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Le meuble qui cache la forêt: un documentaire sur l’appétit d’Ikea pour le bois

ikea meuble qui cache la foret

Des chariots sur le parking d'un magasin Ikea, à New York, le 11 décembre 2023 © AFP/Archives Charly TRIBALLEAU

Biarritz (AFP) – Un arbre abattu toutes les deux secondes pour fabriquer des meubles. Un documentaire sur Ikea, présenté cette semaine en avant-première au festival Fipadoc de Biarritz, épingle les « coupes claires » du géant suédois dans les forêts mondiales.

Réalisé par Marianne Kerfriden et Xavier Deleu, co-produit par le média d’investigation Disclose et la société Premières Lignes, ce film qui voyage dans les pays fournisseurs du groupe sera diffusé le 28 février sur la chaîne Arte.

En Roumanie, en Pologne, en Suède, au Brésil ou en Nouvelle-Zélande, les auteurs ont rencontré des militants révoltés par l’exploitation du bois mais aussi des représentants de cette industrie essentielle à la multinationale, dont le chiffre d’affaires a dépassé 44 milliards d’euros en 2023.

Le documentaire présenté lundi puis vendredi à Biarritz est sélectionné dans la catégorie « Impact » du festival, consacrée aux droits humains, à la justice sociale et à l’environnement.

« On est là pour apporter notre pierre à l’édifice. Mais nous, les journalistes, on n’est pas les seuls, on arrive après les citoyens et les ONG qui ont travaillé » pour repérer les zones exploitées et documenter les coupes, estime Xavier Deleu, journaliste d’investigation et réalisateur.

L’enquête de Disclose a démarré dans la foulée d’une précédente, sortie l’an dernier. Elle portait sur un trafic de chênes depuis la France vers la Chine et avait permis de remonter le fil de sous-traitants d’Ikea « ayant recours au travail forcé dans les prisons et les colonies pénales biélorusses », selon le média d’investigation.

« On s’est dit qu’il fallait creuser davantage. Très vite, c’est l’angle environnemental qui nous a paru pertinent parce qu’un arbre abattu toutes les deux secondes juste pour les besoins d’Ikea, c’est énorme », retrace Marianne Kerfriden, qui avait déjà réalisé « L’ogre du lait » sur Lactalis en 2020.

 Empreinte

Intitulé « Ikea, le seigneur des forêts », le documentaire s’interroge sur le passage « d’une époque où l’on ne posait pas la question de l’empreinte écologique de nos achats, à une autre où l’on ne peut plus acheter sans se demander d’où vient le produit, dans quelles conditions a-t-il été produit et quel est son poids pour l’environnement », abonde Xavier Deleu.

Selon lui, « on a tous oublié ce qu’est une forêt »: « Quand on voit des arbres partout le long d’une route, on est rassuré mais en réalité on ne va pas assez profond pour voir les coupes claires ».

« Une plantation d’arbres n’est pas une forêt », renchérit Marianne Kerfriden, pointant que l’Europe n’a quasiment plus de forêt primaire. « Elles ont toutes disparu, à l’exception de celle de Bialowieza, en Pologne. »

Pour Xavier Deleu, les exploitants « profitent du débat sur le réchauffement climatique en disant que ne pas couper d’arbres, ce serait laisser plus de place à des énergies fossiles ». Autrement dit, argumente l’industrie, « ce qu’on produit avec du bois remplace le plastique ».

Le film évoque aussi le sort de peuples autochtones comme les Samis, éleveurs de rennes qui voient la nourriture de leurs bêtes disparaître en Laponie; ou les Maoris, en Nouvelle-Zélande, chassés de leurs fermes par des projets de plantation d’arbres destinées, selon les auteurs, à assurer la neutralité carbone du géant suédois.

Celui-ci ne s’exprime pas face caméra mais a répondu par écrit aux réalisateurs.

Sollicité mardi par l’AFP, Ikra a répondu qu’il consommait « environ 0,5% du bois abattu chaque année dans le monde à des fins industrielles », assurant s’approvisionner exclusivement dans des forêts « gérées de façon éco-responsable, dont l’exploitation ne contribue pas à la déforestation ni ne viole les droits humains ».

« Notre approche consiste à travailler avec les populations locales, à respecter et défendre les traditions dans les zones où nous opérons » et « chaque année nous travaillons à replanter davantage d’arbres que nous en abattons », a ajouté le groupe, précisant avoir acquis « sur le marché » toutes les terres qu’il exploite en Nouvelle-Zélande.

© AFP

2 commentaires

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    • Guy J.J.P. Lafond

    L’idéologie de la croissance économique infinie sur Terre a atteint ses limites.
    Partout, les ressources naturelles s’épuisent de plus en plus devant le rythme effréné de production de toutes industries confondues qui doivent répondre aux besoins d’une population mondiale qui n’en finit plus de croître toujours plus rapidement.
    Et d’autre part, le message de nos chefs d’État ne devrait pas être de faire de nouvelles guerres comme cela se constate présentement. Des guerres pour stimuler d’abord l’industrie militaire et où ce sont souvent les enfants et les familles qui meurent bien plus que des soldats.
    Un message global et rassurant devrait être le suivant plutôt:
    « À toutes les nouvelles familles sur notre si fragile planète bleue, s.v.p. donner le cadeau de la vie à des enfants moins nombreux qu’auparavant et prenez mieux soin de ces enfants afin qu’ils puissent grandir en santé et en sécurité.
    Et à toutes les industries de la Terre, ralentissez vos productions à la chaine afin de donner à la Terre la chance de reprendre son souffle.”
    Il est vrai que la surface des forêts diminue.
    Il est aussi vrai que l’espèce humaine a pompé bien trop de pétrole du sous-sol en un siècle, tout cela pour simplement aller plus vite dans beaucoup trop de véhicules très lourds à énergie fossile.
    Ce qui m’inquiète le plus en ce moment, ce n’est pas tellement IKEA qui s’ajuste comme il peut en fabriquant par exemple plus de lits en métal qu’en bois, c’est davantage le fait qu’il y a bien trop de ferrailles sur quatre roues et bien trop d’autoroutes aussi sur Terre. C’est cela qui détruit le Climat.
    S.v.p., faisons plus d’efforts dans nos choix de consommateurs.
    Dans nos activités de tous les jours, faisons en sorte d’encourager les bonnes technologies de fabrication qui ne nuisent pas à l’épanouissement de la biodiversité sur Terre.
    S.v.p., moins de PIB et plus de BIB!
    Peut-être y aura-t-il alors des travailleurs qui seront mis à pied et qui devront se réinsérer dans un autre métier. Mais au moins, on sauvera des vies.
    Nous sommes dans un processus de transition et de révolution: l’économie doit s’ajuster à l’écologie.
    Action!
    @Guy J.J.P. Lafond
    https://mobile.twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329

    • Hervé

    Mais que fait l’Europe à ce sujet qui nous concerne tous et n’en parle jamais malgré les centaines de fonctionnaires, je m’interroge et je vous interroge et la Presse devrait interpeller le fils Kamprad, le PDG d’Ikéa qui a repris les Rennes, et sans jeux de mots, de son père Ingvar après sa mort en 2018