Au travers des pages de la bande dessinée Les économistes sauveront la planète (édition De Boeck Supérieur) émerge une problématique : l’argent et la lutte contre le dérèglement climatique sont-ils corrélés ? Notre modèle économique actuel est-il immuable ? Pour obtenir une réponse, Elise, la protagoniste de cette BD de vulgarisation, se lance dans une quête périlleuse, portée par sa détermination et sa foi en une société plus juste, tant sur le plan écologique que social. Cette dernière bénéficie de l’aide de son ami Martin, économiste en devenir qui se forge un esprit critique par l’étude des plus grands penseurs de la discipline (Karl Marx, Thomas Malthus…). Tous les deux portent haut l’étendard d’une jeunesse avide de changements et de progrès. Mais la réalité pourrait bien mettre un terme à leur entreprise, car l’Histoire semble inéluctablement suivre le tragique cours de sa destinée.

« Cette BD s’adresse aux ados et aux jeunes adultes », insistent Julie Bouvot et William Honvo, auteurs et tous deux animés par les mêmes valeurs de partage et de transmission. Ensemble, ils ont à cœur de rompre avec l’approche traditionnelle de l’économie, faisant de cette science abstraite et peu accessible bien qu’omniprésente dans notre quotidien, une science adressée à tous. Les économistes sauveront la planète (avec un peu d’aide) se présente donc comme une bande dessinée aux graphismes épurés à portée didactique et initiatique. Un véritable manuel pédagogique et instructif où images et mots se complètent avec brio !

Les auteurs rappellent à plusieurs reprises que l’environnement est un bien commun global, autrement dit un bien dont tout individu peut bénéficier et disposer. Cependant, l’environnement reste difficilement définissable et continue d’être en proie à une vive concurrentialité. Vient alors la question de la scalabilité : comment mesurer ce qui n’est pas destiné à l’être ? Comment taxer ou réglementer des ressources qui ne peuvent être quantifiées ?

William Honvo affirme que « les outils traditionnellement utilisés par les économistes [tels que] l’ajustement de l’offre et de la demande » sont inapplicables à l’échelle environnementale. Pourtant, économie et écologie ont hérité du même préfixe : -eco (venu du grec qui signifie l’habitat ou la maison). Alors faisons-les cohabiter et renouons les liens avec les racines de l’économie moderne. C’est pourquoi, au travers de la BD, les auteurs mettent en avant d’autres visions et approches de l’économie.

Prôner une économie de bien-être, plus respectueuse de la nature, nécessiterait de trouver un consensus entre les institutions et de redéfinir notre économie de marché. Le pouvoir d’agir appartient dès lors aux citoyens et aux économistes, ceux qui comme Elise, Martin (les héros de la bd) ou Nicholas Stern (un vrai économiste qui a été un des premiers à lier économie et écologie) souhaitent arrêter de faire rimer économie et écocide.

[À lire aussi Nicholas Stern : « il faut cesser d’avoir une vision parcellaire et étriquée de l’économie qui ignore les dégâts que nous causons »]

Pour conclure, Les économistes sauveront la planète peut sembler une BD intimidante en raison de son sujet mais, en réalité, elle nous guide habilement au travers des travaux des plus grands économistes contemporains. Et puis… au-delà de l’aspect historique, la BD se révèle avant tout une bande dessinée qui traite de l’actualité et aborde des enjeux politiques contemporains et futurs. D’ailleurs, Julie Bouvot tient à préciser que certaines mesures que l’on retrouve au fil des pages (comme « la taxe carbone aux frontières ») continuent aujourd’hui encore d’être débattues à l’échelle européenne.

Augustin et Benjamin, nos stagiaires de seconde de juin 2024

Pour aller plus loin

Les économistes sauveront la planète (avec un peu d’aide) par William Honvo, Julie Bouvot avec la collaboration de : Adrien Chaussinand, éditions De Boeck Supérieur

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