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« Pas la fin du monde »: le livre qui explique que tout ne va pas si mal sur Terre

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Un drone évalue la restauration de la forêt dans la région de Chiang Mai en Thaïlande, en novembre 2023 © AFP MANAN VATSYAYANA

Paris (AFP) – Ce sont des chiffres surprenants qui ne devraient pas nous surprendre.

L’air que nous respirons, en France comme en Chine, est moins pollué que celui qui noircissait les poumons de nos parents.

La déforestation mondiale recule.

Jamais le nombre d’enfants morts en bas âge n’a été aussi bas. L’extrême pauvreté s’effondre sur la planète.

Notre empreinte carbone individuelle, dans les pays riches, se réduit, depuis des années voire des décennies. Le monde a commencé à dire adieu aux voitures à essence, et pourrait le dire bientôt au charbon.

Ces faits, et bien d’autres, figurent dans « Not the end of the world », le premier livre d’Hannah Ritchie, « data scientist » écossaise, chercheuse à Oxford et cheville ouvrière du site Our World In Data (le livre n’a pas encore été traduit). Il évoque parfois l’œuvre du Canadien Steven Pinker, qui a écrit sur la réduction historique de la violence chez les humains.

« On ne se rend pas compte à quel point notre passé était difficile », explique à l’AFP Hannah Ritchie, 30 ans, depuis Edimbourg. « La moitié des enfants mouraient, les maladies étaient courantes, la plupart des gens étaient pauvres, le monde avait faim. »

Mais les effets du changement climatique s’aggravent, lui rétorque-t-on. « Il ne faut ni le nier ni le minimiser, mais il faut aussi s’intéresser aux solutions », répond-elle.

Nos intuitions sur l’état du monde sont souvent mauvaises. On se trompe aussi souvent sur la meilleure manière de réduire son impact environnemental individuel.

Hannah Ritchie expose cruellement comment les Occidentaux s’achètent une bonne conscience climatique avec des comportements sans grand effet, comme recycler un emballage ou ne pas laisser des appareils en veille, et effectuent des actions proportionnellement plus nocives pour la planète, comme manger de la viande, rouler en voiture ou prendre l’avion.

Devenue Madame bilan carbone dans ses différents cercles, elle déplore l’attrait dans son pays des comportements « naturels », comme faire un bon feu de bois, ce qui pollue terriblement.

« La vache qui mange de l’herbe dans son champ, cela a l’air durable. Mais les chiffres montrent que la viande de substitution est très largement meilleure que les vaches, sur presque tous les critères environnementaux », insiste-t-elle, sans s’aventurer sur la dimension gastronomique.

Huile de palme et plastique

La découverte des statistiques égrenées par Hannah Ritchie peut faire le même effet qu’au myope essayant ses premières lunettes.

La chercheuse secoue les convictions du camp écologiste. « C’est vrai, je suis pro-viande synthétique, pro-nucléaire, pro-OGM » (organismes génétiquement modifiés), dit-elle. « Je ne prends aucun plaisir à être provocatrice. C’est la vérité qui m’importe. »

Et ses conclusions peuvent étonner. « Si tous les Européens arrêtaient d’utiliser du plastique demain, les océans ne verraient presque aucune différence », écrit-elle, expliquant que le système de gestion des déchets est relativement efficace en Europe.

Ou saviez-vous que l’huile de palme, ennemie déclarée de nombreuses ONG et marques en raison de la déforestation liée, est « une plante incroyablement productive » ? Les palmiers produisent 10 fois plus d’huile par hectare que des alternatives comme l’huile de coco. « Si on boycottait l’huile de palme et qu’on la remplaçait par ces alternatives, nous aurions besoin de beaucoup plus de surfaces agricoles », écrit l’autrice.

Quant aux engrais, elle estime que « le monde ne peut pas passer au bio. Nous sommes trop nombreux à dépendre des engrais pour survivre ». Sans s’attarder sur l’impact sur les sols.

Manger pollue

Hannah Ritchie blâme ce qu’elle appelle les « statistiques zombies » propagées par certains médias. Comme ce chiffre de « 60 récoltes restantes » en raison de la dégradation des terres, répété sans source fiable depuis 10 ans.

Ce n’est pas un hasard si tant d’exemples décortiqués dans le livre concernent ce que l’on mange. L’énergie, qui contribue aux trois quarts du réchauffement climatique, est en voie de transition: les voitures électriques, les pompes à chaleur, le solaire arrivent. Mais le système alimentaire, lui, qui contribue à hauteur d’un quart environ, est loin d’avoir engagé sa révolution.

« La nourriture, c’est identitaire, c’est très personnel », explique Hannah Ritchie. « Les gens ne vont pas se mettre à manger des lentilles et du tofu » du jour au lendemain, résume-t-elle. Sauf peut-être après avoir lu son livre.

© AFP

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