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Le changement climatique derrière la sécheresse dévastatrice de l’Amazonie en 2023, selon une étude

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Vue aérienne de bateaux échouéss au lac Puraquequara à Manaus, dans l'Etat d'Amazonas, le 6 octobre 2023 au Brésil © AFP/Archives Michael Dantas

Paris (AFP) – Le changement climatique a largement favorisé la sécheresse dévastatrice qui a frappé en 2023 l’Amazonie, l’un des écosystèmes les plus importants au monde pour stabiliser le climat mondial menacé par le réchauffement.

La sécheresse agricole historique a touché des millions de personnes dans tout le bassin amazonien, attisant d’énormes incendies de forêt, réduisant les principaux cours d’eau et causant des ravages catastrophiques sur la faune.

Certains experts ont suggéré que l’arrivée du phénomène météorologique naturel El Nino était à l’origine des conditions poudrières. Mais une nouvelle étude menée par des scientifiques du World Weather Attribution (WWA), publiée mercredi, révèle que le changement climatique causé par la pollution carbonée émise par la planète en était le principal responsable.

Selon eux, ce phénomène a rendu la sécheresse 30 fois plus probable de juin à novembre 2023. Et ils ont averti que la situation ne ferait qu’empirer à mesure que le climat se réchauffe, poussant l’Amazonie vers un « point de bascule » climatique.

Les scientifiques craignent que le changement climatique et la déforestation combinés n’intensifient l’assèchement et le réchauffement de l’Amazonie. Selon eux, cela déclencherait une transition accélérée de la forêt tropicale vers la savane et réduirait sa capacité à stocker le carbone.

La capacité de stockage de l’Amazonie est estimée à plus de 100 milliards de tonnes de carbone dans ses arbres et ses sols, soit plus de deux fois les émissions annuelles mondiales de toutes sources.

« L’Amazonie pourrait construire ou détruire notre lutte contre le changement climatique », a déclaré Regina Rodrigues, professeur d’océanographie physique et du climat à l’Université fédérale de Santa Catarina.

 « Point de bascule »

« Si nous protégeons la forêt, elle continuera à agir comme le plus grand puits de carbone terrestre au monde ». « Mais si nous permettons aux émissions d’origine humaine et à la déforestation de franchir le point de bascule, cela libérera de grandes quantités de dioxyde de carbone et compliquera encore davantage notre lutte contre le changement climatique », explique-t-elle.

Les conditions de sécheresse dans le bassin amazonien sont provoquées depuis la mi-2023 par de faibles précipitations et des températures élevées. Le niveau des rivières a été considérablement réduit, dévastant une région qui dépend de son labyrinthe de voies navigables pour son transport et ses besoins essentiels. Les récoltes ont été maigres, provoquant des pénuries de nourriture et d’eau potable. Les températures très chaudes de l’eau sont également liées à la mort d’environ 150 dauphins en l’espace d’une semaine dans un lac de l’Amazonie brésilienne.

Pour étudier le rôle que le changement climatique a pu jouer dans la sécheresse, les scientifiques ont utilisé des données météorologiques et des simulations sur modèles informatiques. Ils ont comparé le climat actuel – en prenant une augmentation de température d’environ 1,2 degré Celsius depuis l’ère préindustrielle – avec la situation d’avant le réchauffement climatique. Constat: le changement climatique a rendu les faibles précipitations 10 fois plus probables et la sécheresse agricole environ 30 fois plus probable.

Et si la sécheresse est actuellement un événement qui ne se produit qu’une fois tous les 50 ans, avec un réchauffement climatique de 2°C, l’Amazonie souffrirait de ces conditions environ tous les 13 ans, ont-ils averti.

« Ce résultat est très inquiétant », a déclaré Friederike Otto, maître de conférences en sciences du climat au Grantham Institute de l’Imperial College de Londres. « Le changement climatique et la déforestation détruisent déjà une partie des écosystèmes les plus importants du monde ».

Et de résumer: « Nos choix dans la lutte contre le changement climatique restent les mêmes en 2024: soit continuer à détruire des vies et des moyens de subsistance en brûlant des combustibles fossiles, soit assurer un avenir sain et vivable en les remplaçant rapidement par des énergies propres et renouvelables ».

© AFP

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