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Températures élevées, incendies précoces : la Grèce redoute « un été très difficile »

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Les restes d'une maison détruite lors d'une incendies de forêt à Acharnes l'été dernier, au nord d'Athènes, le 1er juin 2024 © AFP Angelos TZORTZINIS

Athènes (AFP) – Après des feux dévastateurs et une canicule inédite dans sa durée en 2023, suivis par l’hiver le plus chaud jamais répertorié, la Grèce redoute désormais de subir « un été très difficile » sur le front des incendies de forêt.

« Personne ne peut prédire exactement les conditions (météorologiques) auxquelles nous serons confrontés. Mais quelles qu’elles soient, nous devrons nous battre avec acharnement », a averti le ministre de la Crise climatique et de la Protection civile, Vassilis Kikilias dans un entretien à l’AFP.

« L’été sera très difficile », a-t-il prévenu, alors que plus de 30% du territoire grec est couvert de forêts, selon la Banque mondiale.

Quelque 175.000 hectares de forêts et de terres agricoles sont partis en fumée en 2023 et plus de 20 personnes sont décédées.

Des feux dévastateurs ont fait rage en juillet dernier lors d’une vague de chaleur de deux semaines, la plus longue jamais enregistrée dans le pays.

La Grèce avait à cette occasion mis sur pied la plus grande opération d’évacuation de son histoire, avec 20.000 personnes, essentiellement des touristes, contraints de quitter leurs habitations ou lieux de villégiature sur l’île de Rhodes (sud-est).

Et le mercure avait grimpé à 46 degrés à Gythion, dans la péninsule du Péloponnèse (sud-ouest).

« Hiver le plus chaud »

Ce pays méditerranéen, coutumier des vagues de chaleur estivales, a ensuite traversé « l’hiver le plus chaud jamais enregistré », selon Costas Lagouvardos, directeur de recherche à l’Observatoire national d’Athènes.

Et alors que l’été n’a pas encore débuté, des records de chaleur pour la première semaine de juin ont été enregistrés mardi, selon le site meteo.gr avec des températures qui ont atteint localement 39,3°C.

« Nous constatons que les années où les températures sont élevées, ce qui veut également dire sécheresse, nous avons de vastes incendies », explique Costas Lagouvardos.

En août dernier, un immense incendie dans le parc national de Dadia, proche de la frontière avec la Turquie, avait été classé comme le plus destructeur jamais enregistré dans l’UE.

Cette année, fin mars, un incendie s’est déclaré à plus de 1.000 m d’altitude, dans les montagnes de Pieria (centre).

Avertissement

C’est « un signal d’avertissement majeur », estime Costas Lagouvardos.

Les habitants eux-mêmes n’arrivaient pas à croire que le feu ait pu prendre sur des pentes autrefois enneigées, selon Nikolaos Roumeliotis, chef adjoint des pompiers.

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la hausse des températures provoquée par les émissions de combustibles fossiles d’origine humaine allonge la saison des incendies et accroît les surfaces brûlées.

« Depuis que j’étudie les incendies de forêt, je ne me souviens pas en avoir vu un si tôt dans l’année et à une telle altitude », souligne également Theodore Giannaros météorologue spécialiste des incendies de l’Observatoire d’Athènes.

« C’est extrêmement inquiétant car cela montre que nous nous dirigeons vers un climat plus chaud et plus sec », et « des écosystèmes clés qui étaient moins vulnérables aux incendies pourraient progressivement le devenir davantage », juge-t-il.

Entre janvier et mai, les incendies de forêt ont augmenté de 28% sur un an, selon les pompiers.

A la fin avril, un millier de feux avaient été enregistrés, a récemment déploré le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis.

Face à cette menace, la Grèce a pris des mesures et présenté un projet de modernisation de ses infrastructures de protection civile de 2,1 milliards d’euros, le plus ambitieux à ce jour.

Le pays a prévu, grâce à des fonds venus en grande partie de l’UE, de s’équiper à partir de 2025 de nouveaux bombardiers d’eau, hélicoptères, camions de pompiers, caméras thermiques et de plus d’une centaine de drones de surveillance.

Pour Vassilis Kikilias, l’approche de cette année consiste à envoyer des bombardiers d’eau dès qu’un feu se déclenche afin de gagner du temps.

Les autorités ont également organisé un exercice national de secours réunissant notamment pompiers, police, services d’ambulance.

Mais le problème récurrent en Grèce reste le manque de coordination entre les services chargés de la lutte anti-incendies, soulignent des experts.

Pour Théodore Giannaros, qui intervient dans le comité national chargé d’établir la carte quotidienne des risques d’incendie, la planification de la lutte devrait commencer dès novembre, ce qui n’est pas le cas.

© AFP

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