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Quel risque de disparition pour les champignons en France ?

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Bolet en forêt © Milan Ivanovic

28 espèces de champignons sont menacées ou quasi-menacées d’extinction en France. Une Liste rouge des champignons a été publiée pour la première fois, révélant la fragilité du patrimoine mycologique du territoire français. Fruit d’une analyse conjointement menée par le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), cette liste offre un aperçu inédit de l’état de conservation des champignons en France.

L’analyse repose sur la méthodologie de référence de l’UICN et s’est appuyée sur une base de données de 1,6 millions de données issues d’inventaires réalisés sur de nombreuses années. Au total, 319 espèces de bolets, lactaires et tricholomes ont été recensées dont 12 sont considérées comme menacées et 16 comme quasi-menacées. Parmi les espèces menacées, le Lactaire jaune et lilas ainsi que le Lactaire des saules réticulés sont les plus susceptibles de disparaître et se voient classées « en danger critique ». Malgré cela, en l’état, « aucune espèce de la liste ne bénéficie de protection stricte, il n’y a pas d’obligation réglementaire », souligne le mycologue et vice-président de la Société mycologique du Poitou, Yann Sellier. Aucun champignon n’a bénéficié d’un programme de conservation dédié à ce jour.

Les activités humaines en cause

La principale pression exercée sur les champignons analysés réside dans la destruction de leurs habitats naturels. Essentiellement observables dans les forêts, ces champignons à chapeaux vivent en symbiose avec des arbres. L’abattage de vieux arbres, les coupes rases, la conversion de forêts en terres cultivables ou encore l’urbanisation constituent donc autant de pressions subies par ces espèces. La qualité du sol est également altérée par l’épandage d’engrais, de pesticides ou de fongicides. Yann Sellier appelle à la vigilance collective en rappelant que « l’humain est tributaire de l’écosystème dans lequel il vit et non pas l’inverse. »

Le changement climatique exerce d’ores et déjà une pression significative supplémentaire sur certaines espèces, constituant une menace majeure pour leur survie. Certains milieux, initialement humides, subissent une déshydratation croissante causée par la hausse des températures. L’augmentation de la fréquence d’incendies et de tempêtes rend les champignons d’autant plus vulnérables. La modification de la répartition des pluies perturbe également le cycle de vie de certaines espèces, notamment leur fructification. La reproduction sexuée de champignons est alors bouleversée, ce qui pourrait à terme contribuer à la disparition d’espèces.

Des données encore insuffisantes

Cette première liste rouge des champignons menacés met également en lumière le manque d’informations relatives à la fonge. Parmi les 319 espèces analysées, 25% ont été assignées à la catégorie « données insuffisantes », faute d’informations permettant de déterminer leur risque de disparition. Le nombre d’espèces de champignons menacées devrait alors augmenter à mesure que les données progresseront.

Cet état des lieux des champignons menacés souligne aussi l’importance de la préservation de leurs milieux naturels et alerte sur les conséquences du changement climatique. Il constitue en outre une solide base de connaissances permettant d’orienter les stratégies de recherche et les priorités d’action. A l’avenir, cette liste nationale sera certainement complétée par l’évaluation d’autres groupes d’espèces fongiques. Un nombre croissant d’analyses portant sur le risque accru de disparition de champignons permettra de mettre en avant la fragilité de ces êtres vivants et de rappeler leur rôle écosystémique majeur.

[A lire aussi : Le microbiologiste Marc-André Selosse : « 9 plantes sur 10 ne peuvent pas pousser dans des sols ordinaires sans l’aide des champignons » ]

De manière générale, pour préserver la diversité des champignons, Yann Sellier invite les particuliers « à garder le bois mort sous toutes ses formes, à ne pas planter d’espèces allochtones, c’est-à-dire issues d’autres espaces du monde, et à stopper l’usage d’engrais et de pesticides ». Il précise qu’« une seule application d’engrais peut faire disparaître certaines espèces de champignons pendant 60 à 70 ans ».

Marion Lamure

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Pour aller plus loin :                                                                          

Une première liste des champignons menacés en France sur le site de l’UICN

Les sociétés mycologiques de chaque département sur le site de la Société Mycologique de France

L’application mobile INPN Espèces pour découvrir la faune, la flore et la fonge autour de chez vous et contribuer à un projet de sciences participatives

Vidéo Comment la forêt se régénère après un incendie

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