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Des milliards de cigales vont envahir les Etats-Unis

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Une cigale, le 3 juin 2021 à Columbia, Maryland, aux Etats-Unis © GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives CHIP SOMODEVILLA

Washington (AFP) – Bruyantes et prêtes à s’accoupler, des milliards de cigales s’apprêtent à envahir les forêts et banlieues pavillonnaires américaines.

Dans les prochaines semaines, deux groupes particuliers de cigales vont batifoler au même moment. Un phénomène qui n’est pas arrivé depuis 1803, quand Thomas Jefferson était encore président et que les Etats-Unis rachetaient la Louisiane à la France.

La famille des cigales comprend plus de 3.000 espèces d’insectes à travers le monde. La majorité d’entre-elles passent leur vie sous terre, sous forme de larve. Elles émergent adultes pour muer et se reproduire.

Certaines apparaissent chaque année, quand d’autres, appelées cigales « périodiques », sortent de terre tous les 13 ou 17 ans.

Cette année, le phénomène implique deux groupes de cigales: le groupe XIX, qui émerge tous les 13 ans et a déjà commencé à le faire en Caroline du Nord et du Sud (sud-est). Il sera suivi par le groupe XIII dans le Midwest, qui émerge tous les 17 ans. Dans le centre de l’Etat de l’Illinois (nord), les deux pourraient être présentes au même endroit.

« Quand elles font surface, elles le font en grand nombre, ce qui enthousiasme parents et enfants », selon l’entomologiste Gene Kritsky, de l’Université Mount-Saint-Joseph, qui a développé une application pour que tout un chacun puisse collecter des données sur ces bestioles aux yeux rouges.

Un phénomène dont on se souvient, et dont les histoires se transmettent de génération en génération. Tout comme, par exemple, être témoin d’une éclipse.

« C’est ce que fait la science: vous faites des hypothèses qui vous conduisent à des prédictions, les prédictions sont vérifiées, (…) cela a de la valeur, au moment où certaines personnes cherchent à discréditer la science », note Gene Kritsky.

 Une merveille scientifique

Sans grande défense, les cigales « périodiques » comptent sur leur nombre pour la survie de l’espèce: grâce aux hordes qui déferlent au même moment, les oiseaux, renards, ratons laveurs, tortues et autres prédateurs sont vite rassasiés, explique à l’AFP John Lill, professeur de biologie à l’Université George Washington.

Dans une étude publiée récemment dans la revue Science, John Lill et ses collègues montrent qu’un groupe de cigales ayant émergé à Washington en 2021 avait conduit à une augmentation du nombre de chenilles — délaissées par les oiseaux, qui se sont concentrés sur les cigales.

Résultat: la consommation de pousses de jeunes chênes s’est accrue.

D’autres recherches montrent que les années où les chênes produisent le plus de glands suivent toujours deux ans après l’émergence des cigales. Plus il y a de glands, plus les populations de mammifères qui s’en nourrissent croît, plus le risque de maladie de Lyme chez l’homme augmente.

Ce phénomène « montre qu’il existe potentiellement des impacts écologiques à plus long terme se répercutant pendant des années après l’apparition des cigales », ajoute M. Lill.

Impacts humains

Puis il y a le son singulier — et strident — des cigales mâles qui s’accouplent.

« Nous avons eu plusieurs appels concernant un son qui ressemble à une sirène, un gémissement ou un rugissement », a indiqué sur Facebook le bureau du shérif de Newberry, en Caroline du Sud (sud-est) cette semaine.

Selon Chris Simon, chercheuse à l’université du Connecticut, le changement climatique perturbe l’horloge interne des cigales.

Avec le réchauffement climatique aux Etats-Unis, l’allongement de la saison de croissance des plantes fournit plus de nourriture et accélère celle des cigales. « Je prédis que davantage de cigales de 17 ans se transformeront en cigales de 13 ans », a-t-elle indiqué « et, éventuellement, que ce trait sera assimilé génétiquement ».

Il est difficile de savoir ce que cela signifie pour l’espèce à long terme. De même que, rapporte M. Lill, de connaître l’impact -positif ou négatif- qu’a eu sur les cigales la transformation des terres depuis l’époque coloniale.

D’une part, de nombreuses espèces historiques ont disparu en raison de la déforestation, mais celles qui restent prospèrent dans les banlieues pavillonnaires qui offrent aux femelles les conditions idéales pour pondre leurs oeufs.

© AFP

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