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Nager dans la Seine, une bataille pas encore gagnée

nager dans le seine

Des athlètes plongent dans la Seine, au niveau du pont Alexandre III, à Paris, lors d'une épreuve test du triathlon femmes pour les Jeux Olympiques 2024, le 17 août 2023 © AFP/Archives Miguel MEDINA

Paris (AFP) – L’engagement donne des sueurs froides aux organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris (26 juillet – 8 septembre): la bonne tenue des épreuves de natation dans la Seine dépend de la qualité de son eau qui, si elle a progressé, n’était toujours pas satisfaisante à l’été 2023.

Les analyses réalisées de 2015 à 2023, transmises à l’AFP par la mairie de Paris, montraient de fortes variations l’été dernier, avec plusieurs pics de concentration de l’une des deux bactéries indicatrices de contamination fécale, Escherichia coli.

Au regard de la directive européenne « baignade » de 2006, aucun des 14 points de prélèvement parisiens de l’eau n’a atteint un niveau de qualité suffisant en 2023, globalement de juin à septembre.

La concentration en E. coli dépasse le maximum demandé (900 unités formant colonie/100 mL) sur tous les points.

Et celle en entérocoques, l’autre bactérie prise en compte par la réglementation, dépasse légèrement le seuil requis au pont d’Ivry (sud-est) et au pont du Garigliano (sud-ouest): 330 UFC/100 mL.

A l’été 2022 pourtant, ces analyses avaient atteint un niveau « suffisant » pour les deux bactéries dans trois points de mesure du centre de Paris, avant une dégradation en 2023.

Paul Kennouche, le chef du pôle grand cycle et qualité de l’eau de la Ville de Paris, souligne toutefois que sur les huit « points majeurs » retenus par la municipalité, six ont vu leur qualité s’améliorer et deux sont stables. Mais aucun n’atteint le niveau attendu par la directive européenne.

Mairie et préfecture de région mettent aussi en avant que « sur le site des épreuves de nage en Seine, 70% des mesures quotidiennes sont bonnes pour la période du 1er juin au 7 septembre 2023 ».

Pas de quoi rassurer la championne olympique en titre d’eau libre, Ana Marcela Cunha, qui a réclamé « un plan B ». Ou l’ONG Surfrider Foundation, qui a mis en garde contre l’état « alarmant » des eaux de la Seine, avec des seuils mesurés entre septembre et mars « au-dessus voire très largement au-dessus » de ceux recommandés.

« Il n’a jamais été question d’ouvrir la baignade dans la Seine toute l’année », a répondu le préfet de région Marc Guillaume.

Cauchemar en août

Etat, collectivités et comité d’organisation mettent surtout en avant les cinq ouvrages quasiment terminés qui doivent permettre d’augmenter la capacité de stockage du réseau d’égouts et de limiter les rejets d’eaux usées dans le fleuve.

Avant leur mise en service, les répétitions générales (« test-events » en langage olympique) d’août 2023 ont tourné au cauchemar pour eux.

Début août, la compétition de natation marathon a été annulée car les seuils de qualité de la fédération internationale World Aquatics étaient nettement dépassés, après de fortes pluies.

Les organisateurs ont mis en avant le caractère « exceptionnel » des précipitations. « Il faut remonter à 1965 pour trouver un niveau proche », ont-ils insisté.

Les analyses montraient une concentration en E. coli dépassant les 3.000 UFC pour 100 mL sur les quatre points de mesure du parcours, quand les fédérations internationales fixent un objectif de moins de 500 et un maximum de 1.000.

Pour le triathlon et le paratriathlon du 16 au 20 août derniers dans la même zone, deux jours d’épreuves ont aussi été annulés en raison d’une pollution de l’eau, causée cette fois selon la mairie par une vanne défectueuse.

Et si les trois premiers jours ont été maintenus, cela n’allait pas forcément de soi.

« Surchauffe » au labo

Dans son avis consultatif du 25 juillet, l’Agence régionale de santé (ARS) s’était déclarée favorable à la tenue des « test-events ».

