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Thaïlande: Le monde de la plongée très inquiet par le blanchissement des coraux

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Un plongeur nage au-dessus de coraux au large de l'île de Koh Tao, dans le golfe de Thaïlande, le 19 août 2020 © AFP/Archives Romeo GACAD

Bangkok (AFP) – Sur son stand du salon de Bangkok, Jakkapat Yodnil interpelle les visiteurs pour leur vanter son stage de plongée dans les eaux cristallines de l’île paradisiaque de Koh Tao, dans le golfe de Thaïlande.

Mais derrière les sourires se cache une vraie inquiétude chez le jeune homme de 25 ans: le dépérissement des coraux – appelé blanchissement – qui touche une grande partie du corail sur la planète et qui menace son gagne-pain et le monde marin qu’il adore.

En raison des températures record des océans, le récif corallien tend à devenir d’un blanc fantomatique en raison de l’expulsion des algues qui y vivent.

Ce blanchissement massif recensé dans 62 pays et territoires s’étend et s’aggrave, selon les scientifiques.

Face à ce fléau, la Thaïlande a récemment interdit aux plongeurs 12 parcs nationaux marins de façon temporaire.

Moral au plus bas

« En janvier, le blanchissement n’est pas très visible, mais maintenant, on peut le voir partout, sur tous les sites de plongée », explique à l’AFP Jakkapat, maître de plongée et instructeur d’apnée.

L’eau est devenue tellement chaude qu’il ne porte plus de combinaison pour plonger, raconte-t-il.

« Cette année est la pire pour le blanchissement des coraux », selon Kanako Yukinaga, qui possède un magasin de plongée à Pattaya, au sud de Bangkok.

« On en voit partout, en particulier près des côtes. Je suis tellement triste », raconte cette Japonaise installée en Thaïlande depuis 24 ans.

Le blanchissement se produit lorsque les zooxanthelles, des algues microscopiques qui vivent sur le corail, le nourrissent et lui donnent sa couleur, ne survivent pas à la chaleur.

A terme, le corail risque de mourir à son tour, une menace existentielle pour le secteur de la plongée, dont l’activité dépend d’un monde marin dynamique.

Beaucoup d’exposants du Thai Dive Expo ont le moral au plus bas, comme Luke Juthasompakorn, qui s’est lancé il y a 3 ans.

« Pour être honnête avec vous, c’est assez déprimant », déclare le jeune homme de 32 ans, une pieuvre jaune en peluche à ses côtés.

« Le monde de la plongée a évolué vers un état d’esprit plus respectueux des récifs, mais dans l’ensemble, je suis pessimiste pour l’avenir. »

Le sur-tourisme, les plongeurs négligents et les opérateurs peu scrupuleux ont tous contribué à endommager ou à stresser des sites de plongées parmi les plus connus dans le monde.

Le secteur dit avoir pris conscience qu’il a fait partie du problème, et selon Steve Minks, instructeur à Koh Tao, il a toujours un rôle à jouer.

« Ce que nous essayons de faire en tant que centre de plongée, c’est d’éduquer les gens », déclare cet homme de 58 ans, certifié en plongée de conservation.

« La seule façon de changer les choses, c’est de travailler à l’éducation », en apprenant notamment aux plongeurs comment surveiller la bonne santé des récifs.

Des eaux profondes à 33 degrés

Il a récemment observé une température d’environ 33°C à plus de 20 mètres de profondeur.

« Les coraux ne peuvent pas survivre à cette température… c’est une question de temps. Si la température ne baisse pas, c’est fini ». Mais il y a « beaucoup de bon travail en cours » à Koh Tao, donc il reste optimiste.

Depuis la pandémie de covid, il a constaté que l’intérêt pour la plongée de conservation avait augmenté, ce qu’il attribue à une prise de conscience croissante des menaces sur l’environnement marin.

D’autres pensent également que les plongeurs ont un rôle clé à jouer dans la sensibilisation et la protection de la santé des récifs.

« La photographie sous-marine ne peut être réalisée que par des plongeurs et nous pouvons ainsi montrer la vérité », affirme Kanako.

Mais elle ajoute qu’il est difficile de ne pas se sentir impuissant face au rythme du changement climatique.

« Si les choses continuent ainsi et que l’environnement sous-marin ne peut pas survivre, peut-être que l’industrie de la plongée ne pourra pas survivre ».

© AFP

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