Chaque semaine, 250 000 moustiques mâles sont relâchés dans la nature à Hawaï pour sauver des oiseaux menacés d’extinction par le paludisme aviaire. Le quotidien britannique The Guardian relate qu’un hélicoptère largue des moustiques pour contrer d’autres moustiques vecteurs de cette maladie mortelle pour les Drépanidinés Hawaïens, des passereaux locaux. Cette situation trouve ses origines au XIXe siècle, lorsque des moustiques porteurs du paludisme ont été introduits sur l’archipel. Les oiseaux présents à Hawaï n’étant pas immunisés face à la maladie, la moindre piqûre peut s’avérer fatale pour eux.
Sur une trentaine d’espèces de Drépanidinés Hawaïens, il n’en reste plus que dix-sept, toujours très menacées par le paludisme. Les oiseaux restants vivent à de hautes altitudes, mais le réchauffement climatique permet maintenant aux moustiques de se déplacer vers de plus hautes altitudes, réduisant ainsi l’espace refuge des oiseaux.
Objectif de réduction de la population globale de moustiques
Pour lutter contre l’extinction des passereaux, une coalition qui regroupe notamment le Service des Parcs Nationaux, l’Etat d’Hawaï et des ONG, a décidé de déployer une ultime stratégie : réduire la population de moustiques en limitant leur reproduction. Pour ce faire, elle relâche des millions de moustiques mâles ayant une bactérie naturelle qui agit comme un moyen de contraception. La coordinatrice du projet de recherche sur l’île de Maui à Hawaï, Christa Seidl, explique sur la National Public Radio que « cette technique a été utilisée dans le monde entier pour réduire les populations de moustiques et a notamment fait ses preuves en Chine et en Californie. »
En effet, la « technique des insectes incompatibles » (TII) déployée consiste à libérer des moustiques mâles porteurs d’une bactérie empêchant l’éclosion des œufs des femelles sauvages qu’ils féconderont. Le chercheur Nigel Beebe, expert du contrôle des populations de moustiques, a indiqué au Guardian que « l’éradication peut être difficile sauf si l’on peut empêcher la migration des moustiques dans le territoire », précisant que « les îles sont idéales pour cette raison ». Les moustiques femelles ne s’accouplant qu’une seule fois au cours de leur existence, les scientifiques espèrent qu’à terme la population globale de moustiques d’Hawaï se réduira suffisamment pour éradiquer la transmission du paludisme aviaire et ainsi protéger les oiseaux.
L’extinction des dernières espèces de Drépanidinés Hawaïens constitue une menace importante pour l’écosystème de l’archipel puisque ces oiseaux contribuent au maintien de la santé des forêts hawaïennes, notamment en pollinisant les plantes indigènes.
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