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Au Danemark, des jardiniers sous-marins plantent du varech pour restaurer l’écosystème d’un fjord

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Des bénévoles préparent des pousses de zostères qui seront plantées dans le fjord de Vejle, au Danemark, le 9 juin 2024 © AFP James BROOKS

Vejle (Danemark) (AFP) – Sous une tente le long d’un fjord dans l’ouest du Danemark, bénévoles et scientifiques s’affairent à préparer des plants d’herbes marines avant de les transférer dans l’eau pour restaurer l’écosystème de ce bras de mer fortement touché par la désoxygénation.

Dans le pays scandinave, qui jouit d’une bonne réputation en matière environnementale, 7.500 km2, soit 17% de la superficie totale, sont touchés par le problème, selon l’Agence de l’environnement danoise qui n’a classé que cinq des 109 zones côtières en « bon état écologique ».

Privées d’oxygène, faune et flore marines disparaissent. A Vejle, une caméra de surveillance sous-marine installée par la municipalité n’a détecté qu’un seul poisson en 70 heures.

Au Danemark où plus de 60% de la superficie du pays sont consacrés à l’agriculture, l’une des plus fortes proportions au monde, les sonnettes d’alarme ne cessent de retentir.

En 2022, un rapport de l’Université du Danemark du Sud soulignait le « mauvais état environnemental » de ce fjord long de 22 km, dû à la forte présence d’azote issu d’engrais « dont la majeure partie provient du ruissellement diffus des zones cultivées ».

Et quand le mercure monte, les problèmes s’accumulent.

« Nous avons eu un été très chaud en 2023, ce qui a entraîné un énorme appauvrissement en oxygène », confirme à l’AFP Mads Fjeldsoe Christensen, biologiste employé par la mairie. « C’était assez grave, nous avons vu beaucoup de poissons morts ».

Pour pallier ce drame écologique, les scientifiques et la municipalité ont décidé en 2018 de réintroduire des herbes marines, ce qui permet de restaurer l’environnement sous-marin.

Dans les zones encore prospères, les scientifiques prélèvent des herbes, puis, à terre, des bénévoles enroulent les pousses ondulées autour d’un clou dégradable, afin que les plongeurs puissent ensuite facilement les fixer au fond de la mer.

C’est un premier pas pour améliorer l’état du fjord dont l’écosystème s’est effondré ces dernières années.

« La zostère (ou varech marin, NDLR) est l’endroit où tous les poissons grandissent, c’est comme un jardin d’enfants pour eux. Si vous n’avez pas de zostères, il n’y a tout simplement pas d’espace pour que la population de poissons grandisse », explique M. Fjeldsoe Christensen.

Retour de la vie aquatique

Depuis le début du projet, plus de 100.000 herbes ont été plantées à travers six hectares de fonds marins.

Par endroits, les plongeurs redécouvrent désormais une vie aquatique, avec crabes et poissons.

« On voit les effets de la restauration de la nature », affirme le biologiste Timi Banke, de l’université du Danemark du sud (SDU), qui participe au projet.

Au mois d’avril, Greenpeace avait toutefois organisé les funérailles en plein air du fjord pour attirer l’attention sur la mauvaise santé des eaux côtières du pays.

« Il est en mauvais état, c’est pourquoi nous faisons quelque chose, mais il n’est pas mort », assure le scientifique, qui se félicite de la mobilisation des ONG et des locaux.

A Vejle, une cinquantaine de bénévoles étaient venus prêter main forte aux équipes scientifiques malgré un temps très maussade.

Lors de la journée mondiale de l’océan, le 8 juin, le think-tank « Taenketanken Hav » a organisé des opérations de plantation d’herbes marines sur 32 sites à travers le pays.

« En plantant des zostères, nous mettons l’accent sur la restauration de la nature, mais cela ne veut pas dire que nous devons oublier qu’il faut aussi réduire les émissions de nutriments dans les eaux danoises » à la qualité dégradée, explique la directrice-générale de l’ONG Liselotte Hohwy Stokholm, sur son site.

© AFP

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