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Chili: le développement urbain effréné de Valparaiso sous la menace climatique

Valparaiso

Vue aérienne du développement urbain effréné à Reñaca et de l'immeuble Euromarina II, avec un trou sous ses fondations, à Viña del Mar, Chili, le 12 juin 2024 © AFP RODRIGO ARANGUA

Viña del Mar (Chili) (AFP) – Des dizaines de barres d’immeubles avec vue imprenable sur la mer construites sur une dune de sable. Le développement urbain effréné de Valparaiso, l’une des régions les plus touristiques du Chili, est aujourd’hui sous la menace climatique, avec le risque d’effondrement de plusieurs édifices.

Un trou béant de 15 mètres de long et 30 mètres de profondeur s’est ouvert dimanche sous les fondations de l’immeuble Euromarina II à Reñaca, la station balnéaire la plus huppée de Viña del Mar, à 120 km de Santiago.

Les 200 appartements sur 13 étages, construits en 2017 en seconde ligne et dont certains coûtent jusqu’à 500.000 dollars, ont été évacués face au risque d’effondrement.

Sergio Silva, 77 ans, est revenu pour charger quelques biens dans une voiture, alors que de nouvelles pluies sont annoncées. « Nous évacuons certaines choses importantes, pas tout (…) Tout le monde a évacué, par sécurité » et parce que l’approvisionnement en eau potable était coupé, a déclaré M. Silva à l’AFP.

Certains habitants de l’immeuble situé en-dessous d’Euromarina II, au niveau de la mer, ont également évacué, de peur que l’Euromarina II ne s’écroule.

« Plusieurs sont partis par précaution. Ceux d’entre nous qui restent se sont préparés à devoir évacuer d’urgence », a déclaré Claudio Camus, un résident de 43 ans.

En août et septembre 2023, deux glissements de terrain ont sapé les fondations de trois autres immeubles : le Kandinsky, le Miramar-Reñaca et le Santorini. La route côtière a même un temps été coupée.

Euromarina II est situé sur un champ de dunes de 28 hectares qui, jusqu’en 1994, faisait partie d’un sanctuaire naturel protégé. Mais une modification de la règle d’urbanisme a autorisé la construction de 44 immeubles de luxe.

« Les risques pris en construisant ici sont gigantesques », a déclaré à l’AFP Macarena Ripamonti, la maire de Viña del Mar.

Le terrain était public mais « il a été vendu de manière éhontée et il a été possible de l’urbaniser parce qu’il y eu l’autorisation de réduire le secteur protégé du champ de dunes », explique-t-elle.

Plus jamais ici

L’explosion de l’urbanisation au cours des 20 dernières années sur ces dunes n’a pas pris en compte les phénomènes climatiques extrêmes qui s’intensifient, conséquence du phénomène El Niño ou des effets du changement climatique.

« C’est un secteur fragile qui aurait dû être préservé », estime Ivan Poduje, urbaniste et candidat à la mairie de Viña del Mar. « Ce qui a été fait ici, c’est essentiellement d’enfreindre une vilaine règle (…) qui a permis de construire trop de bâtiments. Indéniablement il y a eu il ya eu de très mauvais choix urbanistiques », ajoute-t-il.

Le manque de collecteurs d’eau de pluie est pointé pour expliquer les ravines créées sur les pentes sableuses.

« Le réseau de collecteurs est vite débordé (…) Avec 42, 43 bâtiments, dans une zone avec une telle pente et une telle fragilité », explique M. Poduje.

Pour Luis Lopez, ingénieur en construction et professeur à l’université catholique de Valparaiso, une solution existe cependant : « Changer la disposition des collecteurs et amener le drainage de cette partie de la ville vers d’autres secteurs qui ne présenteraient pas de risques pour les bâtiments et n’affecterait pas la dune ».

Si des travaux structurels peuvent éviter une potentielle catastrophe, la maire de Viña del Mar est aujourd’hui catégorique : « Jamais je ne permettrai qu’un autre bâtiment ne soit construit ici ».

© AFP

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