Bassines : 3.000 forces de l’ordre mobilisées, les autorités craignent de « grandes violences »

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Un manifestant devant une banderole "Bassines" à Melle le 23 mars 2024 © AFP/Archives Thibaud MORITZ

Niort (AFP) – Plus de 3.000 policiers et gendarmes sont mobilisés pour un nouveau rassemblement contre les « bassines » (réserves d’irrigation) cette semaine dans le Poitou, où les autorités affirment redouter la « grande violence » de manifestants « radicalisés », tandis qu’un syndicat agricole appelle à contre-manifester.

« Nous attendons entre 6.000 et 8.000 personnes, dont un millier qu’on pourrait qualifier de dangereuses, violentes ou radicalisées », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à la veille de l’ouverture du « Village de l’eau » à Melle (Deux-Sèvres).

À quelques jours des Jeux olympiques, des milliers de personnes y sont attendues jusqu’à dimanche par les organisateurs – le collectif Bassines Non Merci, le mouvement des Soulèvements de la Terre, Attac, l’union syndicale Solidaires et la Confédération paysanne, parmi 120 structures.

Le lieu du rassemblement est situé près de Sainte-Soline, où le chantier d’une retenue d’eau contestée avait donné lieu à de violents affrontements en mars 2023 entre militants radicaux et forces de l’ordre, lors d’une manifestation alors interdite.

Outre les ateliers, débats et événements festifs prévus au Village de l’eau, deux manifestations sont annoncées: vendredi sur le site d’une future « bassine » à Saint-Sauvant (Vienne) et samedi au terminal agro-industriel du port de La Rochelle.

Des « actions de désobéissance civile » sont destinées à « arracher un moratoire » sur la construction des réserves, affirment les organisateurs.

Face à des « risques élevés », le dispositif de sécurité se compose de 21 unités de force mobile, déployées « dès mardi », et d’un millier de gendarmes de la zone Sud-Ouest, avec cinq hélicoptères et une dizaine de drones, a précisé M. Darmanin.

« Venir en masse »

« Les intimidations policières et les éventuelles interdictions ne doivent pas nous empêcher de venir en masse pour exprimer notre opposition aux méga-bassines », avaient affirmé les organisateurs la semaine dernière.

Pour l’heure, seul le Village de l’eau a fait l’objet d’une déclaration et seule la municipalité de Melle, qui l’accueille, aurait compétence pour l’interdire. Les manifestations, elles, n’ont pas été déclarées.

Une quinzaine de convois venant de différentes régions mais aussi de Belgique, d’Allemagne et d’Italie doivent converger sur les lieux. Selon le ministre de l’Intérieur, « plus d’une centaine de militants d’ultragauche » se sont vus interdire d’entrer en France et « une vingtaine d’individus fichés S d’ultra gauche ou d’écologie radicale » ont été recensés « notamment à proximité de Melle ».

Plus de 3.000 gendarmes avaient déjà été mobilisés en 2023 à Sainte-Soline, où ils avaient tiré plus de 5.000 grenades lacrymogènes en moins d’une heure et demie pour disperser les manifestants.

La Ligue des droits de l’Homme, qui déploiera à nouveau des observateurs cette semaine, avait alors dénoncé « un usage immodéré et indiscriminé de la force » et des « entraves au secours » des blessés, démenties par les autorités.

« Guerre civile »

Alors que la tension monte dans le monde agricole, la Confédération paysanne a appelé à « sortir de l’impasse et de la confrontation destructrice » pour renouer le dialogue sur la question du partage de l’eau, au cœur du débat sur les « bassines ».

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Les réserves dites de substitution, qui visent à stocker de l’eau puisée dans les nappes en hiver afin d’irriguer les cultures en été, sont pour leurs partisans une condition de survie face au changement climatique. À l’inverse, leurs détracteurs décrivent un « accaparement » de l’eau par l’agro-industrie.

« Ne laissons pas la guerre civile s’installer dans nos campagnes », a lancé de son côté la Coordination rurale, tout en appelant à l’auto-défense et à une contre-manifestation « pacifique et déterminée » vendredi à Melle, « aux côtés des forces de l’ordre ».

Les agriculteurs du territoire « feront le nécessaire pour se protéger et protéger la profession », a prévenu le syndicat, majoritaire dans la Vienne et soutenu par ses troupes très actives du Lot-et-Garonne.

« En République, c’est l’État, ce sont les gendarmes, les policiers et les préfets, qui ont le monopole de la force », lui a répondu M. Darmanin.

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La FNSEA, majoritaire dans la profession, appelle quant à elle « au calme et à la responsabilité ». « Il est hors de question de faire un rassemblement qui n’est pas autorisé », a déclaré à l’AFP Hervé Lapie, son secrétaire général, excluant de « faire notre milice » et accusant ses concurrents de vouloir « faire un peu de mousse » à six mois des élections professionnelles.

La dernière mobilisation en date des « anti-bassines », le 11 mai dans le Puy-de-Dôme, n’avait pas été interdite et n’avait donné lieu à aucun incident.

© AFP

2 commentaires

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    • Francis

    Ce fascisme d’extrême gauche avec son racisme anti-paysan n’est fondé sur aucun argument sérieux. Faire baisser la nappe superficielle pour pouvoir cultiver, et stocker cette eau pour arroser en été n’a rien à voir avec un prétendu « accaparement » par une « agro-industrie ».

    • christiane murat

    Cette question du  » partage de l’eau » est trop importante pour être traitée à la légère!
    Le » fascisme d’extrême gauche », (qui peut s’appliquer sur bien des points!)
    n’est plus valable à propos de cette question qui mérite d’être étudiée impartialement et scientifiquement!
    Un moratoire s’impose pour calmer les esprits et les excès de part et d’autre! Une commission scientifique indépendante doit être créée, et son rapport étudiée sur le plan national.
    On ne peut que déplorer la faiblesse du gouvernement incapable de maintenir l’ordre, en traitant cette question avec sagacité.