Une douceur hivernale à la fois record et bientôt ordinaire s’installe en France

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Une douceur hivernale à la fois record et bientôt ordinaire s'installe en France © AFP/Archives Nicolas TUCAT

Paris (AFP) – « On a oublié ce qu’était le froid en hiver »: après avoir été surpris par un petit épisode neigeux, autrefois banal, les Français abandonnent encore leurs gros pulls dès janvier sous l’effet d’un redoux parti pour durer deux semaines, au risque d’une éclosion précoce des végétaux.

Mercredi puis jeudi, « des records mensuels de températures maximales ont été atteints » le long de la Méditerranée, de l’Aude jusqu’au Var, ainsi que dans les Hautes-Pyrénées, au-dessus de 22°C.

« Les températures vont décliner un peu ces prochains jours mais remonter derrière, et on ne voit pas le bout de cet épisode de douceur sur les 15 prochains jours », nouvelle illustration du réchauffement climatique, explique Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France.

Profitant du ciel dégagé, les bras de chemises sont réapparus sous le soleil du littoral méditerranéen.

Mais une telle météo jusque « début février », « c’est beaucoup trop tôt pour la végétation » qui risque d’éclore comme au printemps, avertit l’ingénieur. « Si on a ensuite un épisode de gel tardif, comme en 2021 (…), alors on peut craindre de lourdes pertes agricoles ».

« On a oublié ce qu’était le froid en hiver », résume Matthieu Sorel. « Nos hivers sont de plus en plus doux: la semaine dernière, nous avions l’impression de vivre un froid extraordinaire ». Cet épisode, pourtant courant dans les annales, a touché la moitié nord du pays, causant d’importantes difficultés de transports à cause de la neige et du verglas.

Huit jours après, la douceur s’est généralisée sur le pays, le thermomètre remontant de plus de 10°C dans plusieurs régions dans la nuit de samedi à dimanche.

Douceur nocturne

Dans l’Ouest mercredi, « des records mensuels de douceur nocturne ont été battus à Nantes (12,8°C), Tours (12,7°C) et Niort (13,1°C) », a confirmé Météo-France.

Dans le Sud jeudi, plusieurs records pour un mois de janvier ont été battus selon des valeurs provisoires à 17H00: en Hautes-Pyrénées, 23,5°C et 23°C à Campistrous et Tarbes, 22,9°C à Béziers (Hérault), 22,8°C à Narbonne et 22,5°C à Saint-Girons (Ariège), du jamais vu depuis 1966 dans cette localité.

Mercredi, des records avaient aussi été battus avec 22,1°C à l’aéroport de Montpellier – nettement au-dessus du record précédent à 21,2°C en 2002 -, 21°C à l’aéroport de Nîmes, 20,8°C à Aigues-Mortes (Gard) et, dans le Var, 22,5°C au Luc et 21,2°C au Castellet.

« Une telle douceur est remarquable » en janvier mais « ce n’est pas inédit de connaître des températures au-delà des 20°C en hiver » depuis quelques années, avait rappelé mercredi Météo-France sur son site, invoquant les 20,5°C à Toulon en 2016, les 20,7°C à Montpellier en 2018 ou encore les 25,4°C à Perpignan en 2020.

Mais de tels épisodes, « on en a eu très peu au XXe et beaucoup au XXIe siècle », souligne Matthieu Sorel, « ils sont plus fréquents et de plus en plus chauds ».

« Près du golfe du Lion et des Pyrénées, les températures actuelles sont dignes de moyennes d’un fin avril-début mai », compare-t-il.

Le phénomène est « vraiment impressionnant » en montagne, avec plus de 20°C relevés à 1.500 mètres d’altitude dans les Pyrénées, insiste le climatologue.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, « le thermomètre n’est pas descendu en-dessous de 0°C au Pic du midi, à 2.880 m », un cas encore rare en plein hiver, mais de moins en moins, selon lui.

Déficit de neige et de pluies

Cette situation n’améliore pas l’enneigement en montagne, « extrêmement déficitaire dans les Pyrénées » et « déficitaire dans les Alpes en basse et moyenne montagne », même s’il a beaucoup neigé à haute altitude, précise l’ingénieur.

Et qui dit moins de neige dit « mauvaise nouvelle pour la reconstitution des lacs » et donc pour la ressource en eau à l’été ou pour les barrages hydroélectriques.

Outre cette chaleur hivernale, « l’ensemble du pourtour méditerranéen restera très probablement au sec ces 10 prochains jours, aggravant la sécheresse préoccupante et chronique de la région, tout particulièrement en Roussillon », a alerté Météo-France.

Janvier 2024 pourrait de nouveau être plus chaud que les normales de saison et devenir le 24e mois d’affilée pour lequel les températures mensuelles ne sont pas inférieures aux moyennes de la période 1991-2020.

Or ces références, toujours établies sur les trois précédentes décennies, sont déjà plus élevées que les moyennes de l’ère pré-industrielle, illustrant l’effet accru du réchauffement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine.

© AFP

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