A Singapour, une « ferme piscicole du futur » pour manger plus local

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Des bassins de la ferme piscicole Eco Ark du Centre d'excellence en aquaculture (ACE), le 6 décembre 2023 à Singapour © AFP Roslan RAHMAN

Singapour (AFP) – Au large des côtes de Singapour flotte une ferme piscicole de haute technologie, le projet d’un ingénieur à la retraite qui autrefois construisait des plateformes pétrolières.

Cette ferme piscicole est soutenue par les autorités singapouriennes, car la ville-Etat, qui compte près de six millions d’habitants, dépend aujourd’hui à 90% des importations pour son alimentation.

Pour se prémunir des perturbations d’approvisionnement que le changement climatique, les maladies ou les conflits peuvent provoquer, Singapour espère produire un tiers de la nourriture qu’elle consomme d’ici 2030.

Bar, mérou, thon, l’installation récolte trente tonnes de poissons par mois, explique Leow Ban Tat, fondateur d’Eco Ark et du Centre d’excellence en aquaculture. Cela représente 20 fois plus par hectare que les élevages traditionnels en cages à filets ouverts, dit-il.

« Il y a une grande différence dans ce que nous faisons parce que nous croyons en la technologie », a déclaré à l’AFP M. Leow, 65 ans.

La structure, qui repose sur une plateforme submersible spécialement conçue à cet effet, filtre l’eau de mer à l’aide d’une machine à ozone afin de tuer les agents pathogènes avant de la transférer dans des réservoirs à poissons situés à six mètres de profondeur.

Ces bassins simulent les conditions de l’océan et permettent aux poissons de nager à contre-courant. Cela les rend plus maigres et nutritifs et les protège aussi de certaines maladies, de la prolifération du plancton et des marées noires.

L’eau est si propre, affirme M. Leow, que contrairement à d’autres fermes, Eco Ark n’a pas besoin d’ajouter des antibiotiques, qui peuvent provoquer une résistance chez l’homme au fil du temps et affecter l’environnement.

Les poissons adultes reçoivent des calamars congelés ainsi que des granulés, et les plus jeunes des probiotiques « qui facilitent la digestion et les fonctions physiologiques » tout en « améliorant les performances de l’animal », a-t-il déclaré.

Réduire les émissions

M. Leow cherche également à réduire les émissions de ses « fermes piscicoles du futur » grâce à des panneaux solaires. Il a aussi construit une écloserie après avoir constaté que les poissons juvéniles importés de Malaisie et d’Australie étaient porteurs de maladies.

Les poissons d’Eco Ark sont livrés à plus de 80 restaurants, supermarchés et magasins spécialisés, qui attachent une grande importance à ce qu’ils soient fraîchement pêchés et en bonne santé.

M. Leow dit espérer non seulement vendre ses poissons, mais aussi exporter la technologie de l’Eco Ark, qui peut être construit selon lui à proximité des zones côtières afin de réduire les délais de livraison et les coûts.

« Il est très important que les agriculteurs locaux, qui connaissent réellement l’économie sur place » soient encouragés à répondre à la demande, estime Daniel Teo, cofondateur du restaurant Kin Hoi de Singapour, qui se fournit à l’Eco Ark.

La sécurité alimentaire est devenue un enjeu majeur pour Singapour, qui s’étale sur sept fois la superficie de Paris mais ne dispose pas d’espaces pour répondre à ses besoins agricoles et industriels.

Cependant, Madhumitha Ardhanari, principale stratège en matière de développement durable au sein du groupe à but non lucratif Forum for the Future, s’inquiète de la forte dépendance des pisciculteurs singapouriens vis-à-vis des subventions gouvernementales, ce qui soulève des inquiétudes quant à leur survie à long terme.

© AFP

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