Soutenez GoodPlanet Mag’ et les projets engagés de la Fondation GoodPlanet en faisant un don !

Ecologie, gazole, Europe: nouvelle journée de mobilisation des agriculteurs

crise agricole

Manifestation d'agriculteurs en colère bloquant l'autoroute A64 près de Carbonne, au sud de Toulouse, le 22 janvier 2024 © AFP Valentine CHAPUIS

Paris (AFP) – Routes bloquées, appels médiatiques: les agriculteurs poursuivent mardi leurs actions pour obtenir des « mesures concrètes », après des discussions toujours dans l’impasse avec le gouvernement de Gabriel Attal et alors que s’ouvre une réunion des ministres européens du secteur.

A l’aube mardi, la préfecture de la Drôme a signalé qu' »une vingtaine de tracteurs d’agriculteurs bloquent la circulation dans les deux sens à hauteur d’Albon sur l’autoroute A7″, dans une publication sur le réseau social X.

Lundi soir, le gouvernement a accueilli les syndicats majoritaires pendant un peu plus de deux heures, sans annonce à la sortie.

Il n’y aura « pas de levée des actions » menées par les agriculteurs tant qu’il n’y aura « pas de décisions concrètes » de l’exécutif, avait déclaré lundi le président de la FNSEA Arnaud Rousseau à la sortie de cette rencontre.

« On attend du Premier ministre que dans la semaine, il puisse faire un certain nombre de déclarations qui fassent bouger les lignes sensiblement », a-t-il précisé.

M. Rousseau a notamment évoqué le sujet d’une remise immédiate sur le gazole pour les tracteurs, au lieu d’un remboursement sur facture et déclaration.

M. Attal veut « aller vite », « dans la semaine » pour certaines annonces, a affirmé le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, qui s’est exprimé après la FNSEA et le syndicat Jeunes agriculteurs au sortir de la réunion.

« Je crois qu’on partage objectivement le diagnostic », a ajouté le ministre, pour qui « les agriculteurs ont besoin qu’on le traduise en acte », avant d’indiquer que le Premier ministre s’est engagé à aller à leur rencontre.

Réduire les « paperasseries »

Premier syndicat agricole français, la FNSEA, a remporté depuis plusieurs années de nombreux arbitrages auprès du gouvernement, comme sur les taxes sur l’eau ou les pesticides, mais la masse des agriculteurs continue de se plaindre de crouler sous les normes et de ne pas gagner assez bien sa vie.

Parmi les multiples revendications entendues sur le terrain: des simplifications administratives, pas de nouvelle interdiction de pesticides, arrêter d’augmenter le prix du gazole pour les tracteurs, être indemnisé plus vite après des calamités ou encore la pleine application de la loi censée obliger les industriels et les grandes surfaces à mieux payer les agriculteurs.

Gabriel Attal avait déjà promis samedi de « faciliter la vie » des agriculteurs en réduisant les « paperasseries ».

Les blocages routiers ont commencé jeudi soir en Occitanie, où l’A64 entre Toulouse et Bayonne est coupée à la circulation au niveau de Carbonne (Haute-Garonne), à 45 km de Toulouse. Elle devrait le rester mardi.

Depuis lundi, l’A62 est bloquée au niveau d’Agen dans les deux sens. Les agriculteurs ont aussi déversé des pneus sur les voies ferrées à l’entrée de la gare d’Agen, où la circulation est bloquée depuis 18h15 environ. Et le mouvement pourrait faire tâche d’huile : les Jeunes agriculteurs de l’Oise ont annoncé à l’AFP un blocage de l’autoroute A16 mardi en début d’après-midi au niveau de Beauvais.

Mais « aucune évacuation des blocages par les forces de l’ordre n’est prévue à ce stade car il n’y a pas de dégradations », a assuré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

L’UE sous pression

Le gouvernement craint un embrasement car, des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne ou l’Allemagne, les agriculteurs multiplient les actions contre les hausses des taxes et le « Pacte vert » européen.

Mardi, les ministres européens du secteur agricole se réunissent à Bruxelles, avant le lancement jeudi d’un « dialogue stratégique » destiné à « dépasser le clivage dans les débats sur la transition écologique » au cœur des textes législatifs du Pacte vert de l’UE.

Si les récentes manifestations évoquent des facteurs nationaux divers (fin des subventions au gazole en Allemagne, par exemple), les secousses se sont multipliées partout: épisodes climatiques extrêmes (sécheresse, inondations), grippe aviaire, flambée des prix de l’énergie…

Autre sujet clivant: l’afflux de produits agricoles ukrainiens dans l’UE depuis la levée des droits de douane en 2022. Bruxelles doit se prononcer sous peu sur sa reconduction en juin, avec de probables mécanismes « de sauvegarde ».

Surtout, s’exprime de façon diffuse une « exaspération » commune face à une « surchauffe réglementaire », estime Christiane Lambert, présidente du Copa-Cogeca, l’organisation des syndicats agricoles majoritaires européens.

© AFP

À lire aussi

Coopératives agricoles, la dérive d’un système

Michel Vampouille, président de Terre de Liens : « la revalorisation des métiers de base qui nous permettent de vivre est indispensable dans tous les secteurs de la société y compris dans l’agriculture »

2 commentaires

Ecrire un commentaire

    • Francis

    Mettre en guillemets les mots « faciliter la vie » et « paperasseries » est significatif de la malhonnêteté journalistique de Good Planet Mag. Ces guillemets ne se trouvent pas dans les paroles du premier ministre.

    • Francis

    Le fond du problème, commun à tous les pays de l’UE, est que l’agriculture est systématiquement sacrifiée au profit de l’industrie dans les accords de libre échange ou aux considérations de géopolitique avec l’Ukraine.