Paris (AFP) – Acheter ses meubles d’occasion, les réparer soi-même, voire les louer: la filière de l’ameublement n’échappe pas aux nouvelles tendances de consommation et les acteurs du secteur tentent de s’y adapter, alors que 21% des meubles achetés en 2023 par des ménages français étaient de seconde main.
C’est le constat tiré d’une enquête présenté mercredi lors de l’annonce des résultats de la filière meuble en France qui montre aussi que 34% des ménages interrogés souhaitent acheter un meuble d’occasion en 2024 (60% pour des raisons économiques, 40% pour des raisons écologiques).
Pour répondre à cette attente croissante et ne pas se laisser concurrencer par ce marché, qui pèse déjà plus de 10% du neuf selon les derniers chiffres de l’Institut de prospective et d’études de l’ameublement (IPEA), les professionnels de l’ameublement multiplient les initiatives.
C’est le cas du géant Ikea, leader du secteur en France, qui propose des « espaces seconde vie » où il est possible d’acheter des meubles d’occasion à prix réduits. Le suédois développe aussi depuis 2014 la reprise de produits en magasin contre des bons d’achat, avec remise en vente dans un espace dédié.
« Tout le monde s’y est mis », explique Cathy Dufour, déléguée générale de l’Ameublement français, citant l’exemple de Schmidt Group, qui expérimente la seconde vie des cuisines, ou encore Maisons du Monde, qui propose des produits étiquetés « seconde chance » dans ses 350 points de vente depuis octobre 2023.
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Autre tendance importante: 60% des ménages interrogés par l’IPEA déclarent souhaiter réparer eux-mêmes leurs meubles. C’est pourquoi de nombreux fabricants facilitent l’accès aux pièces détachées, comme Ikea depuis 2021, mais aussi Lafuma Mobilier qui, au-delà de la possibilité de commander des pièces depuis son site internet, a développé des tutos Youtube pour conseiller ses clients.
Mobilier de bureau reconditionné
Les occasions de renouveler son mobilier étant nombreuses – emménagement, divorce, déménagement, arrivée d’un enfant, etc. -, certains consommateurs souhaitent aussi pouvoir louer des meubles plutôt que de les acheter. Un segment sur lequel s’est positionné le groupe d’ameublement Camif avec son offre de location de chambre d’enfant ou encore Conforama, qui propose désormais une gamme de 12 canapés à la location longue durée.
D’autres offres se développent aussi en mettant en avant leurs engagements environnementaux, comme Gautier qui assure intégrer plus de 50% de matières issues du recyclage et s’approvisionner uniquement dans des forêts françaises situées à moins de 300 km de ses usines en Vendée (85).
Le sujet du coût environnemental important de la fabrication de meubles a été relancé fin janvier par un documentaire, intitulé « Ikea, le seigneur des forêts », présenté au festival Fipadoc de Biarritz. Ce film, qui épingle les « coupes claires » du suédois dans les forêts mondiales, sera diffusé le 28 février sur Arte.
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Sollicité en janvier par l’AFP, Ikea avait répondu qu’il consommait « environ 0,5% du bois abattu chaque année dans le monde à des fins industrielles », assurant s’approvisionner exclusivement dans des forêts « gérées de façon éco-responsable, dont l’exploitation ne contribue pas à la déforestation ni ne viole les droits humains ».
Des acteurs tentent aussi de profiter des 100.000 tonnes de fauteuils, tables et armoires jetées chaque année par des entreprises qui se rénovent ou déménagent, selon l’éco-organisme Valdelia, à l’instar de Bluedigo ou Adopteunbureau qui reconditionnent le mobilier de bureau puis le revendent à des entreprises.
Le mobilier étant souvent volumineux, un défi logistique demeure toutefois pour la filière. C’est pourquoi de nombreux professionnels, comme Gautier ou Roset, font aujourd’hui appel à la plateforme Izidore qui prend en charge la transaction et la livraison partout en France, en lien avec Mondial Relay pour les petits objets et Cocolis pour la livraison collaborative.
© AFP
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