Pompei (Italie) (AFP) – Le site archéologique de Pompéi, près de Naples, est parvenu à éclairer l’une de ses villas les plus célèbres en y installant des panneaux photovoltaïques ressemblant à s’y méprendre aux tuiles traditionnelles en terre cuite.
Ces tuiles contiennent des cellules solaires photovoltaïques, ce qui permet au site archéologique classé au patrimoine mondial de l’Unesco de préserver son esthétique tout en produisant de l’énergie propre pour éclairer de splendides fresques.
Bien que le projet n’en soit qu’à ses débuts, les experts estiment que ces tuiles de haute technologie pourraient un jour contribuer à rendre plus verts les centres historiques de toute la péninsule.
Elles sont « exactement les mêmes que les anciennes tuiles » romaines que l’on trouve sur les sites archéologiques et les villes du contour de la Méditerranée, se réjouit dans un entretien avec l’AFP le directeur du site de Pompéi, Gabriel Zuchtriegel.
Mais si « Pompéi est un site unique en raison de sa taille et de sa complexité (…) j’espère que ce projet ne sera pas unique », veut croire M. Zuchtriegel, 44 ans, qui souhaite que Pompéi devienne un « laboratoire réel pour le développement durable ».
Ce projet pilote permet de mettre en valeur une extraordinaire fresque murale retrouvée en 1909 sous des mètres de cendres volcaniques à la Villa des Mystères, ensevelie avec le reste de la ville lors de l’éruption du Vésuve il y a près de 2.000 ans.
Terre cuite
Elle représente des femmes s’adonnant au culte de Dionysos, le dieu du vin et de la fête, alors qu’elles se livrent à des rites mystérieux.
Le sujet de cette fresque intrigue les chercheurs depuis longtemps, certains d’entre eux suggérant que la propriétaire de la villa était une prêtresse dont les esclaves participaient aux rites du culte.
La fresque recouvrant trois murs, l’une des mieux conservées de Pompéi, est éclairée par des lampes LED spéciales conçues pour donner vie aux scènes mêlant rouge profond, pourpre et or sans les endommager.
Depuis octobre, ces lampes sont alimentées par l’électricité produite par les tuiles photovoltaïques.
Ahlux, l’entreprise qui a breveté ce système en 2022, a installé ses panneaux sur le toit de la villa entre les tuiles traditionnelles en terre cuite.
Recouvrant environ 70 m2, elles sont reliées à une batterie au sodium ayant un faible impact sur l’environnement, selon le responsable du projet Alberto Bruni.
Pompéi, qui bénéficie de plus de 15 heures d’ensoleillement par jour au cœur de l’été, entend étendre leur utilisation à d’autres villas, assure-t-il.
Villes aux toits rouges
Diverses institutions ont exprimé leur intérêt pour ces tuiles nouvelle génération, du musée d’art moderne MAXXI de Rome à la Pinacothèque Ambrosienne de Milan, s’enorgueillit le fondateur d’Ahlux, Augusto Grillo,.
« Le problème consiste à trouver des fonds », observe-t-il, ajoutant que nombre des édifices historiques italiens sont publics ou appartiennent à des institutions catholiques.
Les tuiles photovoltaïques, d’une durée de vie oscillant entre 20 et 25 ans, coûtent un peu plus que le prix combiné d’un nouveau toit et de panneaux photovoltaïques traditionnels, alors qu’elles ont un double emploi, puisqu’elles servent aussi de toiture, précise M. Grillo.
L’Italie se trouve actuellement sous pression pour rendre plus écologiques ses villes aux toits recouvert de tuiles comme Florence ou Bologne, dans le cadre des efforts déployés par l’Europe pour lutter contre le changement climatique.
En vertu d’une nouvelle législation européenne, les États doivent rénover les bâtiments afin de réduire leurs émissions de carbone de 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.
Il s’agit d’un énorme défi pour l’Italie, où environ 60% des bâtiments appartiennent aux deux catégories énergétiques les moins vertueuses, contre 17% en France et 6% en Allemagne, selon l’Association italienne des constructeurs (ANCE).
« Il faut un co-investissement national et peut-être européen pour s’assurer que les délais très ambitieux ont une chance d’être respectés », estime pour l’AFP Angelica Donati, présidente de l’association des jeunes constructeurs ANCE Giovani.
« Nous avons les plus belles villes du monde, ce qui signifie que nous avons besoin d’interventions beaucoup plus réfléchies, et rapidement. Il y a encore beaucoup à faire », conclut-elle.
© AFP
Un commentaire
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Serge Rochain
Belle initiative mais dont le coût semble être masqué par des mots…..un peu plus cher (?) Oui, plus cher de combien ?
Ce n’est pas aux bénéficiaires du projet d’estimer si c’est « un peu » ou « beaucoup » mais à ceux que l’on prétend informer, selon leur propre référentiel de fortune.