Les auteurs d’une étude scientifique publiée dans la revue Nature le 14 février 2024 alertent sur la rapide dégradation de l’écosystème de la forêt amazonienne. L’accélération de la détérioration de la forêt pourrait conduire la région à un point de rupture écologique d’ici 2050. « Une fois le point de rupture atteint, nous perdons le contrôle sur la manière dont le système se comporte », explique Bernardo Flores de l’université fédérale e Santa Catarina au Brésil cité par le quotidien The Guardian. Il est l’auteur principal de l’étude.
Le processus complexe de détérioration de l’Amazonie s’explique par l’activité humaine, la sécheresse et le changement climatique. Il pourrait aboutir à ce que la forêt primaire tropicale franchisse un point de bascule ou point de rupture (tipping point en anglais) d’ici à 2050. Ce qui, en plus d’altérer le bon fonctionnement de l’écosystème, entraînerait des répercussions en chaîne. La question, qui fait débat chez les scientifiques, est de savoir comment et quand l’Amazonie franchira ce point de bascule. Jusqu’alors, il était admis que le point de rupture serait atteint sir 20 % à 25 % de la forêt amazonienne venait à disparaitre.
Or, selon les travaux des chercheurs publiés dans Nature, à l’heure actuelle, 15 % de la forêt ont déjà été détruits, 17 % sont dégradés par l’impact des activités humaines et 38 % supplémentaires sont fragilisés par la réduction de l’eau disponible. Les auteurs estiment qu’entre 10 % et 47 % du territoire de l’Amazonie pourrait être exposé en 2050 à des perturbations menaçant l’équilibre du système tout entier. C’est qu’au-delà de la déforestation, ils prennent en compte l’accès à l’eau. Ils notent également que, en 40 ans, les températures ont déjà augmenté de 2 degrés Celsius en moyenne lors de la saison sèche tandis que dans certaines régions les précipitations diminuent.
Ainsi, les scientifiques préconisent de limiter la déforestation à 10 % de la superficie de l’Amazonie et de maintenir le réchauffement du climat de 1,5°C afin de protéger l’Amazonie. La région est un écosystème riche participant à l’équilibre climatique planétaire. Elle abrite 10 % de la biodiversité terrestre. L’Amazonie a su faire face aux variations naturelles du climat depuis 65 millions d’années. Mais, le réchauffement climatique d’origine humaine et les activités locales rendent incertain la capacité de cet écosystème forestier complexe unique à faire face à ces rapides changements sans précédent. Bernardo Flores avertit ; « nous devons nous attendre à ce que les choses se produisent plus rapidement que nous ne le pensions. […] Il nous faut atteinte le zéro-émission nette de gaz à effet de serre et la zéro déforestation le plus vite possible. Cela doit être fait dès à présent. La perte de l’Amazonie serait problématique pour l’humanité. »
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