dans le sud de l’île, il a rencontré mercredi matin le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, venu constater les dégâts.
La visite ministérielle « ne nous rendra pas la terre lessivée, il nous reste que des cailloux. Il va falloir du temps pour enrichir la terre à nouveau, faire des apports de fumier, des engrais », poursuit-il.
Le contexte est d’autant plus compliqué que « le fumier est difficile à trouver et le prix des engrais a augmenté », poursuit l’exploitant.
Dès mardi, la chambre d’agriculture, l’association des maires et le conseil départemental ont demandé la reconnaissance en urgence de l’état de catastrophe naturelle pour toute la Réunion alors que, selon Frédéric Vienne, « il n’y a pas une seule zone de l’île, ni un seul secteur agricole qui n’a pas été impacté ».
Sur X (ex-Twitter), Gérald Darmanin a assuré que l’état de catastrophe naturelle serait « étudiée dès vendredi pour être décrété en tout début de semaine prochaine ».
Selon lui, « une procédure très simplifiée » permettra de « déclencher des dédommagements très importants ».
Mais les agriculteurs ont une autre inquiétude.
« Les marchés vont être tristes ces prochains jours. Même les étals des grandes surfaces vont être vides. Ma crainte est qu’il y ait recours à l’importation massive. On sera perdant et le consommateur avec nous puisque les prix vont s’envoler », se méfie Frédéric Vienne.
Mercredi en milieu de journée, les rayons de plusieurs commerces étaient vides de fruits et de légumes.
Seules étaient en vente des pommes de terre et des bananes. « Mais même les bananes vont manquer très vite, tous les plants sont au sol », se désole Frédéric Vienne.
© AFP
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