Mais l’agence prescrivait de reporter les épreuves « si un seul des résultats d’analyse » sur les quatre points de surveillance, dans les vingt-quatre heures précédant l’événement, dépassait 900 UFC/100 mL pour E. coli ou 330 UFC/100 mL pour les entérocoques.

La veille du triathlon femmes du 17, la concentration en E. coli au pont de l’Alma était de 1.120 pour 100 mL. Un dépassement des seuils ARS et des fédérations.

Toutefois, ce pont n’est pas sur le parcours, « on tourne bien avant », indique Brigitte Légaré, du Comité d’organisation des JO. La compétition a ainsi été maintenue.

Puis, au matin du 18, les résultats d’analyse de l’eau de la veille étaient inexploitables du fait d’un problème technique. Une « surchauffe » au laboratoire, d’après les explications données au Comité.

En leur absence, la Fédération internationale de triathlon a utilisé les tendances des jours précédents, ainsi que « le rapport météo, l’inspection visuelle, l’inspection sanitaire », ce qui a « donné suffisamment confiance » pour donner le feu vert, explique Olalla Cernuda, sa directrice de la communication.

Mais le lendemain, lorsque les résultats d’analyse de la nuit du 17 au 18 sont tombés, les seuils de qualité étaient largement dépassés. La suite des « test-events » a été annulée.

« On a appris »

Depuis, la Ville de Paris a annoncé que toute la procédure d’analyse serait doublée pour l’été 2024. « La logique de test-event a pris tout son sens; on a appris », retient la Ville de Paris.

La mairie, la préfecture de région et leurs partenaires ont établi un plan tirant « toutes les conséquences de ce qui s’est passé cet été (2023) ».

Et insistent sur les nouvelles infrastructures pour absorber les fortes pluies, dont les 50.000 m3 du bassin d’Austerlitz.

« Sans aucun doute, si les ouvrages avaient été prêts (…), il n’y aurait pas eu de problématique » en août 2023, avait affirmé Pierre Rabadan, adjoint aux JO et à la Seine à la mairie de Paris.

La météo reste le « risque principal » pour la bonne tenue des épreuves des Jeux, reconnaît la préfecture, qui redoute des « pluies exceptionnelles ». En cas de précipitations intenses, de l’eau non traitée – mélange de pluie et d’eaux usées – peut être rejetée dans le fleuve.

Le plan B consiste à reporter de quelques jours les épreuves dans la Seine mais pas à changer de lieu.

Au-delà des Jeux, les travaux visent une amélioration durable de la qualité de l’eau en vue de l’ouverture d’une trentaine de points de baignade, dans l’agglomération parisienne, sur la Seine et la Marne.

© AFP

2 commentaires

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    • Balendard

    Ce triste constat est bien le fait que l’on s’est obstiné contre toute logique à persévérer avec des chaînes énergétiques d’un autre âge en ce qui concerne les performances avec le nucléaire et la combustion.

    Qui plus est en choisissant parfois contre toute logique l’air plutôt que l’eau pour assurer la climatisation de l’habitat grâce à la thermodynamique ce qui nous aurait permis d’assainir l’eau de la Seine. Voir à ce sujet le chapitre 2 sur la comsommation
    de la « Solar Water Economy »

    https://www.infoenergie.eu/riv+ener/2consommation.pdf

    • FERREYRA

    l’évènementiel des JO n’est fondé que sur l’Orgueil de la démesure et de l’exceptionnel, sans tenir compte des sportifs, des frais et de la sécurité.
    Si le soleil n’est pas au RDV, si nos sportifs, qui en général passent des heures à défiler et attendre le lancement du défilé se « refroidissaient » et tombaient malades avant leurs épreuves….? s’ils étaient contaminés dans la Seine…? que de simplifications et moins de frais si la sécurité était recentrée autour du stade de France par exemple, si les parisiens ne cherchaient pas à se sauver pendant cette période, si les restaurateurs au coeur des zones de sécurité ne se trouvaient pas finalement contraints à fermer, etc, etc…..les JO en seraient-ils moins beaux et réussis ? il n’y a sans doute pas de mystères si toutes les ouvertures sont réalisées dans des stades ….