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Veolia à la poursuite du gisement des énergies perdues

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Dans une usine d'incinération de déchets, le 18 janvier 2024, à Londres © AFP Daniel LEAL

Londres (AFP) – Une pince géante actionnée par une grue plonge dans une montagne d’ordures haute de plusieurs étages. Elle déverse son chargement dans un immense fourneau dont on observe par de petites lucarnes les flammes furieuses génératrices d’énergie.

Dans cette usine d’incinération de Veolia à Londres, quelque 1.000 tonnes de déchets non recyclables sont consumés chaque jour, produisant électricité et chauffage pour des milliers de logements aux alentours.

Mais le groupe pense qu’il peut faire encore mieux. Thomas McCrae, directeur opérationnel, montre ainsi à l’AFP de la brume de chaleur qui s’échappe du toit de l’usine: il s’agit pour lui d’un exemple d’énergie qui pourrait idéalement être récupérée.

Le groupe français, l’un des principaux acteurs européens du traitement des déchets, voit dans la chasse au gaspillage d’énergie une source de « décarbonation » et une nouvelle mine d’or.

Estelle Brachlianoff, la directrice générale du groupe français, décrit ainsi « un réservoir inexploité de chaleur perdue, d’eaux usées, de déchets non recyclables, qui peuvent produire de l’énergie et de la bioénergie« , lors d’une présentation à la presse à Londres.

Les déperditions en tout genre représentent, selon Veolia, un marché potentiel de 500 milliards d’euros par an à horizon 2030, et 400 gigawatts en Europe à horizon 2030, soit l’équivalent de la consommation d’un pays comme l’Italie.

L’énergie représente déjà, à 10,5 milliards d’euros, un quart de son chiffre d’affaires global annuel. L’entreprise voit dans l’ensemble de ces activités (bioénergie, services d’efficacité énergétique, chauffage urbain et réseaux de froid) un énorme moteur de croissance.

Le groupe français exploite 10 usines similaires au Royaume-Uni, qui traitent environ 2,3 millions de tonnes de déchets non recyclables et les brûlent pour les transformer en électricité pour plus de 400.000 foyers.

De quoi éviter « l’utilisation de combustibles fossiles« , argumente l’entreprise – une affirmation battue en brèche par les organisations écologistes qui rappellent que l’incinération de déchets reste émettrice de CO2.

Greenpeace dénonce même un « triple échec« : au lieu de s’employer à réduire, réutiliser ou recycler, les usines comme celle de Veolia à Londres ont besoin d’ordures à incinérer et dépendent donc d’un modèle économique producteur de déchets.

« Beaucoup des matériaux brûlés sont en plastique » donc c’est « toujours des carburants fossiles (qui émettent) des gaz à effet de serre« , avec en plus des polluants chimiques, dénonce Nina Schrank, de Greenpeace UK, interrogée par l’AFP.

Veolia met en avant que les émissions de ses usines sont filtrées et obéissent à des normes réglementaires.

Estelle Brachlianoff estime pour sa part que le nerf de la guerre réside dans « l’ecodesign« , et notamment l’élimination de « couches d’emballage » plastiques difficiles à recycler.

Optimisation

Pour Veolia, la chasse aux déperditions d’énergie thermique va au-delà de ses propres usines. Elle donne l’exemple, parmi ses clients, de la récupération du froid dans un terminal gazier du port de Barcelone, ou de chaleur d’une usine Volkswagen en Pologne.

Estelle Brachlianoff met aussi en avant un projet d’optimisation de l’énergie contenue dans les batteries de la flotte de camions poubelle électriques du groupe à Londres.

Le réseau électrique britannique repose de plus en plus sur de l’énergie renouvelable, comme l’éolien ou le solaire, à la production dépendante de la météo et donc plus aléatoire que celle produite à partir de carburants fossiles. Il se retrouve parfois sous tension, comme lors de journées d’hiver glaciales mais sans grand vent ou soleil.

Veolia se propose alors de renvoyer sur le réseau national – géré par National Grid au Royaume-Uni – l’électricité des batteries de ses camions poubelles. Une première mondiale, affirme le groupe.

Le déploiement du projet pilote devrait démarrer en avril et pourrait s’étendre à toute la flotte de camions-poubelles du groupe au Royaume-Uni, soit 1.800 véhicules, que Veolia prévoit d’électrifier d’ici 2040.

« Il fait un froid glacial aujourd’hui. D’ici une heure, quand les gens vont rentrer chez eux, la demande d’électricité va bondir et le megawatt heure vaudra très cher« , relève Mme Brachlianoff.

Car pour Veolia, ces services pour aider à lisser la demande et l’approvisionnement sur le réseau électrique représentent aussi une source de revenus, un marché « à croissance rapide » qui génère déjà 200 millions d’euros par an.

© AFP

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