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Agriculture : crispations autour de l’avancée d’un convoi d’agriculteurs vers Rungis

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Des agriculteurs bloquent l'autoroute A4 près de Jossigny, à l'est de Paris, le 30 janvier 2024 © AFP Bertrand GUAY

Paris (AFP) – Les forces de l’ordre ont tenté mardi d’empêcher l’avancée d’un convoi d’agriculteurs vers le marché de Rungis, une action organisée par la Coordination rurale et réprouvée par le syndicat agricole majoritaire qui maintient la pression avec des blocages d’axes stratégiques autour de Paris, avant des annonces gouvernementales dans l’après-midi visant à apaiser la profession.

Un convoi de 200 tracteurs, parti d’Agen, fait toujours route vers le marché de Rungis, poumon alimentaire de l’Ile-de-France, protégé par des blindés de gendarmerie à la demande de l’exécutif.

Les autorités ont tenté de bloquer leur avancée dans la matinée.

« Il y avait une cinquantaine de véhicules » de gendarmerie sur l’autoroute A20 à la hauteur de Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne) « mais comme on est sur des tracteurs, on a défoncé les barrières de sécurité pour rejoindre l’ancienne nationale qui longe l’A20« , a décrit à l’AFP Thomas Hégarty, un responsable local de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole.

Le convoi est depuis retourné sur l’A20.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a échangé avec la présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc’h, selon une source dans l’entourage du ministre. « Ils sont convenus de les laisser se regrouper à Vierzon (Cher), en les accompagnant jusque-là. Ils se rappelleront ensuite« .

L’objectif du syndicat de perturber le fonctionnement de Rungis n’est pas partagé par l’organisation majoritaire FNSEA, qui organise des actions aux quatre coins de la France, dont des blocages d’autoroute qui perturbent la circulation autour de Paris depuis lundi après-midi.

« Notre objectif, ce n’est pas d’affamer les Français, on veut les nourrir. Et donc ceux de nos compétiteurs syndicaux qui veulent aller à Rungis pour faire le coup de force, nous, on a dit depuis le début que ce n’était pas une bonne idée« , a déclaré le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, sur Europe 1.

Le gouvernement a promis pour mardi l’annonce de « nouvelles mesures », sans préciser si elle interviendrait au cours de la déclaration de politique générale du Premier ministre Gabriel Attal, prévue à 15H00.

Ce dernier a déjà mis sur la table plusieurs mesures vendredi, dont des indemnités gonflées pour les élevages bovins touchés par la maladie hémorragique épizootique et l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), sans parvenir à apaiser la colère.

Juste avant la déclaration de Gabriel Attal, Emmanuel Macron doit s’exprimer mardi après-midi à l’occasion d’une conférence de presse avec le chef du gouvernement suédois Ulf Kristersson.

« On est d’attaque« 

Plus d’une semaine après le premier blocage d’axes routiers en Occitanie, qui a lancé le mouvement le 26 janvier, des agriculteurs ont passé la nuit dans leur tracteur sur l’A1, l’A4, l’A6, l’A13…

« L’objectif de tenir jusqu’à vendredi est manifeste« , selon une source policière.

Le site de suivi du trafic en Ile-de-France, Sytadin, recense une quarantaine de kilomètres de bouchons cumulés vers 11H00.

« La nuit a été courte, il va falloir rebondir mais on est d’attaque« , assure Samuel Vandaele, secrétaire général de la FDSEA 77 d’une voix enrouée, sous un pont de l’autoroute A4, à une trentaine de kilomètres à l’est de Paris.

Barnum, braseros, groupes électrogènes, tireuses à bières et café au petit matin: de quoi attendre une centaine de tracteurs « qui nous rejoignent, en provenance de Moselle, de la Meuse et de l’Aisne« , ajoute-t-il.

« Nous sommes déterminés à bloquer le péage 24h, peut-être trois jours« , a confié à l’AFP Thierry Bonnamour, maraîcher en Savoie, sur un barrage à une trentaine de kilomètres de l’est lyonnais.

« Nous demandons une meilleure considération évidemment mais surtout une réduction des accords de libre-échange« , affirme-t-il, alors que la France a perdu les trois quarts de ses exploitants en 50 ans et recourt de plus en plus aux importations: un poulet sur deux consommé dans le pays vient d’ailleurs, comme 60% des fruits.

Le syndicat minoritaire Confédération paysanne, de gauche, porte « l’arrêt des accords de libre-échange » et « l’interdiction formelle de l’achat des produits agricoles en dessous de leur prix de revient« .

Les organisations écologistes s’inquiètent elles d’un éventuel retour en arrière sur les normes environnementales, les syndicats majoritaires tentant de pousser leur avantage. Ils demandent notamment de revenir sur des restrictions d’usage des pesticides.

Contrôles informels de cargaisons de camions aux alentours des supermarchés à Marmande (Lot-et-Garonne), cortège de tracteurs en Corse, dégustation de fromages en Indre-et-Loire, déversement de pneus devant des bâtiments administratifs en Mayenne: les actions organisées mardi sont diverses.

A Toulouse, une trentaine de tracteurs venus du Gers étaient déjà positionnés en début de matinée sur le rond-point d’accès à l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Ils doivent être rejoints par des agriculteurs du Tarn, de Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne.

« Ce n’est pas la fin de la colère, ce n’est que le début, car nous n’avons pas eu de réponse sur notre avenir« , a expliqué Dorian Massaglia, porte-parole des Jeunes agriculteurs du Gers.

© AFP

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