Une étude menée par des chercheurs internationaux évalue les émissions de gaz à effet de serre engendrées par les quatre mois de conflit à Gaza ayant suivi l’attaque du 7 octobre 2023. « Alors que l’attention du monde est à juste titre concentrée sur la catastrophe humanitaire, les conséquences climatiques de ce conflit sont également catastrophiques », a déclaré au Guardian Ben Neimark, co-auteur de l’étude et maître de conférences à l’Université Queen Mary de Londres. Les chercheurs estiment que les quatre premiers mois de l’actuelle guerre à Gaza ont entraîné l’émission de 47,7 à 61,4 millions de tonnes de CO2e au total. Le bilan climatique de cette guerre s’ajoute à son tragique bilan humain qui s’élève à plus de 36 284 Palestiniens et 1 200 Israéliens décédés, d’après les dernières données des Nations Unies datant du 31 mai 2024.
Dans leur calcul de l’impact climatique des premiers mois de cette guerre, les chercheurs ont notamment pris en compte l’énergie utilisée pour conduire la guerre, les destructions et l’éventuelle reconstruction des infrastructures dans la bande de Gaza. D’après leur évaluation, cette reconstruction engendrera autant d’émissions qu’émettent annuellement des pays tels que le Portugal ou la Suède.
Les transports de guerre très polluants
Les autres postes d’émissions concernent essentiellement les transports de guerre. Dans leurs estimations, les chercheurs ont également tenu compte des émissions liées à la production d’électricité à Gaza. En effet, avant le 7 octobre 2023, environ la moitié de l’électricité consommée dans la ville provenait d’Israël, tandis que le reste était issu d’une unique centrale électrique et de nombreux panneaux photovoltaïques. Jusqu’à 25 % de l’électricité de Gaza était produite grâce à des panneaux solaires, une des proportions les plus élevées au monde. Or, la plupart des panneaux solaires photovoltaïques et la centrale électrique ayant été détruits ou endommagés, les gazaouis dépendent désormais en grande partie de générateurs à moteurs diesel.
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« Les chiffres montrent à quel point les émissions dues aux conflits peuvent être importantes »
« Les chiffres montrent à quel point les émissions dues aux conflits peuvent être importantes », a déclaré Linsey Cottrell, co-auteur de l’étude et responsable des politiques environnementales à l’Observatoire des conflits et de l’environnement. Une étude publiée en 2022 par des chercheurs de l’Observatoire des conflits et de l’environnement révèle que l’empreinte carbone militaire mondiale représenterait environ 5,5 % des émissions mondiales.
Les auteurs de l’étude ayant évalué l’impact climatique des quatre premiers mois de la Guerre dans la bande de Gaza déplorent que « les opérations militaires restent une dimension sous-analysée de la crise climatique qui aggravera les souffrances des communautés vulnérables ». Selon eux, le manque d’études sur ce sujet s’explique notamment par la « difficulté d’accès aux informations » et le « manque de méthodologies rigoureuses ».
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