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Colombie : la dissidence des Farc à l’offensive près de Cali, menaces sur la COP16

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Un militaire passe devant le poste de police attaqué par des dissidents des FARC dans la municipalité de Morales, département de Cauca, en Colombie, le 20 mai 2024 © AFP JOAQUIN SARMIENTO

Cali (Colombie) (AFP) – Péril sur la COP16 ? Après la rupture des négociations de paix, les dissidents de la guérilla des Farc sont à l’offensive dans le sud-ouest de la Colombie, au point d’inquiéter sérieusement les organisateurs de la grande conférence onusienne sur la biodiversité prévue à Cali du 21 octobre au 1er novembre.

L’événement est « en danger » alertent les conseillers municipaux de Cali face à l’escalade de la violence dans les environs de la troisième ville de Colombie.

Le département du Valle del Cauca, dont Cali est la capitale, et le Cauca voisin sont l’épicentre d’un conflit avec la dissidence de l’EMC (Etat-major central), principale faction des Farc qui n’ont pas accepté l’accord de paix de 2016 avec cette guérilla marxiste.

« Le sud-ouest de la Colombie connaît une détérioration brutale de la sécurité sans précédent ces dernières années », constate Elizabeth Dickinson, analyste pour l’International Crisis Group (ICG).

« Escalade »

« Attaques à l’explosif, combats et embuscades ont fait des dizaines de morts la semaine dernière (…) Cette détérioration est le résultat d’un mélange détonant de tensions violentes qui se sont toutes entrechoquées en un seul moment », selon Mme Dickinson, faisant état également de « tentatives de recrutement massif d’enfants » par les dissidents.

Récemment, une moto piégée a explosé à Jamundi, à 18 kilomètres de Cali, et à Morales (100 km), un poste de police a été détruit par des tirs et des explosifs. Début avril, la garnison militaire de Pichincha, la plus grande du sud-ouest du pays au centre de Cali, a même été la cible d’un attentat à l’explosif.

Ces scènes de guerre ramènent aux pires moments de la guerre contre les Farc, dans les années 1990 et début 2000.

En réponse, le gouvernement a envoyé quelque 6.000 soldats dans la région avec l’ordre de mener des actions offensives.

L’EMC (constitué en « Fronts ») sur la côte pacifique « est désormais le seul groupe armé à attaquer directement l’Etat. Les embuscades tendues à la police pourraient préfigurer d’autres actions à venir. La logique du moment est l’escalade », s’alarme ICG.

Ces violences sont intervenues après la rupture des négociations de paix, entamées en octobre 2023, ordonnée par le président Gustavo Petro devant la mauvaise foi de ce groupe et ses tentatives pour continuer à étendre son influence, selon le chef de l’Etat.

Elles sont aussi un clair avertissement adressé à quelques commandants de l’EMC (dans le nord-est et le sud) qui ont choisi, eux, de continuer les pourparlers de paix avec le gouvernement, alors que le groupe apparaît désormais clairement divisé.

Pour l’analyste Monica Castillo de la Fondation paix et réconciliation (Pares), ces attaques sont un défi lancé à l’Etat: « C’est comme s’ils disaient non seulement +nous ne négocions pas, mais en plus nous allons continuer à croître+ ».

Bastion de l’EMC, le sud-ouest est l’une de leur principale source de revenus: près de 29.000 hectares de feuilles de coca y sont plantés, selon l’ONU.

Le commandant des forces armées, le général Helder Giraldo, a promis de « ne pas permettre » à « ces groupes terroristes d’accaparer » les Colombiens.

 « Paix avec la nature »

Malgré la menace latente, le gouvernement de gauche assure qu’il est fermement engagé dans la COP16, à laquelle sont attendus près de 12.000 participants et visiteurs du monde entier.

« Pour l’instant, nous maintenons l’objectif de la COP », a déclaré à l’AFP la ministre de l’Environnement Susana Muhamad. « Mais évidemment nous évaluons la situation de très près et nous espérons que nous pourrons surmonter toutes les situations, nous comprenons que le contexte n’est pas facile », a-t-elle concédé.

Pour les conseillers municipaux de Cali, la future COP16 est « en danger » si « les attaques terroristes enregistrées dans la zone » se poursuivent.

La dissidence « annonçait qu’elle était déjà aux portes de Cali, que son expansion était réelle » et « qu’elle cherchait à atteindre ces territoires urbains », explique à l’AFP Monica Castillo.

Le maire de Cali, Alejandro Eder, reconnaît qu’il s’agit de « niveaux » de violence « jamais vus depuis cinq ou dix ans » et prévoit de demander un renfort de 2.000 hommes en uniforme, au moment même où M. Petro vante Cali comme une ville symbole de la « paix avec la nature ».

Pour l’heure, il affirme que la possibilité de retirer la COP16 de Cali « n’a pas été discutée »

© AFP

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