New Delhi (AFP) – Les températures extrêmes qui sévissent en Inde ont des conséquences graves sur la santé publique surtout dans les mégapoles du pays, ont averti jeudi des experts.
Les vagues de chaleur constituent « la plus grande menace pour le bien-être de l’Inde aujourd’hui », explique à l’AFP Aarti Khosla, directrice de l’Institut de recherche Climate Trends.
Les récents pics dans la région de la capitale sont, selon elle, « la preuve que la question qui se pose aujourd’hui est celle de la survie ».
L’Inde subit actuellement des températures bien supérieures à 45°C dans plusieurs grandes villes.
A New Delhi -plus de 30 millions d’habitants selon les estimations- le thermomètre a encore grimpé mercredi. Une température de 52,9°C, un possible record national, a été enregistrée, même si les autorités s’interrogent sur une erreur de capteur.
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Le record national actuel, 51°C, a été enregistré en 2016 à Phalodi, en bordure du désert du Thar, au Rajasthan (Nord-Ouest).
Des médias indiens ont rapporté jeudi qu’un ouvrier, notamment, était mort d’insolation.
Les services météorologiques indiens avertissent régulièrement des conséquences de la chaleur sur la santé, en particulier chez les nourrissons, les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies chroniques.
« Les villes sont plus vulnérables aux effets combinés de l’urbanisation et du changement climatique », souligne Aarti Khosla. « Il faut s’attendre à davantage de jours chauds, des périodes de sécheresse prolongées et moins de jours de pluie, car les conditions météorologiques continuent de changer avec la hausse des émissions par les humains ».
Bains glacés à l’hôpital
A l’hôpital Ram Manohar Lohia de New Delhi, une unité spécialisée traite les patients victimes d’un coup de chaleur en leur administrant un bain glacé.
Une personne, dont la température a atteint 41,5 degrés, est morte mercredi, selon les médecins.
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Parmi les patients admis dans cette unité, figurent des travailleurs manuels, la plupart âgés d’entre 40 et 50 ans, qui travaillent sous un soleil écrasant.
« Le traitement dépend d’une intervention très rapide et d’un refroidissement très rapide », explique le directeur de l’hôpital Ajay Shukla, soulignant que dans les cas graves, le taux de mortalité est d’environ « 60 à 80 % ».
La canicule frappe surtout les plus vulnérables, notamment ceux qui sont marginalisés sur le plan économique.
« Lorsqu’une personne est déshydratée, l’exposition à la chaleur extrême épaissit son sang et provoque la défaillance des organes, entraînant la mort en quelques heures », un tableau communément appelé « coup de chaleur », selon Vidhya Venugopal, directeur de l’Institut Sri Ram d’enseignement supérieur et de recherche à Chennai (Madras).
« Nous avons besoin de toute urgence de mesures pour protéger les populations », a-t-il dit.
Pas de répit la nuit
Le Centre pour la science et l’environnement (CSE) de New Delhi a alerté en mai dans une étude sur le fait que les températures nocturnes dans les villes indiennes ne diminuaient pas autant que durant la décennie 2001-2010, avec un recul maximum dorénavant inférieur de près de deux degrés.
« La chaleur nocturne est aussi dangereuse que les pics de température en milieu de journée », selon cette étude. Elle empêche de récupérer après la chaleur diurne, « imposant au corps un stress prolongé ».
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Un homme rafraichit les embarcations par les fortes chaleurs à Varanasi, en Inde, le 29 mai 2024
© AFP Niharika KULKARNI
« Ce que nous voyons en Inde est exactement ce que les scientifiques ont dit qu’il se passerait si nous ne mettions pas fin au réchauffement de la planète », relève Friederike Otto, climatologue à l’Imperial College de Londres et directrice du réseau international de scientifiques World Weather Attribution qui évalue le lien entre événements météorologiques extrêmes et dérèglement climatique.
« Le calvaire subi cette semaine par l’Inde est aggravé par le changement climatique, causé par la combustion de charbon, de pétrole et de gaz et la déforestation », dit-elle.
L’Inde, pays le plus peuplé du monde, figure en troisième position pour les émissions de gaz à effet de serre mais s’est engagée à remplir l’objectif d’une économie à zéro émission nette d’ici 2070 soit vingt ans plus tard que la plupart des pays occidentaux industrialisés. Le pays dépend pour l’heure essentiellement du charbon pour sa production d’énergie.
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