L’interdiction d’utilisation des fiouls lourds pour les bateaux naviguant en Arctique vient d’entrer en vigueur. Elle survient 14 ans après leur prohibition en Antarctique. Les fiouls lourds sont utilisés dans le transport maritime, notamment pour les tankers et les cargos, alors qu’il s’agit d’un des carburants les plus polluants, tant pour leur impact climatique que pour leurs effets sur la qualité de l’air. En effet, leur combustion produit, en plus des gaz à effet de serre, du carbone noir et de la suie. Elle accélère ainsi la fonte des glaces car le carbone noir attire et retient localement la chaleur. Enfin, les fiouls lourds, de par leur nature visqueuse, figurent aussi parmi les polluants les plus compliqués à traiter en cas de marée noire. Dans un milieu aussi vulnérable que l’Arctique, mettre fin aux fiouls lourds est une avancée, d’autant plus que de nouvelles routes de navigation devraient s’ouvrir en raison du réchauffement climatique. Par conséquent, le nombre de navires marchands en circulation dans la région, ainsi que les projets d’exploitation de gisements pétroliers ou gaziers, devrait croître dans les années à venir.
Le docteur Sian Prior, de l’ONG écologiste Clean Arctic Alliance (Alliance pour un Arctique propre) précise, dans un article de la BBC, que : « les scientifiques disent que les premiers jours sans glace dans l’Arctique sont pour le début de la décennie 2030. Nous avons vraiment besoin d’agir dans les prochaines années pour restreindre l’usage de ces carburants lourds et diminuer les émissions de carbone noir. Nous pressons les pays et les compagnies maritimes d’aller dans la bonne direction ». La Norvège est citée en exemple par les activistes écologistes. Le pays a déjà implanté la réglementation dans l’archipel des Svalbard (situé en Arctique). Il a récemment infligé une amende de 90 000 dollars à un navire irlandais qui utilisait des fiouls lourds.
Une avancée pour l’Arctique, mais…
La BBC se fait l’écho de la bonne nouvelle que représente la prohibition des fiouls lourds dans cette région polaire. Le média britannique souligne néanmoins l’existence de failles dans la réglementation mise en place par l’Organisation Maritime Internationale (OMI). Selon le International Council on Clean Transportation (le conseil international sur le transport propre), ces failles permettraient à 74 % des navires utilisant des fiouls lourds de continuer à circuler dans l’Arctique.
Parmi les limites de la réglementation actuelle figurent la possibilité pour les États de continuer à autoriser l’utilisation des fiouls lourds dans leurs eaux territoriales, les exemptions pour les navires dont le réservoir de fioul est protégé par une double coque et le fait que la Russie, dont près de 800 navires opèrent dans la région, ne compte pas implémenter la nouvelle réglementation de l’OMI. Les exemptions à la nouvelle réglementation doivent prendre fin en 2029.
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